La Chine a demandé à des
banques étrangères et à des producteurs d’or de participer au marché de l’or
de Shanghai, à une heure où le plus gros producteur et consommateur de métal
jaune de la planète tente d’accroître son influence sur le prix de l’or et le
marché de l’or global.
Shanghai Gold Exchange
- China Foreign Exchange Trade System
La Shanghai Gold Exchange a
reçu la semaine dernière l’autorisation par la banque centrale de lancer une
plateforme commerciale globale dans la zone de libre-échange de la ville. Le
SGE cherche à lancer des contrats physiques sur l’or, l’argent et les métaux
de groupe platine en yuan sur le marché international.
Selon Reuters :
« Pour
ce qui est de l’or, la Chine cherche à lancer trois contrats en yuans, 100
grammes, un kilo, et 12,5 kilos (la plus grosse barre London Good Delivery).
Le
projet de Pékin d’ouvrir le commerce de l’or fait son apparition alors que le
système de référence du prix de l’or fait l’objet de nombreux examens.
Barclays Plc est la première banque à avoir été punie d’une amende pour avoir
manipulé la semaine dernière le point de référence vieux de 95 ans qu’est le
fixing de l’or de Londres.
SGE aurait selon deux
sources demandé aux banques commerciales telles qu’HSBC, Australia
and New Zealand Banking
Group (ANZ), Standard Chartered et Bank of Nova Scotia de prendre part à sa plateforme commerciale
internationale.
SGE, le plus gros marché
mondial de l’or physique, où banques domestiques, sociétés minières et
détaillants achètent et vendent de l’or, pourrait également décider d’ouvrir
sa plateforme internationale aux maisons de courtage et sociétés minières
étrangères.
« La Chine veut
augmenter son influence sur le prix de l’or », a expliqué Jiang Shu, analyste chez Industrial
Bank, l’une des 12 banques autorisées à importer de l’or en Chine. « Le
marché international est une première étape vers cet objectif ».
« Si nous ne
permettons pas aux étrangers de participer activement sur notre marché et ne
poussons pas les institutions chinoises à participer au marché international,
alors la demande de la Chine n’est qu’un chiffre, et non une
force » ; a-t-il ajouté.
HSBC et Standard Bank ont
refusé de commenter, alors que les autres banques et le SGE n’ont pas été
joignables.
La plateforme globale
accueillera dans un premier temps des contrats physiques au comptant sur l’or
et d’autres métaux précieux, avant de se tourner vers des produits dérivés, a
expliqué une source impliquée dans le lancement du marché international.
« Nous ne nous
contentons pas d’encourager les banques étrangères, nous nous tournons
également vers les producteurs et d’autres entités », a-t-elle ajouté.
La Chine, plus gros
acheteur mondial de matières premières depuis le cuivre jusqu’au charbon,
fait tout son possible pour établir un repère de prix pour un certain nombre
de marchandises.
L'or, comme le pétrole,
pourrait être l’une des premières matières premières à être ouverte aux
étrangers. La zone de libre-échange de Shanghai devrait voir se développer le
trade d’énergie grâce à ses contrats à terme sur le
pétrole.
Des contrats sur l’argent,
le platine et le palladium ont également été discutés, bien que la source ait
spécifié qu’ils n’ont pas encore été finalisés. Ils devraient être lancés au
dernier trimestre de cette année.
Même si la Chine parvenait
à convaincre certains joueurs étrangers, le marché aurait encore besoin
d’établir une convertibilité complète du yuan et des liquidités suffisantes
avant de pouvoir être considéré comme le pair des autres centres mondiaux.
Le fixing de Londres est
actuellement le repère international pour les prix au comptant, alors que les
contrats du Comex représentent le repère de prix international pour les
contrats à terme. Les prix du SGE sont suivis de manière à jauger la demande
chinoise reflétée par les premiums et les rabais sur le prix au comptant.
Un peu plus tôt cette
année, ICBC – en conjonction avec son projet d’acquisition chez Standard Bank
– s’est montrée intéressée par le siège de Deutsche Bank au fixing de
Londres, mais ne le serait désormais plus.
Les flux entrants d'or ont
fait du SGE le plus gros marché physique du monde, avec un turnover de 10.000
tonnes pour ses contrats à livraison immédiate, selon Thomson Reuters GFMS.
Le marché à terme de
Shanghai possède le deuxième contrat à terme le plus échangé de la planète,
bien que le trade soit grandement limité au marché
domestique avec des volumes de 41.176 tonnes enregistrés l’an dernier – loin
derrière les 147.083 tonnes du Comex.
Le marché international et
le marché principal du SGE pourront être joints une fois que le yuan sera
entièrement convertible, a expliqué Albert Cheng, directeur du département
oriental du Conseil mondial de l’or.
« Le SGE pourrait
devenir un marché très important à l’échelle internationale, et Shanghai
pourrait devenir l’un des trois plus gros centres de l’or avec New York et
Londres. Il ne fait aucun doute que la participation au marché international
est l’élément clé des efforts du SGE et de son administration
actuelle ».
Lisez l’article intégral ici.
Conclusion
Les banques, les producteurs
internationaux, les raffineries et les ateliers monétaires se montreront dans
un premier temps hésitants face au marché chinois, notamment sur le court
terme. En revanche, une fois qu’il aura enregistré des volumes suffisants en
Asie et en Chine, il sera embrassé par les institutions occidentales et
pourra devenir l’un des plus gros marchés de l’or du monde.
Voilà qui pourra remettre en
question la dominance de Londres et de New York en tant que centres mondiaux
du commerce des métaux précieux ainsi que leur influence sur les prix. La demande
physique continue de supporter le prix de l’or et finira par en dicter le
prix. Les spéculations et le trading peuvent affecter et ont affecté le prix
sur le court terme.
La demande physique pourra
gagner en importance et mettre fin à la manipulation de l'or, ce qui
permettra au prix de l’or d’atteindre un niveau plus approprié compte tenu
des risques géopolitiques, macroéconomiques, systémiques et monétaires
actuels.