Il y a un thème auquel
je suis resté fidèle au cours de ces trente dernières années – la manipulation,
à la baisse, du prix de l’argent sur le Comex. Au cours de ces trois
dernières décennies, je me suis principalement concentré sur l’analyse des lois
fondamentales de l’offre et de la demande sur le marché de l’argent, des
tendances de production et de consommation, et de l’équilibre annuel entre
les deux, ainsi que l’étude des inventaires, de la demande d’investissement,
etc. Ces lois fondamentales indiquent que le prix de l’argent devra fortement
grimper dans le futur, et que la manipulation est à la fois la cause et l’explication
de la faiblesse continue du prix de l’argent.
Bien que je continue de
suivre les lois fondamentales du métal, j’écris de moins en moins au sujet de
leur influence sur son prix. Après tout, je ne peux pas me remémorer une
seule instance au cours de laquelle les lois fondamentales ont eu un effet
réel sur le prix de l’argent (et de l’or) ; qui sont déterminés sur le
Comex lorsque les participants au marchés ajustent leurs positions à terme.
Les lois fondamentales dictent le prix futur de l’argent, mais elles n’ont
aucune influence sur son prix immédiat. C’est pourquoi je me concentre
principalement sur les positions du Comex.
En prenant un peu de
recul, nous pouvons nous rendre compte à quel point l’idée que les prix de l’or
et de l’argent soient manipulés sur le Comex s’est répandue au cours de ces
cinq ou dix dernières années. Il y a vingt ou trente ans, nous pouvions
compter le nombre d’observateurs qui pensaient les marchés manipulés sur les
doigts d’une main. Malgré une admission accrue, tout le monde n’est pas du
même avis, même si la découverte de nouvelles preuves pourrait nous mener
vers une acceptation totale.
La preuve la plus
évidente de la manipulation du prix de l’argent inclue les données qui
montrent que le Comex est devenu un marché largement spéculatif sur lequel
des gestionnaires monétaires s’opposent à des spéculateurs bancaires que l’on
appelle commerciaux ; et le fait que les contrats du Comex sur l’argent
enregistrent une plus grosse position à découvert que toutes les autres marchandises.
Nous avons récemment découvert de nouvelles indications du lien entre ces
deux faits, qui illustrent et prouvent plus que jamais la manipulation des
marchés.
J’ai récemment relevé
que JP Morgan et d’autres banques propriétaires des quatre plus grosses
positions à découvert sur l’argent du Comex n’ont au cours de ces sept
dernières années pas enregistré de perte suite à l’ouverture de nouvelles
positions à découvert sur les contrats du Comex sur l’argent. Laissez-moi
clarifier : JP Morgan et les traders commerciaux de ces autres banques n’ont
jamais racheté de l’argent à un prix supérieur à celui auquel ils ont vendu à
découvert (racheté à perte). Ils ont toujours racheté de l’argent à un prix
inférieur à celui auquel ils avaient vendu. En d’autres termes, les plus
grosses positions à découvert du marché de l’argent du Comex n’ont enregistré
que des profits. (Bien évidemment, si un trader monétaire intégrait leurs
rangs, il générerait sans doute des pertes – je ne parle ici que des plus
gros traders commerciaux).
En baseball, c’est un
peu l’équivalent d’une équipe de la Major League qui n’enregistrerait que des
matchs parfaits sur la saison, avec un frappeur qui percuterait la balle
1.000 fois sur l’année. Autrement dit, une impossibilité statistique.
Pensez-vous que j’exagère ? Imaginez que quelqu’un adopte une position dangereuse
en vendant à découvert l’actif le plus sous-évalué de tous les temps,
plusieurs fois par an, d’année en année, sans jamais enregistrer de perte.
Pensez-vous que ce soit possible ? Non. Et pourtant, JP Morgan et les
trois autres plus gros traders commerciaux y sont parvenus sur le marché à
terme de l’argent.
Les chiffres publiés par
la CFTC dans son rapport COT nous en offre la preuve évidente. A chaque fois
que ces quatre grosses positions ont accumulé de nouveaux contrats à
découvert sur le Comex, chose qui ne se produit qu’en période de hausse de
prix, elles n’ont pas racheté à prix plus élevé que celui auquel elles ont
vendu. Elles ont toujours racheté plus bas.
L’aspect le plus étrange
est que bien que j’aie étudié ce marché des années durant, je ne m’en suis
rendu compte que très tard. J’ai par le passé mentionné le fait que les
quatre plus grosses positions à découvert ne rachetaient jamais à la hausse.
C’est même un point clé de mon analyse du rapport COT : à chaque fois
que les positions à découvert ont gonflé, le prix de l’argent a baissé ;
et à chaque fois qu’elles se sont contractées, le prix a grimpé. Même en
comprenant les mécanismes du marché de l’argent, je n’ai pas pensé à remettre
cette évidence dans son contexte – JP Morgan et les autres n’ont jamais
enregistré une seule perte.
Mon argument est assez
simple à vérifier. Il suffit de considérer l’évolution des positions à
découvert et les mouvements de prix. Je trouve presque honteux de devoir le
pointer du doigt à la CFTC, qui aurait pu analyser ses propres données. Mais
qu’y a-t-il de nouveau ici ? L’idée la plus importante est que JP Morgan
et les autres n’ont jamais enregistré de perte, ce qui prouve qu’ils
manipulent le marché. Sur un marché libre, un tel succès serait impossible.
Le succès de JP Morgan
est lié au fait que la banque n’avait d’autre choix que de ne jamais racheter
ses positions à découvert à perte. Si elle les avait rachetées à la hausse,
le prix de l’argent aurait explosé, ce qui aurait confirmé la manipulation du
prix de l’argent. La seule raison pour laquelle le prix de l’argent attend
encore de flamber est que JP Morgan ne rachète jamais ses positions à
découvert à la hausse. J’avoue beaucoup me répéter ici, mais rien n’est plus
important pour le prix de l’argent que l’accumulation de contrats à découvert
par JP Morgan suite à chaque hausse de prix.
Un autre mensonge qui a est
dévoilé ici est que JP Morgan et les autres ne se sont jamais légitimement
couverts. Une couverture implique une position opposée et égale à une
position à découvert ouverte sur le Comex. Il doit toujours y avoir une
position à la vente pour chaque position à découvert, pour que ce qui soit
perdu d’un côté puisse être gagné de l’autre. Parfois, la position à
découvert enregistre une perte et la position à la vente enregistre un
profit. Mais ce n’est pas toujours le cas. En d’autres termes, si les quatre
plus grosses positions à découvert ouvertes sur le Comex faisaient partie de
transactions de couverture légitimes, il serait impossible, au moins de temps
en temps, de ne pas enregistrer des pertes sur le Comex en même temps que des
gains sur la couverture de ces positions.
Parce que chaque
position à découvert ouverte par ces traders commerciaux sur le Comex s’est
traduite par des gains, il est clair qu’aucune couverture légitime n’ait
jamais été ouverte. Et dire qu’on continue de nous faire croire que les
grosses banques ne pratiquent que des activités couvertes. JP Morgan et les
autres vivent de la spéculation et de la manipulation. Ne jamais enregistrer
de perte signifie qu’un marché est manipulé et qu’aucune couverture n’est en
place. Il n’y a aucune autre conclusion possible.
Les activités de JP
Morgan et des autres traders commerciaux expliquent comment et pourquoi le
prix de l’argent a pu être manipulé pendant toutes ces années – les grosses
positions à découvert vendent autant de contrats à découvert que possible
pour empêcher les prix de grimper, et dès que les fonds techniques cessent d’acheter
pour commencer à vendre, les positions à découvert rachètent les contrats
vendus à découvert à la hausse. Une combine parfaite.
La raison pour laquelle
JP Morgan est le plus gros escroc d’entre tous (et ce qui me permet de le
dire ouvertement) n’est pas seulement le fait qu’elle empoche des centaines
de millions de dollars sans jamais enregistrer de perte, mais aussi le fait
que cette banque a eu recours au prix constamment dévalué de l’argent pour
accumuler la plus grosse position sur l’argent physique au monde, avec plus
de 350 millions d’onces.
Puisque beaucoup pensent
aujourd’hui que JP Morgan a manipulé le marché de l’argent au cours de ces
sept dernières années pour accumuler de grosses quantités d’argent physique,
l’équation a changé. Bien qu’il soit vrai que JP Morgan ait enregistré 30
millions de dollars de profits illicites supplémentaires sur le Comex au
cours du mois dernier, beaucoup apprendront bientôt jusqu’où la banque est
allée pour y parvenir. Que JP Morgan enregistre des profits sans faire de
vagues est une chose ; mais qu’elle soit ouvertement accusée de
manipulation en est une autre.
Plus important encore, l’équation
financière a changé pour JP Morgan. Enregistrer 30 millions de dollars de
profits en un mois est une chose, mais l’idée d’enregistrer 350 millions de
dollars de profit à chaque fois que le prix de l’argent gagne un dollar
deviendra vite trop tentante. Une hausse du prix de l’argent de 10 dollars
assurerait à JP Morgan 3,5 milliards de dollars de profits. Au vu de ce que
JP Morgan pourrait en tirer, une hausse future du prix de l’argent ne peut
être qu’évidente.
Bien que beaucoup
pensent que JP Morgan continuera de manipuler le prix de l’argent à la baisse
indéfiniment, les quantités de monnaie que la banque pourrait enregistrer
dans l’éventualité d’une hausse de prix suggèrent le contraire. Il est clair
que la banque puisse choisir de faire baisser le prix de l’argent tant qu’elle
pourra accumuler davantage de métal physique sans que personne ne se rende
compte de ce que font réellement les opérateurs de marchés. Une fois que
cette condition changera, il n’y aura plus aucune raison de contenir le prix
de l’argent.