Il y a un peu plus de six mois,
les propriétaires du Baha Mar, un complexe hôtelier des Bahamas qui a coûté 3,5
milliards de dollars, ont déclaré faillite. Le travail bâclé de China State
Construction Company a engendré des délais, qui ont eu pour conséquence de
nombreux problèmes de plomberie et de porosité, ainsi que l’apparition de
fissures à des endroits critiques. Le projet, voué à l’échec, a même causé la
mort de deux ouvriers chinois. Bien que le bâtiment soit à 97% terminé, ses
problèmes structurels le rendent inhabitable. Compte tenu de la capacité qu’ont
les Chinois à construire des villes fantômes, c’est à se demander si ces
équipes de construction ont l’habitude d’ériger des bâtiments qui ne seront
jamais destinés à être habités.
Le Baha Mar peut désormais
rejoindre le mur de la honte des exportations chinoises, sur lequel figurent
déjà les parquets stratifiés qui donnent le cancer, les cloisons sèches
nocives et les Hoverboards explosifs… pour ne nommer qu’eux. Comme s’ils n’avaient
pas assez d’édifices vacants, c’est à se demander si les escrocs de Pékin ne
se sont pas décidés à exporter leurs villes fantômes.
Peut-être l’exportation chinoise
la plus troublante est-elle cependant encore à venir. Pourrait-il s’agir de
la crise financière qui naîtra de l’explosion de la bulle chinoise sur le
crédit de 30 trillions de dollars ? A l’occasion du Forum mondial pour l’économie
de Davos, le professeur d’Harvard, Ken Rogoff, a décrit la bulle chinoise sur
le crédit comme « le dernier gros domino du super-cycle global de la
dette ».
Le Professeur Rogoff pense que
le 1,5% estimé de prêts non-performants détenus par les banques chinoises est
tout aussi fictif que le PIB officiel du pays. Il estime que ce pourcentage
se trouve actuellement entre 6 et 8%.
La croissance des prêts non-performants
chinois est troublante, avec 256% ces six dernières années, alors même que
leur part dans le total des prêts diminuait. Les quantités de dette toxique
qui existent réellement ne sont pas connues, parce que les banques ont
dissimulé ces prêts en les refinançant. Le problème, c’est qu’en Chine, le
crédit croît désormais bien plus rapidement que l’économie.
La Chine ne semble pas prête de
mettre fin à ses mauvaises habitudes incessamment sous peu, et optera
certainement pour un atterrissage en catastrophe. En janvier, les
exportations du pays ont plongé de 11,2% sur un an, et ses importations ont
perdu 18,8%. Les exportations chinoises plongent maintenant depuis quinze
mois.
Le ralentissement de l’économie
rend plus difficile le maintien de la croissance de la dette. Selon Bridge
Water Capital, il faut désormais quatre yuans de dette supplémentaire pour
générer un seul yuan de croissance économique ; un ratio qui était de un
pour un il y a dix ans.
Les haussiers sur l’économie
chinoise vous diraient volontiers que le pays dispose d’une marge d’erreur
illimitée en raison de ses réserves de devises très importantes. Bien que ces
réserves soient effectivement impressionnantes, elles continuent de se trouver
réduites à un rythme alarmant. Il y a un an et demi, la Chine détenait 4
trillions de dollars de devises étrangères. Elles ont été réduites de 700
milliards de de dollars pour atteindre 3,3 trillions de dollars récemment.
Les fuites de capital surpassent de loin le surplus commercial du pays. Et
plus d’un tiers de ce déclin est survenu ces trois derniers mois. C’est à se
demander pendant combien de temps encore Pékin sera capable de mitiger la
chute de valeur de son yuan.
Au vu du rythme auquel croît la
dette, il est impossible de déterminer si les banques chinoises sont en assez
bonne santé pour faire face à une nouvelle vague de défauts. Et en raison du
déclin des réserves, leurs dirigeants ont moins de marge de manœuvre pour
faire face à la dévaluation de leur devise.
Les mégalomanes qui contrôlent l’économie
chinoise le savent très bien. Mais pace que les gouvernements ont l’habitude
de ne penser que sur le court terme, plutôt que de réduire les prêts et de
demander aux banques de se débarrasser de leurs prêts toxiques, ils réduisent
le ratio de provisions que les banques doivent réserver aux prêts toxiques. Cela
vient d’être fait en Chine pour la cinquième fois en douze mois. Cette
dernière réduction a représenté 50 points de base et a vu le ratio passer à
17%.
Après tout, l’une des manières
de garder le contrôle sur les prêts non-performants est d’accroître le nombre
total de prêts (le dénominateur du ratio) et d’espérer que cette nouvelle
création de crédit surpassera le nombre de prêts non-performants. Sur le
court terme, les banques sont poussées à injecter plus de dette dans une
économie déjà surendettée. Les nouveaux prêts chinois ont atteint un record
de 2,51 trillions de yuans en janvier, pour surpasser le 1,9 trillion estimé
par Bloomberg News.
Le nombre de prêts
non-performants en Chine (645 milliards de dollars) est déjà supérieur à ce
que représentait le marché américain des subprimes (600 milliards de dollars)
en 2006.
Les despotes de Pékin finiront
par perdre le contrôle sur leur système bancaire et leur taux de change, ce
qui génèrera des fuites de capital à une vitesse qui s’avèrera bien au-delà
des capacités de leurs réserves de devises. Bien que ces réserves puissent
leur permettre de poursuivre leurs politiques pendant encore quelques mois,
il ne sera qu’une question de temps avant que leur économie apparaisse comme
étant aussi creuse que leurs villes fantômes, et que leur château de cartes
communiste s’effondre.
Mais ce n’est pas qu’un problème
chinois. La suppression des taux d’intérêt par les gouvernements du monde,
ainsi que l’émission de dette dans le but de parvenir aux objectifs de
croissance nationaux, ont débouché sur une croissance du PIB non-productive
et instable – et une mauvaise allocation de capital aujourd’hui sans
précédent. Tout cela vient s’ajouter à une dette qui ne pourra jamais être
remboursée aux taux actuels, et nous garantit une récession globale aux
proportions historiques. Une récession face à laquelle les gouvernements
seront impuissants.