Personne ne semble capable de se lever et de
dire tout haut ce que tout le monde sait, à savoir que la Grèce
est insolvable et ne remboursera jamais sa dette.
En plus de cela, malgré un récent
mandat par la BCE interdisant le financement direct des gouvernements, voici
que la BCE elle-même se met à financer la Grèce.
Pour dire les choses simplement, la BCE
imprime des euros pour les donner à la Grèce, afin que cette
dernière puisse rembourser à la BCE des intérêts
sur ses obligations arrivées à maturité.
Der Spiegel note l’absurdité de
ce système dans son récent article The European Central Bank's Discreet Help for Greece.
‘Il
n’y a pas de temps à perdre’, déclarait Jean-Claude
Juncker il y a quelques jours. Les dirigeants doivent mettre ‘tout en
œuvre’ pour sauver la devise commune, ordonnait le
président de l’Eurogroupe. Une chose
est cependant de plus en plus claire : les politiciens dirigent de plus
en plus le sale boulot vers la BCE.
Prenez
par exemple la Grèce, où la liquidité se fait de plus en
plus rare. Le gouvernement, à Athènes, doit rembourser des
obligations à hauteur de 3 milliards d’euros à la BCE
avant le 20 août. La solution à ce problème semble pour
le moins paradoxale : la BCE elle-même offre de la monnaie
à la Grèce afin que le pays puisse à son tour rembourser
la BCE.
C’est
un plan controversé, dans la mesure où la BCE n’a pas le
droit de financer les gouvernements de manière directe. En
conséquence, personne n’ose aborder ouvertement le sujet. La BCE
a pourtant clairement indiqué qu’elle tendrait la main à
la Grèce.
Certaines
informations ont fui quant à la manière dont la BCE
planifierait de maintenir la Grèce sur pieds jusqu’à ce
que l’aide de l’Union Européenne et du FMI lui soit
offerte. La BCE utilise comme intermédiaire la banque centrale
Grecque. Elle lui autorise à offrir des prêts d’urgence
aux banques de son pays qui, à leur tour, sont supposées
utiliser cette monnaie pour acheter des obligations Grecques arrivant
à maturité. Cela pourrait permettre à la Grèce,
si le plan fonctionnait correctement, de réunir 4 milliards
d’euros.
La
banque centrale Grecque acceptera les obligations à risque en tant que
collatéraux, et fournira aux banques commerciales de son pays des
euros fraîchement imprimés – qui bien entendu proviennent
de la BCE.
Ce qui
est tout particulièrement absurde est le fait que, au cours de ces
deux dernières semaines, la BCE ait cessé d’accepter des
obligations Grecques comme collatéraux dans le cadre de ses
opérations de refinancement. Mais la banque centrale Grecque –
qui est réalité n’est rien de plus que la succursale
athénienne de la BCE – est toujours autorisée à
les accepter. Le fait que les banquiers Européens acceptent de se
lancer dans de telles opérations prouve de la précarité
de la situation. Pour le moment, un défaut de la Grèce est
combattu sur tous les fronts – et les politiciens tentent d’en
esquiver la responsabilité.
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