La crise du capitalisme, un manque de capitalisme? -
partie I
Aujourd’hui, respecter les
règles du capitalisme peut sembler être un jeu d’enfants.
En réalité, le capitalisme est un terrain de jeu complexe,
où la concurrence est rude. Le risque d’échec y est
très élevé, et ne permet bien souvent que des profits
limités. Il n’est donc pas étrange que ceux qui
parviennent à réussir puissent être respectés.
En revanche, le vol est un jeu
bien plus simple que le capitalisme. Il offre un risque très faible.
La compétition n’y existe pas. Il n’est même pas
nécessaire d’employer des gens pour qu’il fonctionne. Pour
y participer, il vous suffit de soudoyer le parlement ou d’avoir des
amis bien placés dans la machinerie gouvernementale.
Ceci ne se limite pas uniquement
à l'industrie financière. Toutes les entités
étant aujourd’hui prospères profitent de faveurs du
gouvernement : l’industrie de la guerre, les cartels de
l’éducation et de la santé, les fonctionnaires et leurs
plans de rémunération et de retraite absurdes... La concurrence n’existe plus.
Les marges bénéficiaires sont très
élevées. Avez-vous une idée de la raison pour laquelle
les Etats Unis déclarent la guerre à des pays possédant
d’importantes réserves de pétrole (ou
d’héroïne) ?
Ceux qui ont porté
attention à la situation savent
que les motivations ont changé. Les comportements antisociaux
sont désormais bien mieux récompensés que les
comportements bénéfiques à la société.
Etre l’auteur de fraudes fiscales ou représenter un cartel
soutenu par le gouvernement rapporte bien plus que de fournir un bien ou
service sur le marché, dit marché capitaliste. Une
société atteint un point de basculement lorsque les
énergies et ambitions de ses élites se traduisent par des
comportements antisociaux.
Le viol, le pillage et
l’esclavage sont de retour ! Ils sont aujourd’hui moins
barbares que ce qu’ils étaient, à moins que vous ne soyez
un musulman responsable d’un important dépôt de
pétrole. Aujourd’hui, les victimes sont plus dociles, dans la
mesure où elles n’ont aucune idée de ce qu’il se
passe. Mais dans ses fondements, la situation n’a pas changé.
Il est de moins en moins
profitable de diriger une entreprise de taille moyenne. Une majorité
des hommes d’affaires de petites entreprises baisse les bras. Les taxes
sont trop élevées. Les régulations qui leur sont
imposées sont trop lourdes à porter. La compétition avec
les cartels favorisés par le gouvernement est rude.
L’instabilité monétaire est chronique.
L’économie se délabre, et il n’y a que très
peu d’espoir qu’elle puisse un jour rebondir.
Tant que les comportements
antisociaux seront mieux récompensés que les comportements
bénéfiques à la société, les choses ne
pourront pas être améliorées. La situation pourrait durer
encore longtemps. Au XVIIe siècle, en Espagne, le gouvernement mit
tout en œuvre pour rendre la vie des marchands et fabricants impossible,
dans le même temps que la classe parasite qu’était celle
des aristocrates, des militaires et des employés du gouvernement ne
cessait de s’enrichir. Les marchands payaient de très
importantes sommes d’argent au gouvernement afin de devenir de petits
aristocrates, apprenaient les bonnes manières de la cour afin
d’en obtenir les faveurs et d’abandonner leur vie misérable
d’entrepreneur. Les travailleurs se sont volontairement placés
sous la protection du gouvernement. Les parasites finirent ensuite par
dévorer leur hôte, et l’empire tout entier
s’effondra.
Le déclin de
l’Espagne se poursuivit durant plus d’un siècle
jusqu’à ce qu’en 1701, le petit-fils du roi Louis XIV, qui
ne parlait pas un mot d’Espagnol, soit couronné roi
d’Espagne. Il nomma des conseillers Français qui
l’aidèrent à mettre fin à la corruption et
réformèrent l’administration de l’Espagne sur le
modèle de la France. L’Espagne finit par se rétablir.
Il fut un temps, l’Empire
d’Espagne était le plus grand des Empires. Il
s’étendait de la Californie aux Philippines. Aujourd’hui,
cinq siècles après son apogée, l’Espagne
n’est plus que le lieu de vacances privilégié des Allemands
et des Anglais – jusqu’à ce que son taux de chômage
et son défaut à venir ne viennent à compromettre ce
dernier attrait.
Aujourd’hui, les
conservateurs Américains s’acharnent trop à conserver le
statuquo, malgré sa décrépitude et la corruption qui y
règne. Les libéraux ne semblent pas capables de
s’exprimer sur ce qu’il se passe, et s’en sont
retournés aux platitudes d’antan dignes de dessins animés
satiriques.
Certains pensent que nous faisons
face à une ‘crise du capitalisme’. Selon moi, la crise
dont nous souffrons provient d’un manque de capitalisme, selon la
définition qu’en a donné Adam Smith. La tendance est
aujourd’hui au vol et au parasitisme, et non à la contribution
à la société par le biais de la production de biens et
services qui lui sont utiles. Il n’y a pas besoin de
réfléchir longtemps pour avoir une idée sur la
manière dont tout ceci se terminera.
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