Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Aujourd’hui, j’avais envie de vous
parler de deux choses. Tout d’abord, je souhaitais revenir sur les derniers
propos tenus par notre Super Mario international, grand mamamouchi de la
Banque centrale européenne, c’est-à-dire grand chef de l’euro.
Puis je voulais revenir sur le
dernier édito d’un autre Charles, puisqu’il s’agit de Charles Gave (le grand
libéral) avec qui je ne suis pas toujours d’accord intellectuellement, loin
de là, mais avec qui je partage pleinement l’analyse qu’il fait de la
situation, raison pour laquelle il fallait que je la soumette à votre
sagacité.
Mario Draghi a dit….
« M. Draghi
a affirmé lundi que son institution était prête à utiliser tout instrument à
sa disposition, y compris un nouveau prêt à long terme en faveur des banques
(LTRO), si l’évolution des taux d’intérêt le requérait. »
« Ces propos ont eu pour effet de déstabiliser les cambistes en provoquant un
regain d’inquiétudes au sujet du secteur bancaire européen et de peser sur
l’euro, a noté Kathleen Brooks, analyste chez Forex.com… »
Sans blague… cela commence à
devenir difficile la communication de nos zautorités
monétaires car les marchés et les zinvestisseurs
sont tous devenus schizophrènes. D’un côté, ils veulent impérativement être
rassurés et de l’autre, si on les rassure trop c’est qu’il y a des risques
qu’on leur cache… Oui, ce qu’il faut savoir c’est que le propre d’un trader
et d’un investisseur c’est qu’ils veulent qu’on lui mâche le travail, car le
vrai travail est fatiguant. Il faut lire, comprendre, analyser et puis
réfléchir. Tout plein de choses qui viennent contrarier le seul et unique but
de l’investisseur moderne qui est de gagner du fric. Il veut juste savoir si
« ça va monter » ou si « ça va baisser ». Le pourquoi ? Il s’en fiche
éperdument et comme d’une guigne de l’an 40… Plus ou moins, et il prend la
position adéquate sur les marchés. Ce qu’il attend des zautorités
monétaires c’est donc qu’elles lui permettent de jouer à plus ou moins en
étant sûr de gagner, le reste étant des problèmes concernant la plèbe…
Bref, tout cela pour vous dire
globalement qu’il n’y a pas plus moutonnier qu’un trader et qu’un banquier.
Surtout ne pas faire dépasser sa tête et mieux vaut avoir tort avec tout le
monde que raison tout seul, ce qui est forcément suspect…
Donc reprenons. Mario veut rassurer
et finalement il inquiète. Logique mes amis contrariens,
car la dernière fois que Mario Bross a joué de la
console monétaire avec ses LTRO, c’était pour sauver le système bancaire
européen d’une faillite rapide et totale. Du coup, les « zinvestisseurs
» se demandent si les banques vont bien… Ils me font rire ces zinvestisseurs. Évidemment que les banques ne vont pas
bien puisque depuis le début de la crise, nous n’avons globalement rien
changé et laissé les banques continuer à faire comme avant… en pire.
Pensez-vous vraiment que cela ait pu s’arranger entre-temps ? A-t-on coupé
les banques en deux ? Non. A-t-on démantelé les banques « trop grosses pour
faire faillite » ? Évidemment que non. A-t-on demandé aux banques de réduire
leurs spéculations ? Non. Et qui achète tout plein d’obligations moisies
d’États en faillite virtuelle ? Eh bien évidemment les banques…
Comme disait mon papy avec sa
sagesse coutumière paysanne… tu sais fils, les mêmes causes produisent les
mêmes effets… Ben oui le pépé, de toute façon, il a toujours eu raison. C’est
aussi simple que ça le bon sens. Mais les « zinvestisseurs
» s’interrogent sur les derniers propos du Mario, et moi je me bidonne devant
autant de crétinerie quotidienne. Au moins, ça me donne à vous parler. Alors
ne nous plaignons pas.
Ah oui, il y a un autre passage
dans cette analyse qui me fait doucement rigoler également. C’est celui qui
concerne la politique monétaire américaine. Lisez plutôt.
« Mais l’orientation du couple
euro-dollar restait dictée « par la décision prise la semaine dernière
par la Banque centrale américaine de ne pas ralentir ses mesures de soutien
exceptionnel à l’économie », a estimé M. Gilmore.
La FED a notamment maintenu ses injections de 85 milliards de dollars par
mois de liquidités dans les marchés financiers, une mesure destinée à
maintenir les taux bas et à favoriser la reprise économique mais qui a aussi
pour effet de diluer la valeur du billet vert. »
« Plusieurs responsables de
l’institution continuaient lundi à justifier leur décision et, à l’instar de
William Dudley, le président de la Réserve fédérale de New York, à estimer
que l’économie des États-Unis a encore besoin du soutien d’une politique
monétaire ultra-accommodante. »
Tiens, c’est marrant dites donc, en
en imprimant plus, finalement, on finirait par diluer la valeur du billet
vert… mais de vous à moi, surtout n’achetez pas d’or, cette espèce de relique
barbare immonde dont, soit dit en passant, 50 kilos ont été volés dans un
avion d’Air France. Ils n’ont pas de chance chez Air France, entre les
cargaisons d’or qui disparaissent et celles de cocaïne qui apparaissent, je
pense qu’ils ont comme qui dirait pudiquement quelques trous dans la raquette
de leur recrutement et quelques lacunes au niveau du management, mais bon, je
ne suis pas là pour vous parler d’Air France mais de la FED.
Remarquez, il y a quand même
quelques points communs entre ces sujets finalement. La FED aussi injecte un
peu de cocaïne sur les marchés directement en intraveineuse, et la FED aussi
fait disparaître l’or… comme quoi, c’était bien lié.
Revenons donc à la FED qui tente de
justifier sa décision… Il n’y a pas grand-chose à justifier. Ils ne pouvaient
juste pas faire autrement, ce que je vous ai toujours dit et répété.
Or justement, Charles Gave, notre
grand libéral, apporte une explication très intéressante sur le choix de la
FED de ne pas stopper ses quantitative easing.
Voici le résumé et la synthèse. Je vous mets le lien pour ceux qui voudront
lire l’édito entier.
Panique à la FED
« Grosse surprise la semaine
dernière : la Banque centrale américaine qui avait télégraphié depuis des
mois son intention de réduire significativement ses achats d’obligations du
Trésor Américain fait une volte-face brutale et nous annonce que les
opérations de Q.E. (QUANTITATIVE EASING) vont continuer comme par le passé,
prenant à contre pied tous les opérateurs de
marché. »
Charles Gave nous explique ensuite
que ce contre-pied va laisser des traces, les opérateurs de marchés n’ayant
plus confiance dans la « parole » de la FED.
« Tout cela la FED le sait aussi
bien que moi, et pourtant ils ont pris le risque de porter un coup mortel à
leur crédibilité. C’est donc que la Banque centrale américaine sait quelque
chose que le reste du monde ne sait pas, ou ne sait pas encore…
La question essentielle n’est donc pas « pourquoi la FED
a fait ce qu’elle a fait ? » mais qu’est que la FED sait qui l’a amenée à
changer d’avis ? »
« Et pourtant, depuis mai, le coût
du capital (représenté par le rendement sur une obligation BAA émise par une
société industrielle aux USA) a monté fortement, tant et si bien qu’aujourd’hui
le rendement sur une telle obligation est très supérieur à la croissance du
PIB américain.
Donnons les chiffres.
Le PIB a cru sur les 12 derniers
mois de 3,06 % en valeur, tandis qu’une obligation BAA me rapporte près de
5,4 %… soit une différence de 2,34 %. Or chaque fois depuis 1920 que les taux
d’intérêts sur les obligations BAA ont été supérieures de 2,5 % (ou plus) par
rapport au taux de croissance des USA, une récession a suivi presque
immédiatement. »
Ce que veut nous expliquer Charles
Gave ici, et je le rejoins, c’est que des taux d’intérêt plus élevés que la
croissance du PIB conduit les investisseurs et les entrepreneurs à placer
leur argent financièrement avec l’achat de titres obligataires par exemple et
pas à investir dans l’économie réelle par le financement de projets
industriels. Cette analyse est tout à fait exacte. Néanmoins, je pense que
cela reste partiel car une augmentation forte des taux d’emprunt n’avait pas
pour conséquence uniquement de réduire l’investissement.
- Réduction des investissements productifs.
- Augmentation du coût d’emprunt pour l’ensemble des acteurs économiques,
ménages, entreprises et États.
- États surendettés plus hausse des taux = insolvabilité des États.
- Ménages surendettés plus hausse des taux = insolvabilité des ménages.
Effondrement de l’immobilier convalescent, augmentation des créances
douteuses et des impayés = insolvabilité des banques.
Bref, on peut résumer la situation globale
par une « hausse des taux = insolvabilité généralisée et rapide de tous les
acteurs économiques = effondrement du système ».
Or les autorités monétaires, même
si elles font des bêtises, font tout pour maintenir le système en vie depuis
plus de cinq ans.
Voici la conclusion du billet de Charles Gave.
« Il ne peut pas y avoir de
discussion sur la solution à choisir, et d’ailleurs il n’y en a pas eu (7
votes contre un). Je reste donc d’avis qu’il est urgent d’attendre et de
surveiller les taux longs aux USA .
S’ils venaient à monter de 0,5 % ou
plus, il serait alors urgent pour les lecteurs de courir vers les tranchées
où, bien sûr, ils me retrouveraient déjà confortablement installé. Je ne suis
plus en âge de courir vite, je préfère partir avant les autres. »
Je suis en parfait accord avec sa
conclusion. En effet, ce sont bien les taux d’intérêt qu’il faut surveiller
comme le lait sur le feu. Seule l’évolution des taux vous permettra de voir
les signes annonciateurs de la future débâcle qui s’annonce sur les dettes
souveraines et la faillite d’États majeurs.
Quant au fait de courir aux abris,
je rejoins là aussi Charles Gave. Étant plus jeune, je pourrai certainement
courir plus vite que lui mais le grand-père que j’ai eu m’a toujours expliqué
que celui qui voulait aller loin devait ménager sa monture et devait savoir
partir à l’heure. Il disait aussi que lorsque l’on ne savait pas trop à
quelle heure on risquait d’arriver… mieux valait partir longtemps à l’avance,
raison pour laquelle Gave et Sannat vous attendront
tranquillement avec quelques boîtes de conserves issues de mon PEBC (le Plan
épargne boîtes de conserves) mais aussi avec quelques bonnes bouteilles, car
je vous le rappelle, le vin reste un placement qui est par nature toujours
liquide et dont la valeur d’usage permet au moins de remonter le moral des
troupes.
Nous serons sans doute en compagnie
de Simone Wapler qui ne conçoit l’effondrement et
la misère que dans la dignité. Et puis avec notre or… nous pourrons améliorer
l’ordinaire.
Alors ensemble, nous pourrons
simplement contempler la fin d’un monde et l’effondrement d’un système.
À demain… si vous le voulez-bien !!
Charles
SANNAT
Article du Point sur les dernières déclarations de Mario Draghi
Le
billet complet de Charles Gave intitulé « Panique à la Fed »