L’économie est un monstre à
deux têtes. La première tête, c’est le commerce de biens et services réels.
L’autre, la fraude financière et les arnaques qui truffent le système
bancaire. Il est parfois difficile de faire la distinction entre les deux. La
couverture médicale peut par exemple être perçue comme étant un véritable
service. En réalité, il s’agit d’un racket d’otages destiné à la
victimisation des patients lorsqu’ils sont au plus faible, grâce à des
protections « premiums » qui peuvent facilement aller jusqu’à
12.000 dollars par an pour un couple marié, même si aucun des deux n’est
malade ou vulnérable. Voyez ce qui arrive à ceux qui ont besoin de trois
points de suture dans les salles d’attentes des services d’urgences.
Le reste de l’économie
comprend majoritairement des gens qui conduisent leur voiture sur des
distances ridicules, qui brûlent de l’essence entre des magasins géants qui
ont été pensés pour détruire les commerces de centre-ville – et qui y sont
parvenus, sous les applaudissements des citoyens dont les villes ont été
détruites (« Nous voulons payer toujours moins ! »).
Mais aujourd’hui, même Walmart
regarde par-dessus son épaule l’effondrement des arrangements complexes qui
lui ont permis de se métastaser au travers de l’Amérique du Nord à la manière
d’un champignon cancéreux. Le globalisme ralentit à mesure que les combines à
la Ponzi gargantuesques basées sur le crédit se dissolvent dette après dette.
Il ne se passera pas longtemps avant que plus personne ne puisse emprunter un
centime et qu’aucune transaction ne puisse être risquée sans que de l’argent
liquide soit impliqué – ce qui pourrait vite devenir une manière peu pratique
de faire des affaires.
C’est principalement le cas
sur les marchés émergents – les pays du monde dont les populations très
larges acceptent de devenir les esclaves d’usines. Le transport de containers
de télévisions écran plat (et des matières premières nécessaires à leur fabrication)
ne pourra plus très bien fonctionner sans lettres de crédit – qui sont des
promesses passées entre les banques et qui assurent un paiement contre
réception d’un produit. Ce système aura du mal à survivre un effondrement de
3,5% de la valeur d’une devise en l’espace d’une nuit, suivi d’une nouvelle
chute de 4% la nuit suivante. Un enfant de huit ans pourrait comprendre ce
genre de choses.
Ma nouvelle théorie de
l’Histoire s’applique parfaitement à la situation globale : les gens
font ce qu’ils font, parce qu’au moment où ils agissent, ils pensent prendre
une bonne décision.
Pour vous donner un exemple,
il y a quelques décennies, l’arrangement suburbain de la vie quotidienne (les
banlieues) semblait être une bonne idée. Il était possible d’acheter un
terrain à trente kilomètres de ce qui était alors un centre urbain
fonctionnel (pas encore obsolète) pour y construire à la va-vite des maisons
peu chères et de mauvaise qualité, y paver de nouvelles rues et y implanter
des centres commerciaux encore plus nuls. Vous avez là une base économique
rêvée. C’était plus ou moins l’utopie de Ronald Reagan.
Mais la situation commence à
tourner au vinaigre, et est trop difficile à régler. Il ne vaut pas le coup
de tout raser pour reconstruire de nouveaux bâtiment encore moins durables.
La jeune génération ne veut même pas vivre dans cette dystopie suburbaine.
Ils la fuient à toutes jambes pour venir se réfugier à Brooklyn, où même à
Troy, dans l’Etat de New York, sur la rivière Hudson. Malheureusement, cette
jeune génération a également fait l’objet de victimisation par le racket du
crédit – renforcé par la révision des régulations sur la banqueroute, qui
rend impossible d’annuler ce genre de dette. Quand les jeunes
commenceront-ils à se révolter ? Leur dette finira par défigurer leur
vie aussi sûrement qu’un séjour militaire au Vietnam l’a fait il y a quarante
ans. Peut-être Siri ne les en a-t-elle pas informés.
La semaine dernière a marqué
un point de tournant pour le système bancaire centralisé et l’illusion selon
laquelle notre mode de vie actuel est doté d’un avenir. La Réserve fédérale
est revenue sur sa décision de faire grimper les taux, et Janet Yellen s’est
retrouvée seule, debout nue sous le regard brûlant de sa propre crédibilité
carbonisée. Une créature larvaire misérable, bougonnant encore devant
« les données » et les « objectifs de croissance
médiane » ainsi que d’autres outils pondus par la grande machine qu’est
le bâtiment Eccles.
La Réserve fédérale elle-même
est la victime de ce mélodrame grandiose, et de l’idée qu’elle puisse jouer
l’économie nationale comme s’il s’agissait d’un pipeau à trois trous. Ce qui
semblait autrefois être une bonne idée, quand Alan Grenspan et Ben Bernanke
entraient en scène, n’est plus que la fraude de toutes les fraudes, celle qui
a rendu possible pour les corporations d’emprunter toujours plus d’argent à
l’avenir et de prétendre que leurs bilans sont en bonne santé. Cette fraude
n’a plus nulle part où se cacher, si ce n’est dans le trou noir qui l’attend
depuis le début. Tout ce que la Fed a encore à faire est de détruire la
valeur du dollar (ou de la sauver ! Juste comme le Vietnam !)
Une semaine intéressante
s’annonce sur les marchés financiers, dont les acteurs ont pu profiter d’un
long et anxieux weekend pour absorber la nouvelle de la mort de la
crédibilité de la Fed. En octobre, attendez-vous à une réévaluation des prix.
D’ici quelques mois, les marchés financiers feront l’objet d’une reprise de
soulagement. Ne vous y laissez pas prendre.
Que reste-t-il de cette économie
monstrueuse à deux têtes si ce n’est conduire d’un Walmart à un autre ?
L’industrie du tatouage ? La meth et les drogues ? La
prostitution ? Les sports professionnels sur écran plat ? Kanye et
Kim ? GTA ? Pensez-vous vraiment que Donald Trump pourra remédier à
tout ça ?