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La
folie immobilière
qu’a connu la Floride dans les années
1920 offre une autre comparaison intéressante à
l’investisseur contemporain. À l’époque aussi, les
banques étaient des grippe-sous comparées aux prêteurs
assoiffés de gains d’aujourd’hui. Les promoteurs
descendirent sur la Floride. Les restaurants et les traiteurs servaient
à de longues files de spéculateurs du café à 75
cents (sans crème) alors qu’à New York, le prix
d’une tasse était de un nickel (10 cents). Au cours de
l’été 1925, les habitants de Miami mirent des
panneaux « Pas à vendre » pour repousser les casse-pieds.
Les prêts aux agents immobiliers atteignirent environ $ 700 par pied
carré (soit environ $7700 le m2), alors qu’à Broadway ou
sur la 42e rue à New York, un très beau quartier, 1
pied carré se louait 13 $ (soit environ $ 143 au m2). Même
aujourd’hui les locations de propriétés commerciales haut
de gamme dans le monde se louent au plus à $ 250 à Hong Kong
et $ 220 à Londres le pied carré (soit
respectivement environ $ 2750 le m2 et $ 2420 le m2).
L’essor
des traders à Miami, d’après le nombre de transferts
immobiliers réalisés, augmenta en volume et passa de 4126 en
janvier 1924 à 9744 en janvier 1925, puis à 16 960 en
octobre 1925 et pour finir à 4491 un an plus tard. Le 10 mars 1926, on
rapporta que des dizaines de petites agences immobilières avaient
fermé du jour au lendemain. Les vendeurs d’obligations
immobilières de Miami profitèrent d’une chute de la
bourse le même mois, et lancèrent une campagne de
publicité intitulée :
« Comment Wall Street a perdu 4 milliards, et comment
échapper pour de bon à de telles pertes ». On peut
affirmer sans risque que les lecteurs crédules de la propagande de
l’Association Nationale des Agents Immobiliers seront tout aussi
déçus que ceux qui ont écouté les racoleurs qui
vendaient des obligations immobilières à Miami il y a 80 ans.
Les
dépréciations de prix sont anecdotiques, bien qu’une
bonne partie des propriétés vît son prix ramené
à zéro. En 1924, D.P. Davis vendit 875 acres (354 ha)
près de Tampa pour 18 millions de dollars. Les gens faisaient la queue
depuis 40 heures avant le début de la vente. La majeure partie de la
propriété était sous l’eau. En 2005, Zarzar Land, basé à San Francisco, vendit
des lots de 10 et 20 acres (4 et 8 ha) dans le désert occidental du
Texas à des acheteurs enthousiastes sur eBay. La terre ne valait rien.
Le secteur scolaire local comprenait 53 élèves. Il fallait 100
acres (40 ha) pour nourrir une seule vache. Il fut demandé au bureau
du Procureur de la République du Texas d’intervenir, mais ce
dernier refusa. « La seule chose qui nous permettrait d’agir
serait une loi telle que celle sur les Pratiques Trompeuses (Deceptive Practice Act), mais
si vous regardez leur site internet, il y est dit qu’il n’existe
aucune délimitation des terrains, qu’il n’y a ni eau, ni
services publics » indiqua l’assistant du Procureur.
Une vue plus
critique des médias contribuerait énormément à
restaurer le bon sens. Le défilé d’économistes qui
fait écho à Greenspan est un événement quotidien
des journaux et de la télévision. Au cours de
l’été 1925, le Miami Daily News établît
un nouveau record mondial avec une édition de 506 pages
composée presque uniquement de publicités immobilières.
Le 25 octobre 1925, le Miami Herald publia l’histoire
inventée de toute pièce d’un imprésario et
promoteur immobilier qui avertissait qu’ « un courant
arctique caché avait été découvert au large des
côtes californiennes et qu’il allait glacer le climat de la
Californie si sévèrement que les réalisateurs devraient
quitter Hollywood et transférer leurs studios en Floride ».
En 1927, Homer
B. Vanderblue écrivit que l’argent
dépensé dans les gratte-ciel de Miami « avait
probablement été perdu exactement comme si on l’avait
englouti dans le forage de trous secs dans des champs de
pétrole ».
En mai 2005,
Miami se targuait de 60 000 appartements vendus sur plans. Le prix des
maisons et des appartements augmenta de 28 % en 2005. A South Beach, toujours
à Miami, des cabines de plage dans un immeuble neuf en
copropriété de 20 étages se vendaient à $
850 000 l’unité.
Par :
Frederick J. Sheehan Jr.
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