La démocratie s'appuie sur la démagogie pro-interventionniste

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Published : May 15th, 2008
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Chaque fois que le gouvernement intervient dans un dossier quelconque, que ce soit par une subvention, la création d'un programme, l'octroi d'un privilège légal, une incitation fiscale ou une mesure protectionniste, il privilégie une partie des citoyens qui en bénéficient au détriment de l'ensemble des autres. Les premiers ont intérêt à se mobiliser pour obtenir cette faveur de l'État, parce que l'intervention a un impact important sur leur situation, alors que ça ne change pas grand-chose pour les autres, qui par conséquent s'y intéressent peu. C'est cette dynamique de l'intérêt concentré pour les uns versus l'intérêt dispersé pour les autres que la théorie des choix publics a expliquée il y a quelques décennies.


Cela explique que les débats politiques tendent à dégénérer en dialogue de sourds entre groupes de pression, chacun tentant de tirer le plus possible la couverture de son bord sans se soucier de l'intérêt des autres. Pourquoi se priver d'obtenir un privilège? Dans un système étatiste, si ce n'est pas l'un qui reçoit une faveur, ce sera un autre. Ou bien on est un profiteur, ou bien une victime. Aussi bien crier le plus fort possible pour tenter de l'obtenir.

          Le citoyen ordinaire, celui qui n'est représenté par aucun de ces groupes de pression en tant que contribuable, travailleur et consommateur (sauf peut-être par la Ligue des contribuables) est, lui, systématiquement victime de toutes ces mesures interventionnistes puisqu'il lui est impossible de s'organiser avec d'autres pour faire le poids dans des centaines de dossiers distincts où il n'a pas d'intérêt cruciaux. Aucun citoyen qui n'est pas directement touché n'aura intérêt à dépenser efforts et ressources financières pour se mobiliser spécifiquement contre les subventions à l'exploration minière, la réglementation dans la construction ou le système de gestion de l'offre qui rend les oeufs plus chers, même s'il fait les frais de tous ces programmes. Évidemment, même les membres de lobbies influents (les agriculteurs ultra protégés et subventionnés par exemple) finissent pas être victimes de ce système dans tous les autres aspects de leur vie.


Surenchère en faveur d'interventions de l'État


L'un des effets pervers de la démocratie est donc que nous assistons constamment dans les débats politiques à une surenchère de prises de position démagogiques en faveur d'interventions de l'État. En effet, à droite comme à gauche, presque personne n'a intérêt à tenir un discours anti-interventionniste. Un gouvernement attire l'attention des médias et des groupes de pression non pas en ne faisant rien et en protégeant également les intérêts de tous, mais plutôt en adoptant des mesures spécifiques qui plairont à certains et généreront des manchettes. Les partis d'opposition sont dans la même situation et poussent le gouvernement à intervenir toujours plus, jusqu'à l'absurde. Tous cherchent naturellement à acheter des blocs de votes en promettant mer et monde à chacun de ces groupes de pression. Celui qui réussit à gagner l'appui du plus grand nombre de groupes influents obtient le pouvoir.


Il suffit d'ouvrir un journal ou d'écouter les nouvelles à la télé pour observer cette dynamique à l'oeuvre. Le 23 avril dernier par exemple, on apprenait dans La Presse que « Québec refuse d'intervenir » (c'est le titre de l'article) pour mettre fin au lock-out qui dure depuis un an au Journal de Québec. Scandale!!! L'opposition accuse le gouvernement « de baisser les bras et réclame l'intervention du premier ministre ».

          Et pourtant, comme l'a souligné le ministre du Travail David Whissel, le gouvernement n'a strictement rien à voir dans un tel conflit de travail. « On ne peut pas interférer dans un conflit qui est de nature privée. Il n'y a rien qui commande à l'Assemblée nationale d'agir par législation ou par une loi spéciale pour mettre fin à ce conflit », explique-t-il. Sauf que demander une intervention permet aux partis d'opposition de faire la nouvelle, de montrer leur sympathie pour les travailleurs en lock-out (toujours une bonne chose de s'allier des journalistes) et d'attirer l'attention de tous les résidants de la région de Québec qui sont touchés par ce conflit. Le gouvernement a donc l'odieux d'expliquer qu'il n'y a rien à faire, ce qui lui fait perdre des poids dans ce jeu absurde.


  Même chose dans le dossier de la fermeture de l'usine de Crocs à Saint-Malo. Le Devoir du 23 avril rapportait que le député néo-démocrate Thomas Mulcair dénonce l'absence d'intervention du ministre fédéral du Travail. « Ça prend une intervention. Le gouvernement doit aussi jouer un rôle dans l'économie ». La députée bloquiste Christiane Gagnon déclare de son côté que « Le gouvernement doit cesser d'être passif et s'engager dès maintenant à prendre de telles mesures pour éviter que des choses semblables ne se reproduisent », même si encore une fois le gouvernement ne peut rien faire pour empêcher des transformations économiques inévitables, à part les retarder par de coûteuses subventions. Des milliers d'emplois sont pourtant perdus (et créés) dans de nombreuses petites entreprises tous les jours, ce qui est tout à fait normal et ne fait réagir personne. Mais les politiciens ne font ces déclarations qu'en rapport avec des événements qui touchent suffisamment de gens de manière concentrée pour que ce soit politiquement rentable d'intervenir.

          Des politiciens populistes, qui n'ont pas encore fait d'alliances avec des groupes précis, apparaissent bien de temps en temps pour remettre en question cet ordre des choses et prétendre défendre « le monde ordinaire » plutôt que les groupes de pression les plus influents alliés des « vieux partis ». Mais ils se rendent vite compte qu'il est difficile de marquer des points en politique si on ne joue pas ce jeu. Dans leur discours, le « monde ordinaire » se transmue d'ailleurs rapidement en des groupes sociaux avec des intérêts spécifiques que l'on peut cibler plus facilement et à qui l'on peut promettre des programmes et privilèges distincts, les familles avec enfants par exemple.


Un système collectiviste


La démocratie est un système collectiviste, fondé sur la manipulation démagogique des masses, qui mène depuis plus d'un siècle à toujours plus d'interventionnisme étatique. C'est un système qui mine graduellement la liberté individuelle, au lieu de le faire tout d'un coup comme les tyrannies autoritaires. Dans une société libertarienne, les droits et la propriété des uns et des autres ne seraient pas sujets à un tel marchandage constant.

          Pour changer les choses, il faut d'abord cesser de se laisser manipuler, décrocher du cirque politique et médiatique et arrêter de percevoir le monde comme étant en constant état de crise et nécessitant l'intervention de l'État. Beaucoup de gens sont pessimistes et découragés par rapport à l'avenir de leur société et du monde parce qu'ils se laissent influencer par ce discours hystérique. La réalité devient bien plus rationnelle lorsqu'on cesse par exemple d'absorber passivement la propagande étatiste de masse que sont les nouvelles à la télé et qu'on prend le contrôle de sa consommation d'information en choisissant des sources plus nuancées et pertinentes sur Internet.

          En deuxième lieu, il faut cesser de se faire des illusions sur la démocratie. La liberté et l'imposition de la volonté de la majorité sont des notions antinomiques. Sauf dans des situations rares et exceptionnelles, il est peu probable qu'on fasse avancer la liberté en jouant le jeu démocratique. Ce système ne se maintient en place que parce qu'il s'appuie sur une légitimité populaire. Un pas essentiel vers la libération, quelle que soit la stratégie utilisée, est de lui refuser cette légitimité.

          Ne plus succomber à la manipulation, ne plus adorer de fausses idoles, contrôler sa consommation d'information, réfléchir de façon critique et autonome, et en conséquence de tout cela, améliorer son hygiène mentale: voilà ce qu'il faut faire avant de penser pouvoir changer toute la société.



            

Martin Masse

Le Quebecois Libre


Martin Masse est né à Joliette en 1965. Il est diplômé de l'Université McGill en science politique et en études est-asiatiques. Il a lancé le cybermagazine libertarien Le Québécois Libre en février 1998. Il a été directeur des publications à l’Institut économique de Montréal de 2000 à 2007. Il a traduit en 2003 le best-seller international de Johan Norberg, Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste, publié au Québec par l'Institut économique de Montréal avec les Éditions St-Martin et chez Plon en France.



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Martin Masse est le fondateur et l'éditeur du Québecois Libre.
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