Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Sarkoléon, lorsqu’il était au pouvoir, avait déjà amorcé un rapprochement notable de la France avec les États-Unis notamment en faisant réintégrer l’OTAN à notre pays traditionnellement « indépendant » et servant de lien entre les USA et l’Union Soviétique. C’était l’héritage qui a peu ou prou perduré jusqu’à la fin du deuxième mandat de Jacques Chirac de la politique étrangère initiée par le Général de Gaulle.
Lors de son voyage aux États-Unis, François Hollande est en réalité allé faire « allégeance » auprès du « saigneur » américain. Plusieurs bonnes raisons existent et expliquent ce changement majeur dans la diplomatie française et qui transcendent les clivages politiques droite/gauche puisque l’on voit bien que ce qui a été initié par l’UMP est poursuivi et amplifié par le PS.
Disons, pour résumer les choses rapidement et par rapport au sujet qui nous intéresse aujourd’hui, que la France a décidé de passer sous « parapluie » économique américain. Nous ne sommes plus qu’un vassal mais un vassal qui espère ne manquer de rien dans les années de disette qui se profilent. J’y reviendrai beaucoup plus longuement dans un prochain article.
La France n’arrive à rien en Europe
Marginalisé par ses difficultés économiques et budgétaires, notre pays n’arrive plus à grand-chose en Europe en raison du leadership économique incontesté de l’Allemagne. Or ce qui est bon pour l’Allemagne est globalement mauvais pour le reste des pays membres de la zone euro.
Il aura donc fallu une intervention massive des États-Unis auprès de nos grands amis les Allemands pour voir ces derniers fortement infléchir leur discours, ce qui précède un changement d’actes. Je vous avais parlé il y a quelques jours de la déclaration du directeur du DIW, un des plus grands instituts de recherche économique allemands, plaidant pour la mise en place d’un QE européen de 60 milliards d’euros, ce qui équivaut au 85 milliards de QE réalisés par la FED jusqu’à ce que Ben Bernanke décide de mettre en place le « tapering », c’est-à-dire la réduction de ces injections massives de liquidités.
Jusqu’à il y a un mois, jamais les Allemands n’auraient même accepté d’évoquer cette idée tant il s’agit dans leur esprit d’une hérésie monétaire. Depuis le drame de l’hyperinflation allemande qui amena leur pays à choisir les nazis, ce qui ruina et détruisit leur nation, on peut dire que l’idée d’imprimer des billets pour le plaisir donne des boutons à nos amis germains. On les comprend évidemment.
Or, depuis un mois, l’inflexion de l’attitude allemande est assez remarquable et elle est liée à deux éléments. Tout d’abord le voyage de François Hollande aux USA aura permis d’initier cette « mise sous pression » de l’Allemagne par les USA et, également, l’Allemagne se met à mesurer la fragilité de ses exportations qui commencent à être menacées dangereusement par le ralentissement, pour ne pas dire la déflation, qui gagne de plus en plus de pays d’Europe du Sud… jusqu’à la France !
Si la France avait disposé de sa propre planche à billets, et comme nous n’avons jamais su faire autre chose, cela fait belle lurette que nous aurions déclenché les rotatives afin d’imprimer autant de monnaie que nécessaire.
En tout cas, c’est la conjonction de l’intervention américaine et du ralentissement économique européen qui conduisent de façon assez surprenante l’Allemagne à dépasser l’un de ses dogmes économiques pourtant les plus ancrés.
Aujourd’hui, le Gouverneur de la Bundesbank, qui est la Banque centrale européenne, a parlé et c’est un « faucon » monétaire, il est traditionnellement sur la ligne dure et toute création monétaire non économiquement justifiée est pour lui une aberration ou plutôt était pour lui une aberration ! Lisez plutôt !!
BCE-Weidmann n’exclut pas de l’assouplissement quantitatif
Voici ce que nous rapporte l’Agence de Presse Reuters :
« Le président de la Bundesbank Jens Weidmann a déclaré mardi qu’il n’était pas exclu que la Banque centrale européenne (BCE) achète des actifs bancaires pour combattre une éventuelle déflation, des propos qui marquent un infléchissement de la traditionnelle position très orthodoxe de la banque centrale allemande.
Dans le cadre d’un entretien accordé à MNI, Jens Weidmann, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, souligne que la portée des instruments classiques de l’institut d’émission est limitée. »
« Les mesures non conventionnelles à l’étude appartiennent largement à un domaine inconnu. Cela signifie que nous avons besoin d’une discussion sur leur efficacité ainsi que sur leurs coûts et leurs effets secondaires », a-t-il dit.
« Cela ne veut pas dire qu’un programme d’assouplissement soit exclu. Mais nous devons nous assurer que l’interdiction de financer les États soit bien respectée. »
« Jens Weidmann a également dit que des taux d’intérêt négatifs seraient une mesure plus appropriée que d’autres pour contrebalancer les conséquences d’une forte appréciation de l’euro. »
Et de conclure qu’il « s’agit toutefois de scénarios hypothétiques et pas de décisions imminentes ».
L’euro, qui avait bien résisté à l’annonce d’un indice Ifo en recul plus marqué que prévu, est passé dans le rouge face au dollar à la suite des déclarations du président de la Bundesbank, perdant 0,17 % à 1,3815. (Eva Taylor et John O’Donnell, Benoit Van Overstraeten pour le service français)
En route vers le QE européen pour remplacer le QE américain
Je vous avais fait part dans un précédent édito de mes doutes concernant la politique monétaire menée par la FED aux USA et sur l’impossibilité à mon sens de stopper les injections de liquidités et encore plus de relever les taux d’intérêt. À mon sens, l’économie américaine n’est pas en mesure de supporter un tel traitement sans retomber à très brève échéance en récession, puis en déflation.
C’est là qu’entre en scène le QE américain, et la préparation en Allemagne du peuple allemand a commencé et ce n’est pas un hasard. Au plus fort de la crise entre 2009 et 2011, la FED a mis à disposition de l’Europe presque 10 000 milliards de dollars… il n’y a pas d’erreur dans mon chiffre ! Sans ces sommes, le système bancaire européen était voué à l’effondrement. Vous trouverez le lien vers le dossier que j’avais consacré aux 20 000 milliards de la FED… oui 20 000 !!
Bref, aujourd’hui, le temps est venu pour l’Europe de renvoyer l’ascenseur aux Américains, et les Allemands et leur rigueur monétaire n’y pourront rien ou pas grand-chose puisque le vrai patron c’est l’Oncle Sam.
Bonne ou mauvaise nouvelle ?
C’est une bonne nouvelle puisque nous allons encore une fois pouvoir nous acheter du temps, et ce temps dont nous allons tous disposer nous allons pouvoir le mettre à profit pour nous préparer encore mieux.
Au bout du compte, cela ne changera pas grand-chose. Ne rien faire veut dire laisser mourir notre économie par la déflation puis l’insolvabilité et la faillite généralisée. Faire quelque chose, c’est-à-dire un QE et imprimer plein de billets tout neufs, c’est mourir plus tard par l’inflation ou l’hyperinflation qui, sans croissance, viendra laminer notre pouvoir d’achat, or dans un monde ouvert en concurrence avec les pays low cost et bientôt tous les robots et humanoïdes qui vont arriver sur le marché… il n’y aura pas d’augmentation de salaire et c’est évidemment une excellente chose pour l’or en euro.
Réjouissons-nous simplement d’avoir à notre disposition un peu plus de temps pour finaliser nos préparatifs. Or, argent, maison de campagne et potager ! L’hiver vient et rien ne pourra l’arrêter, nous pourrons tout juste le retarder encore un peu.
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »