Voici l’article « Pas de
sieste espagnole pour la zone euro « de Wolfgang Münchau, journaliste au Financial Times.
Si vous pensez que les politiques de la BCE
ont permis à l’Europe de ‘gagner du temps’, vous
devriez vous poser la question suivante : du temps pour quoi ? La
situation de la Grèce est aujourd’hui plus insoutenable que
jamais. Il en va de même pour le Portugal, le secteur bancaire
Européen ainsi que l’Espagne. Même si la BCE leur
fournissait des fonds illimités pendant dix ans, cela ne suffirait pas
à les remettre sur pied.
Selon mes estimations, l’ajustement des
prix de l’immobilier en Espagne est loin d’être
achevé. En termes réels, le boom de l’immobilier américain
a été quasiment annulé. Les graphiques
représentant cette bulle historique en termes réels ressemblent
à de jolies cloches. Tout ceci semble plutôt sensé
lorsque l’on réalise que les biens immobiliers sont une forme
d’actif non-productive. Pour ce qui est du cas de l’Espagne,
comme pour tous les autres, il semble donc raisonnable de penser que les prix
de l’immobilier finiront par chuter jusqu’à atteindre un
niveau similaire à celui du milieu des années 1990.
Le gouvernement espagnol a récemment
forcé les banques à amortir à hauteur de 50 milliards
d’euros leurs portefeuilles de propriétés pour la seule
année 2012. Cela ne représente qu’une petite part des
actions qui devront être entreprises en cas d’effondrement du
marché immobilier. De nombreux analystes s’imaginent que nous
verrons bientôt apparaître une chute des prix de
l’immobilier et un rebond de l’économie. C’est
fortement improbable. Comment l’économie espagnole pourrait-elle
rebondir si les secteurs public et privé du pays sont dévalués
simultanément ?
La dépréciation du secteur
public sera pour le moins vicieuse. L’an dernier, le déficit de
l’Espagne s’élevait à 8,5% du PIB. La raison n’en
était pas son manque de discipline fiscale. Un tel déficit
était nécessaire afin d’ éviter
un effondrement plus brutal. Cette année, l’objectif de
déficit fixé par l’Espagne est de 5,3% - et sera de 3%
pour l’année 2013. L’ajustement que nécessite le
secteur public est donc de 5,5% sur deux ans – et ce en pleine
récession. Si vous jetez un œil au désendettement
nécessaire aux secteurs public et privé, la question n’est
pas de savoir si l’économie espagnole rebondira en 2012 ou 2013,
mais de savoir si elle pourra se rétablir avant la fin de cette
décennie.
Le
marché a le dessus sur l’arrogance des banques centrales
Dans
son article, Münchau ne nous apprend rien de
nouveau. De nombreux journalistes ont déjà commenté la
situation espagnole depuis ce qui paraît aujourd’hui comme
étant une éternité. Il devient de jour en jour plus difficile
d’apporter quelque nouvelle information que ce soit sur le sujet.
Vous
imaginez-vous à quel point la situation serait différente si la
Grèce avait été exclue de la zone Euro voici deux
ans ? Ce qui était autrefois une question à 40 millions
d’euros est devenu un problème bureaucratique à 300
milliards d’euros. Pourquoi ? Parce que la BCE et l’Union
Européenne voulaient déjà ‘gagner du temps’.
Jean-Claude
Trichet, directeur de la BCE, déclarait à l’époque
‘dire non au défaut’. Devinez quoi, monsieur
Trichet ? Le marché passe avant l’arrogance des banques
centrales.
Trichet
a maintenant l’air d’un imbécile. J’espère
qu’il se sent idiot, même s’il y a de grandes chances que
ce ne soit pas le cas. Les idiots ne se voient jamais comme tels.
La
BCE achète du temps pour installer un désastre encore plus
important
Mario
Draghi, nouveau directeur de la BCE, est parvenu
à contrôler les situations espagnole et portugaise. C’est
la raison pour laquelle les marchés acclament (pour le moment) le succès
du nouveau ‘Super Mario’.
Je
me dois de préciser que, fut un temps, Trichet semblait être parvenu
à contenir la situation grecque. Mais cette impression ne fut que
passagère.
L’Histoire
nous prouvera bientôt que la BCE n’a jamais acheté du
temps que pour empirer la situation, comme elle l’a déjà
fait auparavant avec la Grèce.
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