On
dit que l’Orloff (parfois appelé Orlov) était une pierre
brute de 300 carats quand elle fût découverte au sud de
l’Inde. La date précise reste inconnue et les circonstances sont
rapportées de manière si confuse qu’il est presque
impossible de savoir à quand remonte sa première apparition.
Cependant, ce qui est certain concernant l’Orloff c’est
qu’il a été impliqué dans de nombreux
évènements historiques mais également quelques
légendes.
Selon
une des légendes l’Orloff ornait l’œil de la statue
du dieu hindou Sri-Ranga dans un temple du Srirangem au sud de l’Inde.
Selon
le compte-rendu de Duten, un grenadier français ayant
déserté l’armée indienne trouva des vestiges non loin du temple et il apprit
l’existence d’un édifice sacré contenant une statue
aux yeux de diamants d’une valeur inestimable. Le temple situé
sur une île au milieu de la rivière Cauvery était
entouré par 7 clôtures, aucun chrétien
n’était admis au-delà de la 4ème.
Après avoir gagné la confiance des hindous en se faisant passer
pour un chrétien reconverti à l’hindouisme, l’homme
passa quelques années auprès des religieux convaincus de la
piété de sa foi. Mais une nuit de tempête vers 1750 le
grenadier en profita pour subtiliser la pierre sur l’idole et
s’enfuit à Madras où il la vendît pour 2000£ à
un capitaine de navire.
Puis
on dit que le capitaine à son tour vendît le précieux
diamant pour 12000£ à un marchant perse du nom de Khojeh Raphael
qui l’emmena à Amsterdam. Le diamant qui n’avait alors pas
encore de nom, passa de marchants en acheteurs dans une éternelle
quête de profits.
C’est
alors qu’en 1775 un notable russe, le Comte Gregory Orlov (Grigorievich
Orlov 1723-83) qui résidait alors à Amsterdam entendit
certaines rumeurs au sujet d’un diamant exceptionnel, le
« Amsterdam » et voulu immédiatement
l’acheter. Certaines sources disent qu’il acquît la pierre
pour 400 000 florins hollandais, d’autres disent pour
1 400 000 florins.
Gregory Orlov emmena la pierre en Russie et l’offrît
à l’impératrice Catherine, avec qui il avait eu une
relation quelques années auparavant, dans l’espoir de regagner
son amour mais aussi sa place de favori à la
court de Russie.
Le
comte qui avait perdu la confiance de l’impératrice du fait de
sa mauvaise gestion de la crise russo-ottomane, lui
offrît le diamant le jour de la Sainte Catherine en 1776
remplaçant alors le traditionnel bouquet de fleurs. Elle accepta le
diamant mais refusa de redonner ses fonctions de haut-dirigeant à
Orlov. Cependant c’est à cette époque que le diamant pris
le nom de « Orloff ». Malgré son cadeau
prestigieux le comte ne parvînt non plus à regagner
l’amour de l’impératrice. Il se maria donc avec sa propre
cousine mais après la mort de celle-ci à Lausanne en 1782 Orlov
devînt fou et retourna en Russie où il mourût
l’année suivante dans un asile.
Catherine
ne porta jamais le diamant mais le fît monter sur le sceptre
impérial qui fût achevé en 1784 où il demeure
encore à ce jour au musée du Kremlin à Moscou. Le
sceptre est composé de trois parties montées avec 8 anneaux de
brillants taillés certains pesant environ 30 carats chacun, quinze
autres pesant 14 carats chacun. L’Orloff est monté sur la partie
supérieure du sceptre avec son dôme à facettes
orienté vers l’avant. Juste au-dessus se trouve l’aigle
à deux têtes avec les bras de la Russie en émail
incrustés sur sa poitrine.
Il
existe une légende concernant ce diamant datant de
l’époque Napoléonienne. On raconte qu’au moment
où les forces de l’empereur de France s’approchaient de
Moscou pendant la campagne de 1812, l’Orloff fût
secrètement caché dans la tombe d’un prêtre au
Kremlin. Quand Napoléon entra dans Moscou il donna l’ordre de
rechercher la pierre précieuse. Après qu’il eût
appris l’emplacement précis du diamant, Napoléon en
personne, accompagné de ses gardes du corps, se rendit au Kremlin pour
s’en emparer.
La
tombe du prêtre fût ouverte et alors que
l’un des gardes du corps tendit la main pour prendre le diamant, le
fantôme du prêtre surgît et maudît les envahisseurs.
On suppose alors que Napoléon et ses gardes du corps s’enfuirent
les mains vides du Kremlin.
L’Orloff est une rareté parmi les diamants historiques,
sa coupe est une rose antique (plat sur le bas avec un dôme
facetté), pesant approximativement 194 carats (selon d’autres
sources 189.62 carats), environ de la taille d’un demi-œuf.
Sa
clarté est typique des plus beaux diamants indiens, sa couleur
très pure possède une très légère teinte
vert-bleutée. Sa forme a souvent été décrite
comme ressemblant à la moitié d’un œuf de pigeon et
sa face supérieure est marquée par les lignes
concentrées de facettes triangulaires correspondant avec des facettes
à quatre côtés sur la partie inférieure. Le nombre
total de facettes est de 180. Le diamant mesure approximativement 32x35x31
millimètres et possède une légère identation sur
l’un des côtés.
Le
diamant n’a jamais été pesé de manière
précise, une fois au début du 20ème
siècle alors que le bijoutier du Kremlin nettoyait la pierre
précieuse, l’Orloff tomba de sa monture. Avant de le replacer,
le bijoutier pesa le diamant mais ne nota pas son poids précis.
Certaines
sources continuent de croire que l’Orloff ne serait autre que le Grand
Mogul, autre diamant indien de l’antiquité et par
conséquent serait la même pierre précieuse qui avait
disparu lors du pillage de Delhi en 1739. Cependant la plupart des historiens
s’accordent à dire que les deux diamants ont des origines
totalement différentes.
Lorsque
l’on compare les dessins réalisés par Tavernier avec les
photographies du Grand Mogul faites au Kremlin, il est évident que les
deux pierres ont une ressemblance frappante et de nombreuses similitudes.
La
première réside dans la forme de la pierre. Pour rappel
l’Orloff est décrit comme ressemblant à la moitié
d’un œuf de pigeon et Tavernier compare le Grand Mogul comme
présentant la forme d’un œuf coupé en deux. A
travers l’histoire il n’a pu y avoir de nombreux diamants avec
une forme si atypique.
Deuxièment, le modèle de facettes des deux
pierres est très proche. Troisièment,
il a déjà été mentionné que l’Orloff
possède une légère identation qui doit correspondre aux
notes de Tavernier faisant références à « une
légère fente ayant un petit défaut ».
De
plus l’histoire du Grand Mogul ne possède aucune fin connue et
celle de l’Orloff aucun début précis, d’autres
indices historiques qui laisseraient entendre que les deux pierres
précieuses ne feraient bel et bien qu’une seule.
En
contrepartie il y a une nette divergence entre le poids connu des deux
diamants. Après avoir été taillé par le
vénitien Borgio, le Grand Mogul avait un poids réduit à
280 carats, or l’Orloff est estimé avoir un poids de moins de 200
carats. Ceci dit concernant cet argument deux précisions doivent
être apportées. Premièrement, il a été
prouvé que Tavernier n’a pas toujours estimé avec
précision le poids des pierres qu’il a examinées, par
exemple il est certain qu’il s’est trompé sur le poids
qu’il donna au diamant « Great Table Diamond ».
Deuxièment,
il n’est pas impossible qu’au court de son histoire complexe une
tentative de modification du poids et de l’état de l’Orloff ait été faite – afin de l’améliorer
grâce aux efforts d’Hortension borgio, en écrasant une partie du haut du diamant
de Tavernier pour ressembler parfaitement à la forme de l’Orloff aujourd’hui.
Pour
finir, l’autorité soviétique des pierres
précieuses, l’académicien Alexander E. Fersman, qui a examiné les anciens bijoux de la
couronne d’un point de vue gémologique,
a conclu de manière absolue que l’Orloff
était bel et bien le même diamant que le Grand Mogul.
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