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L’ordre spontané en Tunisie

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Published : November 02nd, 2012
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Category : Editorials

 

 

 

 

Souvenez-vous : le 17 décembre 2010, un jeune vendeur de fruits et légumes tunisien, Mohamed Bouazizi, s’immolait par le feu. Cela a été suffisant, selon certains, pour embraser un pays de plus en plus touché par le chômage et la corruption. Suffisant, surtout, pour détruire le puissant pouvoir de Ben Ali, obligé de fuir la Tunisie, le 14 janvier 2011. Les origines directes de la Révolution tunisienne seraient donc à rechercher du côté de l’immolation de Mohamed Bouazizi.


Mais cette explication n’est pas suffisante pour d’autres. En effet, des soulèvements avaient déjà éclaté dès 2008, à quelques kilomètres de la frontière algérienne, dans la ville de Redeyef. Ils auraient commencé à ébranler, à leur petite échelle, le pouvoir de Ben Ali et avaient également pour causes, notamment, le chômage et la corruption.


Depuis, la situation semble s’être apaisée dans cette ville. L’armée était intervenue pour calmer les manifestants. Aujourd’hui, Redeyef vit en autonomie : plus aucun représentant de l’État, plus de municipalité, plus de policiers. Seulement quelques militaires gérant les affaires courantes.


Est-ce l’anomie pour autant ? Point du tout. Les habitants ont pris eux-mêmes intelligemment les choses en main et la ville est désormais autogérée. L’article de fhimt.com indique que deux grandes familles du crû encadrent le processus décisionnel mais que, pour autant, on ne pourrait parler d’oligarchie, personne n’étant exclu dudit processus.


La notion d’impôts locaux est bannie mais, contrairement à ce qu’on aurait pu craindre, cela n’empêche pas les habitants de la commune d’apporter une participation financière en fonction de leurs moyens. Une authentique solidarité s’est installée au point que les hommes de l’État tunisien, intelligents, ont compris qu’il était préférable de ne pas risquer de saborder cette paix sociale.


L’auteur de l’article, Julien Giry, souligne que ce phénomène de résistance au joug de l’État et des municipalités tend à toucher de plus en plus de villes du pays, surtout depuis la Révolution.


Il donne ainsi l’exemple de Gafsa où le conseil municipal a carrément jeté l’éponge, faute de moyens financiers. Reste que la société civile a trouvé la parade à cette désertion – presque forcée – des dirigeants locaux.


Mais c’est surtout le cas de Sfax qui doit retenir l’attention puisque cette ville est considérée, à juste titre, comme le centre économique du pays. De tradition, Sfax a toujours bénéficié d’une société civile forte et a, à ce titre, été ménagée par le pouvoir tunisien, y compris sous Ben Ali.


La situation a encore évolué depuis la Révolution puisque, désormais, les gouverneurs successifs sont contraints au départ s’ils empiètent sur les nombreuses attributions de la société civile.


Les municipalités manquent de plus en plus de moyens mais cela ne prête pas à conséquences puisque ladite société civile est apte à s’organiser sans l’appui des hommes de l’État, y compris pour des tâches censément régaliennes.


Le printemps arabe n’a pas tenu, pour l’instant, toutes ses promesses dans la plupart des pays où il s’est produit. La Tunisie semble pourtant être un cas légèrement à part car les libertés individuelles et l’autogestion semblent s’y développer plus qu’ailleurs.


Il est vrai que la situation économique du pays s’est dégradée en 2011, du fait, surtout, des conséquences de la Révolution et de la guerre civile chez le voisin libyen. Néanmoins, outre cette salutaire autogestion dans les villes précitées, des efforts ont indéniablement été faits pour garantir les libertés individuelles. Cette situation, encore fragile, pourrait s’améliorer si les instances européennes n’essayaient de dicter aux autorités tunisienne une marche à suivre contestable.


Le document de travail mis en lien l’illustre parfaitement : « La loi sur la protection des consommateurs n’est pas encore harmonisée avec la pratique UE » (p. 11). Plus précisément, les pays de l’Union européenne disposent de Codes de la consommation très étoffés. Ils souhaiteraient que les responsables tunisiens adoptent des règles identiques ou, du moins, ressemblantes aux leurs en la matière. Sauf, qu’outre le fait que la Tunisie n’est pas encore au même niveau de développement que la plupart des pays membres de l’Union européenne, il est pour le moins péremptoire de s’autoproclamer « modèle à suivre » pour ce qui concerne le droit.


Cette ingérence des pays européens est le meilleur moyen de provoquer un nouveau rejet arabe de l’Occident.


 

 

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Ronny Ktorza, diplômé de l'IEP d'Aix-en-Provence et d'HEC, est avocat depuis janvier 2011
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