La plus longue guerre de l’Histoire
des Etats-Unis vient encore d’être rallongée. Alors que le sommet de l’OTAN à
Varsovie touchait à sa fin, l’organisation s’est mise d’accord sur le
financement de forces de sécurité sur le sol afghan jusqu’en 2020. Et bien
évidemment, avec ces financements viennent des troupes américaines et d’autres
nations de l’OTAN, ainsi que des milliers de contractuels, d’entraîneurs, et
ainsi de suite.
Le Président Obama a annoncé la
semaine dernière que les Etats-Unis devraient conserver 3.000 hommes
supplémentaires en Afghanistan. La raison en est évidente : la mission a
échoué, et Washington n’ose pas l’admettre. Mais Obama n’a pas présenté les
choses ainsi :
« Il va dans l’intérêt de
notre sécurité nationale, et notamment après le sang et le capital investis
au fil des années, d’offrir à nos partenaires sur le terrain les meilleures
chances de parvenir au succès. »
Ainsi va la pensée irrationnelle
de Washington. Qui d’autre que le gouvernement oserait dire qu’il est
impossible de cesser de financer un projet parce que bien trop a déjà été
fait, et ce sans succès ? Dans le monde réel, les gens qui investissent
leur propre argent sur un projet qui n’aboutit pas tendent à minimiser leurs pertes.
Mais le gouvernement n’en fait jamais ainsi.
Quinze années de sang et de
capital gâchés n’ont-elles pas apporté des chances de succès suffisantes ?
Le Secrétaire général de l’OTAN,
Jens Stoltenberg, a annoncé lors du sommet que grâce à un milliard de dollars
supplémentaire levé auprès de ses membres, l’organisation a pu promettre au
gouvernement afghan 5 milliards de dollars par an. Et devinez qui en paie la
plus grande partie. Les Américains. Nous envoyons 3,45 milliards de dollars
par an, selon Transparency International, au pays le plus corrompu de la
planète – alors même que les Américains continuent de souffrir du chômage, de
la stagnation de leurs salaires et de l’inflation. C’est pourquoi je dis
toujours que les aides financières internationales sont de l’argent volé aux Américains
les plus pauvres pour être offert à de riches étrangers.
Pour le Secrétaire général de l’OTAN,
« le message est clair : l’Afghanistan n’est pas seul. Nous sommes
engagés sur le long terme ». N’est-il pas gentil de la part du
politicien norvégien d’engager les Américains à financer la guerre en
Afghanistan sur le long terme ?
Lorsque j’ai suggéré, lors d’un
récent entretien, que la seule politique sensible quant à la question afghane
serait de faire rentrer les troupes, mon hôte m’a demandé si je m’inquiétais
de voir arriver les Talibans au pouvoir. Comme je le lui ai expliqué, c’est
déjà ce qui s’est passé. Les Talibans ont aujourd’hui plus de pouvoir que
jamais dans le pays. Ils contrôlent plus de territoire qu’au début de l’invasion
du pays par les Etats-Unis en 2001. Malgré quinze années d’interventionnisme
américain, près de 2.500 soldats tués sur le terrain et plus d’un trillion de
dollars gaspillé, l’Afghanistan n’est pas plus proche de devenir une
démocratie exemplaire qu’il ne l’était avant le 11 septembre. C’est une
guerre qui a échoué. Une guerre qui n’avait aucun objectif. Un programme qui
n’a abouti à rien.
Les néoconservateurs sont d’avis
que l’Irak, la Lybie et les autres pays dans lesquels sont intervenus les
Etats-Unis se sont effondrés parce que les Américains n’y sont pas restés
suffisamment longtemps. Et comme toujours, ils se trompent. Ces interventions
continuent d’échouer parce qu’elles ne peuvent pas parvenir à leurs fins. Il
est impossible d’envahir un pays, de renverser son gouvernement et de donner
vie à une nouvelle nation. C’est un objectif idiot, et Washington a fait des
idiots d’une majorité des Américains. Il est temps de mettre fin à ce petit
jeu et de nous en retourner à des politiques étrangères plus sages faites de
non-intervention dans les affaires des autres.