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La Chine Contaminée

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Published : October 12th, 2011
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Category : Editorials

 

 

 

 

Il est loin le temps où la Chine était présentée sous ses plus beaux atours, vouée à une croissance annuelle de 8 à 9 % minimum, garantie par construction par la grâce des statistiques officielles. Désormais deuxième au monde, l’économie chinoise subit actuellement deux contre-coups préoccupants :


- la croissance atone du monde occidental, principal débouché de ses exportations, qui a pour conséquence la baisse du taux de croissance ;


- les effets combinés de son modèle de développement déséquilibré et d’un plan de relance massif en 2008, qui sont à l’origine d’une importante inflation, après avoir contribué à la création d’une gigantesque bulle financière que les autorités chinoises ne parviennent pas à contrôler.


Le gouvernement a adopté en mars dernier son 12éme plan quinquennal, qui le mènera jusqu’en 2015, avec pour objectif le développement de son marché intérieur, mais de nombreux obstacles structurels se dressent sur cette route et les résultats risquent d’être longs à venir. L’inertie est forte dans un pays de cette taille. Dans l’immédiat, les autorités sont surtout préoccupées par la montée de l’inflation, qui génère déjà des troubles sociaux, touchant les plus vulnérables.


Le plus inquiétant est que la forte croissance chinoise de ces dernières années a contribué à l’apparition d’un important système financier informel, opaque et non régulé, qui continue de se développer. Il s’appuie sur le marché du crédit aux entreprises, car seules les plus importantes d’entre elles ont accès au crédit bancaire officiel, et il bénéficie d’un important volume de dépôts au détriment des grandes banques commerciales, en raison du taux d’inflation supérieur à la rémunération que ces dernières offrent. En valeur annuelle, la hausse des prix à la consommation était de 6,2 % en août dernier, alors que leur rémunération des dépôts est de 3,5 % annuels. La montée en puissance de ce secteur est un facteur de déstabilisation financière de première ordre, sur lequel le gouvernement n’a que peu de prise.


Le secteur bancaire officiel est quant à lui aux prises avec ses propres difficultés, après avoir prêté à tout-va aux entreprises et aux collectivités, sans s’être assuré de leur capacité de remboursement. Le fonds souverain chinois Central Huijin Investment vient à nouveau d’acheter des actions des quatre principales banques et se prépare à continuer, afin de soutenir leur cours boursier qui a chuté de 30 % durant ces derniers mois, car on appris qu’elles avaient subit une hémorragie de leurs dépôts à hauteur de 48,6 milliards d’euros durant la première quinzaine de septembre. Sans parler de leur exposition à des actifs douteux, qui n’est pas chiffrée. Ce qui a conduit les autorités à relever à plusieurs reprises ces derniers mois le ratio exprimant le rapport entre leurs fonds propres et leurs engagements, afin de tenter de freiner les banques dans leur frénésie d’attribution de crédits, qui progressent en volume au rythme annuel de 40 %, selon les estimations disponibles.


Mais le pire est à venir dans le secteur immobilier, la baisse des prix qui a commencé donnant le signal d’alarme, faisant suite à une forte hausse ininterrompue de 60 % depuis cinq ans. Les promoteurs immobiliers pourraient vite se retrouver dans une situation précaire, coincés entre la baisse de l’immobilier et la hausse des taux. Les données précises manquent ou sont sujettes à caution, mais tous les analystes s’accordent à penser que la bulle immobilière a commencé à éclater et va faire des ravages dans les bilans des banques, les promoteurs s’étant endettés un maximum auprès d’elles.


Les dirigeants chinois ont déjà eu affaire à une telle situation il y a une dizaine d’années, lorsque le taux de défaut des crédits accordés par les banques atteignaient des sommets. Ils ont à l’époque réglé la chose promptement, en achetant sur fonds publics les actifs douteux à leur valeur faciale, ou en les garantissant, puis en renforçant les fonds propres des banques avec le soutien de la Banque populaire de Chine. Pourront-ils faire cette fois-ci si facilement, après avoir généré un boom du crédit sans précédent ?


« Un pays, deux systèmes » : la fameuse formule de Deng Xiaoping a fait fortune mais rencontre ses limites, pouvant désormais être traduite par « un pays, deux sociétés ». Le régime chinois souffre des inconvénients de ses avantages. Dirigiste, il manque de la souplesse qui serait nécessaire pour vite réorienter son appareil productif, afin de répondre aux besoins de l’ensemble de son marché intérieur, et pas seulement de ses classes moyennes. Numériquement importantes mais néanmoins minoritaires, celles-ci ont bénéficié d’une croissance aux bénéfices fort mal partagés, réservés aux zones urbaines du pays.


Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la banque centrale, déclarait dernièrement à Washington que la Chine, comme tous les pays émergents, souffrait d’un « excès de liquidités à l’échelle mondiale, de la volatilité des flux internationaux de capitaux, d’une demande externe qui s’affaiblit et d’une fluctuation du prix des matières premières ». Il oubliait simplement de mentionner dans cette énumération les propres turpitudes causées par l’introduction massive du crédit bancaire en Chine, qui n’a pas tardé à produire ses effets allant en s’amplifiant.



Billet rédigé par François Leclerc

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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Tonton Paul , ou l'opposition "lumière du monde" des médias alternatifs , et invité permanent des merdias officiels,mis en place par...le Kazars Attali.
Que le spectacle commence !
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D. - 10/12/2011 at 8:37 AM GMT
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