La baisse de 35% du prix du
pétrole enregistrée depuis le mois de juin et la spirale de sanctions
imposées contre la Russie portent un coup sévère au rouble. Les revenus pétroliers
sont nécessaires au gouvernement russe et à son économie dominée par le
pétrole et le gaz. Le rouble poursuit donc sa chute libre entamée en juin
dernier. Il a récemment atteint un nouveau record à la baisse, avec 50,21
roubles pour un dollar – une baisse de 33,55% sur un an, et de 32% depuis
juin.
Suite à l’effondrement de
l’Union soviétique, le rouble a été complètement détruit. Lorsque je suis
allé en Russie pour la première fois en 1996, le taux de change était de 5.000
roubles pour un dollar, et le rouble perdait de la valeur si rapidement que
tous les prix étaient affichés en dollars et payables en roubles au taux de
change du jour. En 1998, pendant la « crise du rouble », la Russie
a fait défaut de sa dette et dévalué sa monnaie jusqu’à ce qu’elle n’ait plus
aucune valeur. Une décision qu’aucun Russe n’oubliera jamais.
L’absence totale de confiance
en le rouble comme réserve de valeur est si profondément ancré que beaucoup
de Russes se retrouvent tentés d’abandonner leurs roubles contre des dollars
ou des euros. Cette absence de confiance va bien au-delà que celle que
peuvent ressentir les Américains face au dollar.
Le graphique ci-dessous
présente l’effondrement du rouble contre le dollar depuis 2003 :
L’effondrement survenu pendant
la crise financière, alors que les Russes tentaient de se débarrasser de
leurs roubles pendant qu’il était encore temps, a été partiellement annulé au
cours des années qui ont suivi. Mais depuis 2011, l’effondremeent du rouble a
recommencé, et son déclin s’est depuis six mois déjà transformé en véritable
chute libre.
Voici un graphique présentant
le déclin des devises. Malheureusement, la hryvnia ukrainienne, qui a perdu
45% face au dollar depuis un an (l’économie et les finances gouvernementales
du pays étant en ruines), n’y apparaît pas. Peut-être est-elle tombée trop
bas. D’autres devises manquent aussi à l’appel.
#Russia has extended its lead in
2014 currency ugly contest. #Ruble down 34%ytd well ahead of
Argentine Peso & Krona. pic.twitter.com/QUd4piTt5Y
— Holger Zschaepitz
(@Schuldensuehner) 29 novembre 2014
Le rouble est en bas de
l’affiche, en-dessous du peso argentin. Mais il est en bonne compagnie. La
couronne norvégienne est en troisième position. En Norvège, un pays riche
très peu peuplé et au fonds souverain immense, la production et l’exportation
de pétrole et de gaz naturel dominent l’économie. Les dégâts des marchés
pétroliers commencent à apparaître. Et le yen ? La banque du Japon tente
désespérément de démolir le yen, bien qu’il demeure bien plus fort que le
forint hongrois et d’autres devises en difficulté qui se trouvent soutenues
par leurs banques centrales désespérées.