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Pour
agitée qu’elle ait été,
l’année 2011 aura au moins eu un mérite. Elle aura mis
fin à ce qui semblait faire office de paradigme budgétaire
depuis 40 ans : désormais, les États ne sont plus à
l’abri de la faillite, tout comme les entreprises ou les particuliers.
Et de Paris à Berlin, en passant par Athènes, Rome ou Madrid,
l’heure n’est plus aux promesses électorales inconséquentes,
mais à la réduction de déficits pour rassurer les
prêteurs sur les marchés. Crise oblige.
Sommet
après sommet, les décideurs européens ne lésinent
pas sur les propositions : convergence fiscale, réforme des
traités, augmentation des taxes, sanctions automatiques en cas de non respect de normes budgétaires ou encore
approbation des budgets nationaux par le Parlement européen. Mais une
question est pour l’instant relativement absente des débats, en
tout cas en France : comment faire renaître la croissance ?
Et
il serait vain d’espérer colmater le panier percé des
vieux États providence sans se confronter à cette question. Qui
dit croissance, dit création de richesses, et donc recettes fiscales
supplémentaires pour l’État.
Or,
pour cela, l’économie requiert autant de liberté
économique que possible : liberté d’entreprendre et
liberté de circulation des biens et des personnes. En la
matière hélas, la méthode Coué n’est pas
d’une grande aide. La création de richesse ne se décrète
pas et les estimations — plus qu’optimistes — du
gouvernement à 1% de croissance pour l’année 2012
n’y changeront rien. Selon l’OCDE, la croissance ne
dépassera pas les 0,3% l’année prochaine. Autant dire que
les objectifs de réduction de déficit prévu par les responsables
politiques français ont toutes les chances d’échouer.
Ils
ont d’autant plus de chances d’échouer que les freins
à la croissance sont nombreux en France. Limitation du temps de
travail, contraintes administratives, empilement successif de lois,
incessantes évolution règlementaire, taxation trop forte, les
exemples ne manquent pas et le Code du travail français se
révèle d’une incroyable complexité. Autant de
lourdeurs et d’obligations, censées protégé les
salariés français, qui les ont en réalité largement
desservies en bloquant les capacités d’embauche des entreprises,
et donc de développement.
Mais
surtout, la création d’entreprise est encore trop découragée
en France. Bien sûr, le poids des démarches administratives, du
coût personnel et des risques encourus en cas de faillites jouent pour
beaucoup. Mais dès la lecture les livres scolaires, la création
d’entreprise y est déjà faite en termes négatifs.
Difficile de susciter les vocations parmi ceux qui pourraient devenir de
futurs Steve Jobs ou Larry Page français.
Or,
force est de constater qu’en dépit de quelques réformes
marginales, le chantier pour rénover la croissance française
reste largement inoccupé. Les 35h sont toujours en vigueur
malgré des assouplissements, le Code du travail français reste
toujours aussi complexe et abscons, le coût du travail reste encore
très élevé, et les relations en entreprises restent
dominées par le réglementaire au détriment du
contractuel. L’on s’étonne donc que ce sujet ne fasse pas
l’objet de plus de discussions parmi les responsables politiques
français. Car sans croissance, la France n’a aucune chance de
sortir de la crise.
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