La marche très controversée de
la Banque du Japon, qui est sur le point de devenir le plus gros actionnaire
du troisième plus gros marché boursier du monde, est entrée en phase d’accélération.
Faisant déjà partie des cinq
plus gros actionnaires de 81 sociétés cotées sur le Nikkei 225 Stock Average,
la banque du Japon deviendra le premier actionnaire de 55 de ces sociétés d’ici
la fin de l’année, selon des estimations compilées par Bloomberg à partir des
réserves de la banque. Haruhiko Kuroda, le directeur de la banque, a
pratiquement doublé son objectif annuel d’achat d’obligations le mois
dernier, pour accroître sa campagne sans précédent de revitalisation de l’économie
japonaise.
L’influence de la banque
centrale sur les actions japonaises rivalise déjà celle des plus gros
négociants. Elle est l’actionnaire principal du fabricant de pianos Yamaha
Corp, comme le montrent les estimations de Bloomberg, avec environ 5,89%.
La Banque du Japon est sur le
point de devenir le plus gros actionnaire de cinq autres sociétés listées sur
le Nikkei 225 d’ici la fin de l’année. Elle vient d’élargir son programme d’achat
d’ETF de 6 trillions de yens, et d’ici à 2017, elle devrait devenir l’actionnaire
principal d’un quart des membres de l’indice, dont d’Olympus Corp, le plus
gros producteur mondial d’endoscopes, de Fanuc Corp, le plus gros producteur
mondial de robots industriels, et d’Advantest Corp, le plus gros producteur
mondial d’appareils de test de semi-conducteurs.
Evaporation des marges
libres
La marge libre de Fast Retailing
Co, dont la position sur le Nikkei 225 en fait une société de choix pour l’argent
de la Banque du Japon, est d’environ 25% ses actions en circulation. La
Banque du Japon possède la moitié de cette marge libre, une proportion qui
devrait passer à 63% d’ici la fin de l’année, selon la maison de courtage
japonaise Nomura Holdings Inc.
Les achats de la Banque du Japon
pourraient absorber le reste de la marge libre d’autres sociétés comme Comsys
Holdings Corp et Tokyo Electron Ltd d’ici l’année prochaine, selon les
analystes de Goldman Sachs.
« Le négoce va bientôt se
compliquer, a expliqué Ito. Les actions dont le ratio de marge libre est
faible vont devenir très volatiles. »
« Le fait que la Banque du
Japon soit un actionnaire stable sur tant d’actions va pousser les
investisseurs à se poser des questions, et les débats se feront de plus en
plus agressifs à mesure qu’elle accumulera des actions, » explique
Ichiwaka, de chez Sumitomo Mitsui. « Les gens vont se demander pendant
combien de temps la Banque du Japon prévoit de maintenir cette politique. »