La cyber-guerre

Lorsque la technologie de la guerre de transforme, tout le reste change aussi. Leurs réseaux routiers ultramodernes et leurs machines de siège ont permis aux Romains de contrôler le monde Occidental il y a 2000 ans. L’arc long a permis aux Anglais de remporter quelques batailles lors de la Guerre de Cent Ans. Les fusils ont fait tomber le monde à genoux devant les impérialistes Européens des années 1800. Et ainsi de suite après l’invention des chars d’assaut, des avions de chasse et de l’arme nucléaire.

Mais alors que les anciennes technologies ont facilité la tâche qu’est celle de détruire et de tuer, les armes les plus récentes ne font rien sauter, du moins pas directement. Elles perturbent les systèmes informatiques sans avertissement préalable et souvent sans indiquer qui se trouve à l’origine de l’attaque. Après la publication d’America

 the Vulnerable, un ouvrage terrifiant écrit par l’ancien Agent de la Sécurité nationale Joel Brenner, voici en quelques mots à quoi ressemble la cyber-guerre :

Au cours de ces dernières décennies, l’Humanité a greffé tous ses systèmes les plus importants à la colonne vertébrale de l’internet, qui était à l’origine destiné à l’échange de données entre scientifiques – cela signifie que l’efficacité a pris le dessus sur la sécurité. Les données relatives à nos systèmes bancaires, militaires, énergétiques et corporatifs sont aujourd’hui rendues disponibles à n’importe qui. En conséquence, ces systèmes sont des cibles faciles pour les voleurs, les vandales et les ennemis d’une nation.

Les adolescents spécialistes du piratage ont été remplacés en tant que prédateurs numéro 1 par des groupes de crime organisé et des branches encore plus sophistiquées de services militaires et de renseignements. Puisqu’il est plus facile de pénétrer des systèmes informatiques qu’il l’est de détecter la pénétration d’un intrus dans un système, il est pour le moins réaliste de dite que les réseaux militaires, corporatistes et bancaires ont été – et sont – piratés.

Et c'est un problème de taille, parce que lorsqu'un hacker parvient à pénétrer un système, il peut y faire tout ce qu’un utilisateur autorisé peut faire, depuis retirer de l’argent jusqu’à dérober des documents confidentiels et crasher le système tout entier. Il est désormais possible pour les hackers de modifier les paramètres de fonctionnement des générateurs d’énergie jusqu’à les faire exploser, plongeant des millions de personnes dans le noir dans le processus ; de transférer de la monnaie hors d’une banque au point de faire s’effondrer une institution ; et de crasher le mécanisme de compensation du système bancaire d’un pays. Et ce ne sont là que les possibilités les plus connues. D’autres types d’attaques que nous aurions même des difficultés à nous imaginer sont actuellement contemplés par les gouvernements et les mafias du monde.

Tout cela explique pourquoi les conflits qui ont lieu dans le cyberespace attirent de plus en plus l’attention des médias. Voici quelques-uns des articles qui ont récemment fait la une :

The world's first cyberwar has started

Your password isn't enough to keep your info secure on the internet

Norway preparing for cyber war

Cyber war: mutually assured disruption

Scott Knight: preparing for cyber-war

Obama declares global cyberwar

Federal Reserve gets hacked!

US in growing cyber war with China?

Cybersecurity: how preemptive cyberwar is entering the nation's arsenal

Obama granted cyberwar powers

Pourquoi la cyber-guerre est-elle un sujet phare ? Parce qu’imaginons que le système financier soit désormais si complexe, interdépendant et fragile que la moindre perturbation puisse se propager dans l’ensemble du système, la seule question qu’il nous reste à nous poser est quel évènement viendra le premier créer une réaction en chaîne. Une cyber-attaque pourrait aisément tout déclencher.

Quelles chances avons-nous de voir une cyber-attaque se produire ? En se basant sur ce que les gouvernements et corporations veulent bien nous dire (et qui n’est certainement que la plus petite partie visible de l’iceberg), des piratages ont déjà été lancés et il se pourrait qu’une attaque de grande ampleur soit imminente. Le conflit qui oppose la Chine et le Japon en mer de Chine pourrait par exemple traîner les Etats-Unis dans un cyber-conflit, sinon une guerre. Puisque c’est encore là un territoire inexploré, il n’y a aucun moyen de prédire l’impact que cela aurait sur les marchés financiers.

Les cyber-pouvoirs désormais engagés par les gouvernements dans le cadre des cyber-conflits éviscèrent la protection de la liberté et de la vie privée établie par la Constitution. La capacité de mener une cyber-guerre signifie également la capacité de créer un Etat police.

Vue de cette manière, la cyber-guerre n’est autre qu’une raison de plus d’éviter de conserver trop de capital lié à des actifs financiers. Si les banques, maisons de courtage et compagnies d’assurance qui gèrent ces actifs étaient prises d’assaut par des pirates informatiques, qu’adviendrait-il de vos actions et obligations ? C’est une question à laquelle nous ne pouvons répondre, puisque c’est que situation que nous ne connaissons pas. Il est nécessaire pour tout un chacun de détenir des actifs en dehors du système financier. La seule chose que je puisse dire avec certitude est que si une cyber-guerre venait à éclater, votre ferme et votre or seront toujours là.