La nostalgie
de la période soviétique est très présente chez un grand nombre de Russes. En
effet, le parti communiste, des années après l’effondrement du bloc de l’Est,
a continué à obtenir des résultats électoraux satisfaisants, comme durant
l’élection présidentielle de 2000 où le candidat dudit parti a atteint un
score proche de 30%.
On le sait, la
nostalgie est un sentiment souvent irrationnel et le fait qu’une partie de la
population regrette cette phase de son histoire n’implique pas pour autant
qu’elle ait été bénéfique.
Certes, le
niveau de vie des Russes ne s’est pas immédiatement amélioré après la chute
de l’U.R.S.S. La décennie 1990 a été catastrophique pour la
Russie. L’espérance de vie a même connu un recul significatif entre 1990 et
1996, ce qui ne peut qu’alimenter une telle nostalgie. En outre, on peut
avoir tendance à sous-estimer les méfaits d’un régime qui a été prégnant dans
nos vies pendant des décennies. Et, enfin, pendant le XXème
siècle, l’U.R.S.S. était une superpuissance militaire, ce qu’elle est moins,
aujourd’hui. Poutine a compris cette nostalgie militaire et a voulu faire
rayonner de nouveau son pays à cette aune.
Cette
nostalgie avait, pendant un laps de temps, diminué en Russie. Sous Poutine,
du moins durant les premières années de son mandat présidentiel, le niveau de
vie des Russes avait incontestablement augmenté, entraînant une chute du
parti communiste. Il était donc faux d’indiquer, comme le faisaient certains journalistes
de propagande, qu’au début des années 2000, une confortable majorité de
Russes voulaient revenir à l’ère soviétique. Mensonge d’autant plus éhonté
que les élections montrent que le parti communiste n’a cessé de perdre du
terrain depuis les années 1990.
Néanmoins, les
choses se sont à nouveau inversées depuis lors. Les événements récents dans
cette partie du monde montrent que la nostalgie est toujours présente ou, à
tout le moins de retour, notamment en Crimée ukrainienne. Certains clichés
montrent des habitants brandissant le
drapeau de l’U.R.S.S. La statue de Lénine continue de briller à Simféropol.
Ce n’est malheureusement pas la seule ville où des symboles de l’ère
soviétique subsistent.
Ainsi, en
Russie, les « célébrations » pour le 20ème anniversaire
de la chute de l’U.R.S.S. ont fait resurgir cette nostalgie. Les spécialistes
indiquent qu’elle est surtout due au fait que le pays n’a pas su reconstruire
un modèle après la disparition de l’entité communiste. Si, économiquement, le
pays parvient à sortir la tête de l’eau, en revanche, d’un point de vue
politique, la situation demeure inquiétante.
On voit qu’en
revanche, dans les autres pays sortis de l’ornière de l’U.R.S.S., ce
vingtième anniversaire a été plutôt festif. Certains veulent même faire interdire la
propagation de symboles communistes. Preuve que ce qui crée cette nostalgie
n’est pas que les Russes considéraient l’U.R.S.S. comme un paradis mais,
plutôt le fait que ce qui a suivi n’est pas synonyme d’espoir et qu’ils se
raccrochent donc à un passé fantasmé.
Si, en Russie,
cette nostalgie peut modérément se comprendre – certains habitants ayant une
légitimité à faire des comparaisons entre des situations qu’ils ont vécues – par
contre, le « pro-soviétisme » affiché par certains Occidentaux est des
plus navrants.
Si navrant que
quelques personnes ont choisi de parodier cette nostalgie en créant un site, « CCCP
NOSTALGIE ». L’humour est au rendez-vous. Par exemple, il s’agira de
créer une journée de solidarité au profit des gardiens de goulag ayant perdu
leur emploi suite à la fin de l’ex-U.R.S.S. Le but est ainsi de feindre
l’amour pour cet État tout en donnant aux intéressés les billes nécessaires
pour comprendre l’atrocité du régime.
Face au
négationnisme, l’ironie paraît être le refuge le plus sûr.
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