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« Plutôt que de nous demander
ce que l'État peut faire pour nous, demandons-nous plutôt ce que
nous pouvons faire sans lui. »
– Yves
Séguin, ministre des Finances du Québec
L'homme en quête
de justice ne saurait se contenter de la légalité qui en tient
lieu. Non pas qu'il rejette toute légalité, il considère
plutôt que celle-ci doit correspondre à celle-là. Ce n'est
pas sans raison si à travers les époques, l'homme en a
présentée plusieurs versions. Il est toujours à la
recherche de la justice universelle. Pareille justice est-elle possible?
Plusieurs pensent être sur la bonne voie, d'autres croient qu'elle
n'est pas de ce monde. Je crois qu'elle est possible ici-bas, mais je crois
également que la majorité s'en éloigne alors qu'elle
croie s'en approcher. Quelles sont les grandes lignes de la conception
libérale de la justice et comment peut-on la comparer aux conceptions
dominantes?
L'universalité
de la justice
Qu'elles soient
religieuses, philosophiques ou politiques, la plupart des conceptions de la
justice se disent universalisables. Qu'est-ce à dire? En son sens le
plus restreint, on dira que la justice est universelle lorsqu'elle s'offre
à tous et chacun. Exclues sont les conceptions de la justice qui
demandent à être imposées. Une justice imposée
à tous est certes universelle, mais elle n'a pas la
légitimité que lui procure l'adhésion libre. Que la
justice soit disponible pour tous est une chose, mais qu'elle soit
désirée par tous en est une autre. Elle doit être
désirable au sens où elle ne nuit pas aux conceptions
particulières de la vie que chacun peut avoir.
La plupart des conceptions populaires de la justice sont rejetées par
plusieurs individus, car elles ne répondent pas aux critères
susmentionnés. On a qu'à penser au débat relatif au
mariage gai. L'Église, comme la plupart des religions, est contre
tandis que la population semble partagée. Les morales
véhiculées par les religions en général sont restrictives
sur ce sujet comme sur bien d'autres. Les morales religieuses sont en ce sens
plus conservatrices vis-à-vis des valeurs traditionnelles que la
morale véhiculée par l'État.
Je parle de « morale d'État », car celui-ci
en propose davantage aujourd'hui que l'Église autrefois. Il s'agit de
morale ou de justice telle que pratiquée dans les
social-démocraties, notamment en Amérique du Nord et en Europe.
Ainsi, les politiciens, influencés par les groupes de pression,
promeuvent une discrimination qu'ils prétendent bonne, voire
réparatrice d'une morale défaillante chez la population en
général. Ils redistribuent les richesses, encouragent la
délation, réglementent et interdisent à profusion, bref
ils imposent leur idée de la morale.
Malgré les nombreuses interdictions, la morale d'État, du moins
la partie qui a trait aux libertés relatives à la
propriété de soi (l'usage que l'homme peut faire de son corps),
est plus permissive que la morale religieuse tout en versant dans l'excès
égalitariste. En effet, lorsqu'on compare ces morales quant aux
restrictions qu'elles décrètent, sur des sujets tels que la
consommation de drogues, la prostitution ou l'avortement, la morale
sociale-démocrate laisse davantage de liberté aux individus.
Cependant, ces libertés de moeurs sont liées, à tort,
à leur financement par les payeurs de taxes. Le résultat est
que nous avons moins de liberté en général et moins de
justice.
Il en va de même des lois et règlements qui visent
l'égalité non pas des individus, mais de l'individu tant qu'il
appartient à certains groupes: femmes, autochtones, «
minorités visibles », « personnes
à mobilité réduite », etc. Les
groupes d'individus ne sont pas que des catégories naturelles comme
l'homme et la femme, mais surtout des catégories artificielles comme
les « minorités culturelles »,
les Montréalais, les mères monoparentales, etc. Celles-ci
peuvent être multipliées à l'infini, de sorte qu'elles se
superposent et deviennent conflictuelles. Pis encore, en tant que
catégories définies et réglementées par les
pratiques étatiques, leurs droits et privilèges ont tendance
à se confondre avec les droits fondamentaux dont elles altèrent
la raison d'être. Autrement dit, les législateurs
démocrates tendent à confondre groupes et individus d'une part,
égalité de droit et égalité économique
d'autre part. Cette justice conduit à une égalité dans
la pauvreté autant économique que morale.
Pour le libertarien, c'est-à-dire un libéral qui va aussi loin
que la raison le mène dans sa démystification du collectivisme,
la morale religieuse pèche par excès de tradition, tandis que
la morale d'État, aveuglée par le pouvoir de contrôler,
confond les genres. En d'autres mots, malgré que ces deux morales
soient restrictives à des degrés différents, la
première est viciée par son refus de s'ouvrir sur le monde, la
seconde en tentant de créer un homme nouveau. Ceux qui croyaient morte
l'utopie socialiste se trompent. Les sociaux-démocrates ont
gardé des socialistes la même idée de la justice, soit de
rendre l'homme « meilleur ». Celle-ci se glisse
aussi insidieusement qu'autrefois dans les esprits et est toujours aussi
dangereuse.
Puisque la morale d'État a force de loi, elle ratisse plus large que
la morale religieuse. Elle s'est pourvue du pouvoir de taxation pour
établir son idée du bien. Malgré qu'elle soit plus
libérale que la morale religieuse relativement à la
propriété « corporelle » (avortement,
sexualité, etc.), elle est corrompue quant à la propriété
de l'individu, soit ce qui lui appartient. Il en est ainsi car le vol et la
fraude sont érigés en système. En ouvrant la porte
à la taxation comme moyen de redistribution visant une
égalité économique, autant des groupes que des
individus, l'homme s'est mis la corde au cou. Il doit reconnaître son
erreur et se débarrasser de cette morale avant qu'elle ne le pende.
L'éthique de la
liberté
Si les conceptions
morales de l'État et de l'Église procèdent toutes deux
d'une idée du bien, l'éthique libérale procède
plutôt de la raison. Celle-ci ne cherche pas tant à
décrire ce qui doit être qu'à dire ce qui est. L'homme a
le pouvoir de penser ce qu'il veut et d'agir autant qu'il ne nuit pas
à autrui. En d'autres mots, la vie et le fruit du travail d'une vie
sont à respecter. Pour l'éthique libérale les interdits
s'arrêtent là.
Notons qu'avant d'être un interdit, le principe de non-agression est un
intérêt universel, soit une pratique à l'avantage de
tous. Du moment que l'homme reconnaît en l'autre son semblable, il
cherche plutôt à coopérer avec lui car c'est dans son
intérêt. On peut donc dire que du point de vue libéral la
raison et la morale ne font qu'un, car la reconnaissance de cette
réalité est requise au maintien de la vie qui est de l'ordre de
la morale au sens traditionnel, c'est-à-dire du devoir être.
Si les conceptions
morales de l'État et de l'Église procèdent toutes deux
d'une idée du bien, l'éthique libérale procède
plutôt de la raison. Celle-ci ne cherche pas tant à
décrire ce qui doit être qu'à dire ce qui est. L'homme a
le pouvoir de penser ce qu'il veut et d'agir autant qu'il ne nuit pas
à autrui. En d'autres mots, la vie et le fruit du travail d'une vie
sont à respecter. Pour l'éthique libérale les interdits
s'arrêtent là.
Notons qu'avant d'être un interdit, le principe de non-agression est un
intérêt universel, soit une pratique à l'avantage de
tous. Du moment que l'homme reconnaît en l'autre son semblable, il cherche
plutôt à coopérer avec lui car c'est dans son
intérêt. On peut donc dire que du point de vue libéral la
raison et la morale ne font qu'un, car la reconnaissance de cette
réalité est requise au maintien de la vie qui est de l'ordre de
la morale au sens traditionnel, c'est-à-dire du devoir être.
André Dorais
André
Dorais a étudié en philosophie et en finance et vit à
Montréal.
Les vues présentées par l’auteur sont
les siennes et peuvent évoluer sans qu’il soit nécessaire
de faire une mise à jour.
Les articles présentés ne constituent en rien une
invitation à réaliser un quelconque investissement. L’auteur, 24hGold ainsi que
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