Pourquoi le marché de l’or est-il
haussier ? La réponse n’a rien à voir avec
l’inflation des prix. Bien que cette dernière fasse actuellement
rage, elle n’est pas encore considérée comme étant
un problème majeur. En plus de ça, l’inflation des prix a
été quasi-constante dans les années 1980 et 1990, alors
que le marché de l’or était baissier. L’inflation
monétaire est une partie de la réponse, mais pas la plus
importante. Notez en effet que tout au long du marché baissier de
l’or, qui a duré vingt ans, l’inflation monétaire
était forte. Le renversement à la baisse de la tendance du
marché des actions Américaines fait également partie de
la réponse, mais dire que le marché de l’or est haussier
parce que celui des actions est immergé par des déclins de
valeur n’est pas une explication suffisante. Pourquoi un marché
haussier de l’or devrait-il coïncider avec un marché
baissier des actions sur le long terme ?
La réponse à la question est
liée à la propension à épargner. Quand
l’incertitude grandit ou que les risques représentés par
l’économie et les marchés financiers se
développent, les gens veulent naturellement épargner plus et
dépenser moins. C’est tout particulièrement le cas
après qu’une bulle alimentée par l’inflation
éclate, parce que dans une telle situation la dette se
développe et de nombreux investissements autrefois prometteurs
s’avèrent en réalité être de mauvais
investissements. Il devient alors clair que toutes les idées que les
gens se faisaient de l’économie étaient erronées.
Le premier choix du public en de telles circonstances est d’accumuler
plus d’argent, mais les banques centrales et les gouvernements
répondent à cette demande en prenant des mesures qui en diminue
la valeur. Ils en font ainsi tout simplement parce qu’ils appliquent
les théories Keynésiennes, qui sont quasiment toutes
rétrogrades. Dans le monde réel, l’épargne
représente la première étape d’un recouvrement
économique puisqu’elle débouche tôt ou tard sur un
renouveau de la consommation. Mais dans l’esprit des Keynésiens,
la croissance économique commence par une hausse de la consommation.
Selon eux, l’épargne est une mauvaise chose, parce qu’elle
n’engendre pas de consommation immédiate.
Il semblerait donc que certains
évènements poussent le public à épargner plus, ce
que contrebalancent les banques centrales en disant ‘Si vous
épargnez plus de monnaie, nous vous punirons !’. Elles ne
disent pas ouvertement qu’elles puniront le public, mais elles mettent
en place des politiques qui garantissent une perte de valeur de
l’épargne monétaire. En revanche, les mesures prises en
vue de réduire l’attrait de l’épargne
monétaire n’atténuent pas le désir des gens
d’épargner. A dire vrai, leurs actions tendent à
générer plus d’incertitude économique, ce qui ne
fait qu’augmenter la propension à épargner.
C’est là que l’or entre en
jeu. Les gens veulent épargner plus, mais ils ne peuvent
épargner en termes de devise à moins de risquer des retours
réels négatifs. Ils se tournent donc vers la deuxième
meilleure option qui s’offre à eux : l’or. Il est
quasiment aussi liquide et transportable que la monnaie, mais ses
réserves disponibles sont limitées. L’or a prouvé
tout au long de l’Histoire qu’il était capable de servir
de valeur de réserve, et bien qu’il ne soit pas
aujourd’hui considéré comme étant une monnaie, il
est une bonne alternative à une devise.
Les marchés haussiers de l’or durent
généralement de 10 à 20 ans lorsque la propension du
public à épargner augmente et que les mesures prises par les
autorités rendent l’épargne en termes de monnaie
officielle difficile.
Les meilleurs moyens dont nous disposons pour
mettre en avant la tendance haussière du marché de l’or
sont 1) le prix de l’or ajusté à l’inflation, 2) le
ratio or/produits de base (prix de l’or relatif au CCI) et 3) le ratio or/Dow (ou
or/SPX). Les deux premiers sont disponibles ci-dessous :
L’inflation des prix était vue comme
étant un très gros problème au cours des années
1970, mais si c’était là la cause principale du
marché haussier de l’or de cette décennie, alors le prix
de l’or aurait enregistré une très forte hausse une fois
ajusté à l’inflation par rapport aux prix de toutes les
autres valeurs de réserve (produits de base, par exemple). Le prix de
l’or a grimpé parce que la propension à épargner
était très importante, et parce qu’en plus du fait
qu’une épargne en termes de devise génèrerait
certainement de très importantes pertes, le système
monétaire tout entier était au bord de l’effondrement.
L’inflation des prix n’a pas
été appréhendée comme étant un gros
problème au cours de ces 10 dernières années, mais il
est clair aux yeux de beaucoup de monde que la Fed a pris bien trop de
libertés avec le dollar. Des doutes planent également sur la
viabilité de l’euro sur le long terme, l’euro étant
la deuxième devise internationale la plus importante après le
dollar. Le progrès économique se fait au ralenti,
l’investissement sur les actions et l’immobilier semble bien plus
risqué qu’il y a encore quelques années, et les taux
d’intérêts nominaux ont été forcés
à la baisse jusqu’à des niveaux tels que toute
épargne monétaire est certaine d’enregistrer des retours
négatifs, même avec une inflation de seulement quelques
pourcents.
A moins que les plus puissantes économies
du monde se rétablissent malgré les mesures prises par les
hommes politiques, ou que les hommes politiques se mettent à prendre
des mesures opposées à celles qu’ils ont prises
jusqu’à présent, la propension à épargner
continuera de grimper et les épargnants se trouveront forcés de
considérer des alternatives à leur devise. Cela signifie que le
marché haussier de l’or demeurera intact.
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