Rassurez-vous c'était un (vieux) poisson
d'avril
Mes chères contrariées, mes chers contrariens,
Qu'est-ce qu'ils sont drôles nos hommes politiques. Moi qui ai
un gros rhume et parle comme canard, entre deux éternuements, je ris,
je ris et je ris encore, au point d'en avoir des quintes de toux.
L'humoriste du jour, c'est notre Président. Fondamentalement,
je l'aime bien notre Président, un type tellement normal qu'il nous
ressemble à tous.
Non, ce qui était drôle aujourd'hui, c'est que
François a repris un sketch de Nicolas (Sarkozy) qui a
été joué aussi par Christine (Lagarde) et toute une
ribambelle de grands humoristes « con-temporains ».
C'est l'histoire de « la crise est finie ».
Christine, elle, avait dit « le pire est derrière
nous », c'était une adaptation très réussie.
François, mais un autre sur ce coup, Fillon, avait fait marrer la
France entière avec son spectacle « la Crise est
finie », quant à Nicolas, c'était des numéros
de « sauveur du monde ». Extraordinaire.
Hollande :
la sortie de crise de l'euro proche, l'union politique pour après 2014
Toujours à la manœuvre pour nous apporter la bonne parole,
notre Agence France-Presse.
« François Hollande a estimé que les pays de
l'Union européenne étaient tout près d'une sortie de crise
de la zone euro et a envisagé une union politique au sein de l'UE
après les élections européennes de 2014. »
« Sur la sortie de la crise de la zone euro, nous en sommes
près, tout près. Parce que nous avons pris les bonnes
décisions au sommet des 28 et 29 juin et que nous avons le devoir de
les appliquer, rapidement. »
Voilà, franchement, c'est génial. Il fallait y penser.
Je comprends pourquoi il est Président et moi pas... Évidemment
! Le coup de l'union politique après les élections
européennes de 2014, quelle blague énorme. Là, vous
pouvez rire (enfin moi je rigole).
Parce que si vous avez lu la phrase suivante, vous avez compris que
les bonnes décisions ont été prises lors du sommet de
juin dernier. C'est vrai que nous sommes en octobre, et que comme le dit
Normal 1er, il faudrait les appliquer rapidement. La
deuxième blague. Notre Président nous confirme bien que rien de
ce que nous décidons à grand renfort de communiqués
victorieux et historiques ne trouve d'applications concrètes.
Il ne se passe rien. L'Europe est au point mort et nos
« amis » allemands ne VEULENT PAS PAYER... Ça,
on en avait parlé hier.
Le président de la République a complété
sa pensée en nous précisant sa volonté.
« Je veux que toutes ces questions soient
réglées d'ici à la fin de l'année. Nous pourrons
alors engager le changement de nos modes de décision, et
l'approfondissement de notre union. Ce sera le grand chantier au début
de l'année 2013. »
Le problème est bien connu de tous les couples de tous les
temps. Ce que Monsieur veut... Madame Merkel ne le veut pas. Et en
général, c'est Madame qui gagne. Enfin, chez moi, c'est comme
ça. Le Patron, c'est ma femme. Demandez à mon idole
l'inspecteur Columbo, il en sait quelque chose.
Non, en revanche, à un moment j'ai arrêté de
rigoler bêtement. Là, notre Président, tout d'un coup, il
ne s'est plus montré drôle du tout. Il a osé nous
dire : « Le pire – c'est-à-dire la crainte d'un éclatement
de la zone euro –, oui, est passé. Mais le meilleur n'est pas
encore là. À nous de le construire. »
Mais là c'est du grand art. L'euro n'explosera pas mais en fait
le meilleur n'est pas sûr. C'est un peu comme le concept de la
croissance zéro.
Enfin, pour faire plaisir à Angela, le président
français s'est prononcé à nouveau pour « une
mutualisation partielle des dettes » dans la zone euro, ce qui a
pour objectif de mettre un petit caillou pointu dans l'escarpin de Frau
Merkel. Pratique à quelques jours d'un sommet... qualifié
d'étape. Un sommet d'étape, dans la novlangue des eurocrates,
est un sommet où rien ne se passe. Mais dire « un sommet
pour rien » n'est pas très vendeur. « Un sommet
d'étape », c'est beaucoup plus chic, et puis nous, les
pigeons d'en bas, on a l'impression que là-haut ça bosse dur
pour nous sauver de notre misère d'ici-bas.
Ensuite, j'ai beaucoup aimé ce passage. « Nous
participons tous à la solidarité, pas seulement les Allemands !
(...) Cessons de penser qu'il n'y aurait qu'un seul pays qui paierait pour
tous les autres. C'est faux ! »
Il a raison notre Président. Soyons justes, nous aussi les
Français, nous devons emprunter de l'argent que nous n'avons pas pour
le verser dans le MES afin que ce machin puisse reprêter nos sous
à des pays carrément en faillite. Que les Allemands ne trouvent
pas cette idée la plus judicieuse du siècle ne me semble pas
très surprenant. Mais c'est vrai que, comme dit ma femme, je vois le
mal partout.
Pour terminer, le clou du spectacle, c'était le sujet des
fameux 3 %. Sublime, carrément époustouflant l'artiste.
« Le chef de l'Etat a enfin réaffirmé
l'objectif pour la France de parvenir à un déficit public de 3
% du PIB à la fin de l'année prochaine, tout en indiquant
qu'une discussion "aura lieu en 2013" au niveau européen au
sujet d'un éventuel report d'un an des objectifs de réduction
du déficit. »
En clair : allez promis, nous passons tous à la casserole
fiscale, mais on sait déjà que ponctionner 30 ou 40 milliards
sur une économie malade et en récession, pardon, je veux dire
en croissance zéro (le mot récession est prohibé, ne
sont autorisées pour le moral du peuple que les terminologies
suivantes : « croissance négative » et / ou
« croissance zéro »), ne peut que nous conduire
au sort de la Grèce, de l'Espagne, ou du Portugal, où chaque
tour de vis entraîne un nouveau dérapage des finances publiques
nécessitant un nouveau plan de rigueur.
François Hollande a donc déjà commencé
à atténuer la position française sur
« l'intangibilité » du respect des 3 % de
déficit du PIB. Nous savions déjà que nous ne réussirions
pas. Mais le voir confirmé par notre Président me remonte le
moral.
À un moment, j'ai vraiment cru que la crise était finie.
Le Figaro
nous dit d'acheter de l'or
Justement Le Figaro, qui est un bien meilleur journal
d'opposition que de majorité – ce qui me fait penser d'ailleurs
que Libération est d'une lecture très pertinente quand la
gauche est dans l'opposition et inversement –, nous dit que c'est le
moment d'acheter des pièces d'or. Et ça, je dois avouer,
j'adore. Car c'est vrai et Le Figaro écrit quelques lignes admirables
sur le sujet.
« L’or ne procure aucun rendement. Sa
particularité est de résister à l’érosion
du pouvoir d’achat de la monnaie. C’est la raison pour
laquelle, en cette période d’incertitude, le lingot d’un
kilo d’or est au plus haut à 44 000 euros.
Mais, pour les petits épargnants ou pour ceux à qui il
n’a pas échappé qu’en cas de crise majeure, il est
plus facile de faire son marché avec des pièces plutôt
qu’avec des lingots ou des barres d’or de 13 kg, le napoléon
constitue une bonne solution de repli. Surtout quand on sait que la
pièce fétiche des Français se traite actuellement avec une
prime de moins de 3 % par rapport aux 5,8064 grammes
d’or fin qu’elle contient. »
Alors, et pour une fois je ne suis pas ironique, chapeau bas à
Roland Laskine du Figaro pour cet article utile et où il
synthétise en quelques lignes l'essentiel sans avoir peur de dire
qu'avec les pièces d'or, en cas de crise grave (comme l'explosion de
l'euro qui ne se produira pas puisqu'on est sauvé), on peut aussi
faire ses courses.
C'est ce que nous disons depuis plusieurs années. Il faut se
préparer. C'est impératif. Ce qui est intéressant, c'est
que le Figaro, lui aussi, devient pessimiste... Il va falloir que j'en parle
à ma femme.
Charles SANNAT
Directeur des
Etudes Economiques AuCOFFRE.com
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