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LA CONFIANCE NE RÈGNE TOUJOURS PAS

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Published : August 08th, 2014
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Category : Editorials

Ce n’est pas sans d’impérieuses raisons que le gouvernement portugais continue de prétendre que les contribuables ne seront pas mis à contribution à l’occasion du sauvetage de la BES et de la création de Novo Banco. La réglementation communautaire a pu être contournée avec l’assentiment des autorités de Bruxelles, et Mario Draghi a donné aujourd’hui son blanc-seing à l’opération au nom de la BCE, mais la réaction de l’opinion publique portugaise – qui en a déjà vu de toutes les couleurs – est une toute autre affaire.

Le fantôme du scandale politico-financier de la banque BPN, qui a été renflouée par l’État, hante en effet toutes les mémoires portugaises. Personne n’a oublié que des actions – qui traînent un peu trop en longueur, vu les délais de prescription – ont été intentées par la Banque du Portugal contre deux autres banques également : la BPP et la BCP. Trop, c’est trop ! Revendiquer l’utilisation des fonds publics pour sauver ce symbole qu’est la banque de la famille Espirito Santo était impossible pour une coalition gouvernementale qui va affronter le suffrage universel l’année prochaine, déjà dans de mauvaises conditions. Monter un simulacre s’imposait, ce qui a été fait, car le Fonds de résolution est sous tutelle du ministère des finances et fait partie du périmètre pris en considération pour déterminer l’endettement public. Il est financé par les banques, mais l’État a dû se substituer à elles.

On a appris aujourd’hui que les particuliers avaient vidé dans l’urgence leurs dépôts de la BES pour les transférer à Caixa Geral de Depositos (CGD, équivalent de la Caisse des dépôts et consignations en France), ultime refuge public quand toutes les banques privées dévissaient en Bourse (à l’exception de Santander Totta, filiale de l’espagnole Santander). 200 millions d’euros auraient ainsi été déposés à la CGD dans la seule journée de lundi dernier, celle-ci faisant savoir que tous les transferts ne provenaient pas de la BES, ce qui ne fait que conforter l’idée d’un début de panique généralisée. Portugal Telecom, qui a prêté sans être remboursé près d’un milliard d’euros au groupe Espirito Santo, aurait la semaine précédente siphonné ses comptes à la BES – dont il est actionnaire – pour un montant de 180 millions d’euros.

Une telle fuite des dépôts ne conforte pas Novo Banco et accrédite les interrogations sur sa valeur effective, car sa vente est destinée à rembourser le prêt finalement de 3,9 milliards d’euros de l’État au Fonds de résolution. Parmi les zones d’ombre qui subsistent dans le plan gouvernemental figure en bonne place une question : qui va supporter la perte éventuelle si le produit final de la vente se révèle inférieur à ce prêt ? Il est affirmé par la ministre des finances, Maria Luis Albuquerque, que ce seront les banques, mais le Fonds de résolution aura-t-il pas les disponibilités correspondantes dans le laps de temps de deux ans imparti par la Troïka. La question reste ouverte en dépit des assurances données…

Présentée comme visant à diminuer le montant du prêt de l’État, la proposition des banques portugaises de prêter au Fonds plus de 600 millions d’euros, une somme supérieure à celle qu’elle devait lui verser sans espoir de retour a été acceptée. L’État ne prêtera que 3,9 milliards au lieu des 4,4 initialement annoncés. Favorable aux banques en dépit des apparences, le mécanisme revient si l’on y regarde de plus près à ce que les cotisations régulières des banques au Fonds feront un aller et retour à concurrence du montant du prêt consenti, au lieu d’abonder celui-ci…

Dès que l’on s’approche des banques, la méfiance règne, ce qui explique la dégringolade d’hier en Bourse de la BCP (plus de 15%), qui n’a été comblée aujourd’hui que pour moitié. Les ventes à découvert sur le titre de la BCP ont été interdites aujourd’hui, de crainte que des spéculateurs soient à l’œuvre. Mais ne faut-il pas d’abord voir dans cette chute l’effet du désengagement précipité des petits actionnaires ? Comment ceux-ci pourraient-ils ignorer la leçon offerte à l’occasion de la dernière augmentation de capital de la BES, les petits actionnaires qui l’on suivie ayant perdu leur mise en moins de deux mois ? Comment désormais croire à la parole gouvernementale quand la ministre des Finances affirmait encore, le 17 juillet dernier, « nous ne préparons pas la recapitalisation de la BES » et que le gouverneur de la Banque du Portugal affirmait sa solidité ?

L’effondrement du Groupe Espirito Santo n’est pas une affaire strictement portugaise. Les modalités alambiquées du sauvetage de la banque BES donnent un avant-goût de ce que valent les grands principes qui ont présidé à la constitution de l’Union bancaire quand vient le moment de les appliquer. Si les actionnaires et les détenteurs de créances subordonnés de la BES ont bien été mis à contribution, l’État portugais est en effet resté en première ligne dans le cadre d’une nationalisation déguisée s’appuyant sur des fonds publics. Tels sont les faits.

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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