Le bolivar vénézuélien a perdu
45% de sa valeur contre le dollar depuis le début du mois. La devise n’avait
encore jamais enregistré un tel déclin.
Il faut officiellement dix bolivars
pour acheter un dollar. Sur le marché noir, il en faut 2.753 :
Le bolivar n’a presque plus de
valeur. C’est la définition classique de l’hyperinflation.
Voici un extrait de l’article Venezuela’s Currency Just Had the Biggest Monthly Collapse
Ever :
La devise du Venezuela – le
fameux « bolivar fuerte » - s’affaiblit plus encore que ce
qu’avaient anticipé les analystes il y a seulement quelques semaines. La
masse monétaire continue de croître, contre une quantité limitée de dollars
américains.
« Le gouvernement a
commencé à injecter des bolivars dans le système financier à un rythme accru,
ce qui ne cesse plus de réprimer la demande, » a expliqué Asdrubal
Oliveros, directeur d’Ecoanalitica, un cabinet-conseil basé à Caracas.
« Il y a trop de bolivars dans les rues. Les gens ont le choix entre
acheter des produits et acheter des dollars, et ils optent pour les
dollars. »
La devise a perdu 45% de sa
valeur depuis le début du mois, et s’échange désormais à 2.753 bolivars pour
un dollar, selon dolartoday.com, un site qui traque les taux de change à
Caracas. Selon Bloomberg, il s’agirait du plus gros déclin jamais enregistré
par la devise.
« L’économie du Venezuela
influence ce phénomène, » a ajouté Oliveros, avant d’expliquer que le
taux de change pourrait passer à 3.500 voire 4.000 bolivars par dollar sur le
marché noir avant la fin de l’année. « L’inflation continuera de
grimper, il y a un risque de défaut, et la situation politique devient de
plus en plus tendue. Les gens préfèrent protéger leur monnaie. »
Taux officiels et taux
du marché noir
Le Venezuela a maintenu de
stricts contrôles sur sa devise depuis 2003 et dispose aujourd’hui de deux
taux de change – connus sous le nom de taux Dipro et Dicom – de 10 et 661
bolivars par dollar pour les importations prioritaires.
Un bolivar restructuré
Revenons-en à l’article du 10
mars publié par Venezuela
Analysis et intitulé Venezuela Revamps
Currency Exchange System :
Selon le Vice-président de
l’économie, Miguel Perez Abad, le gouvernement va bientôt consolider ses taux
de change de 6 et 13 bolivars pour en faire un taux protégé de 10 bolivars
par dollar, qui sera rendu disponible à toutes les importations vitales
telles que la nourriture, les médicaments, les matières premières et les
retraites des Vénézuéliens établis à l’étranger.
Ce nouveau taux, connu sous le
nom de Dipro, sera utilisé pour les paiements effectués dans les domaines
gouvernementaux de la santé, de la culture, des sports, de la recherche
scientifique, ainsi que dans les situations d’urgence.
Les étudiants vénézuéliens
établis à l’étranger auront également accès au taux Dipro pour financer leurs
études.
Le Vice-président a également
dévoilé un second taux de change flottant connu sous le nom de Dicom, qui
gouvernera toutes les transactions qui ne sont pas couvertes par Dipro.
Dicom fluctuera en fonction de
l’offre et de la demande sur le marché, et sera initialement de 206,92
bolivars par dollar.
Dans le cadre de modifications
cruciales, les chèques de voyage en dollars, que les Vénézuéliens pouvaient
jusqu’à présent obtenir au taux Cencoex de 13,5 bolivars par dollar, ne
seront désormais disponibles qu’au taux Dicom, ce qui représente une
dévaluation de 1.425,9%.
Afin d’obtenir le maximum
autorisé de 2.500 dollars, les Vénézuéliens devront verser 513.300 bolivars,
contre 33.750 bolivars précédemment.
Autre réforme importante
dévoilée hier : la société pétrolière nationale PDVSA vendra désormais
des dollars aux citoyens du pays au taux Dipro de 10 bolivars par dollar,
plutôt qu’au taux précédent de 6,3 bolivars.
Cette décision vise à gonfler
les revenus du géant national du pétrole, qui a besoin de couvrir ses coûts de
production, de rembourser ses dettes et de financer ses programmes sociaux.
Le Venezuela est dans
l’obligation de verser 8,1 milliards de dollars sur les obligations PDVSA à
ses créditeurs internationaux avant la fin de 2016.
En février, le Venezuela n’a
touché que 70 millions de dollars de revenus pétroliers, contre 3 milliards
de dollars en janvier 2014.
Défaut évité, pour le
moment
Le 21 octobre, Venezuela Analysis a publié Venezuela’s
PDVSA Warns of Debt Payment “Difficulties”.
Cinq jours plus tard, Venezuela Analysis a publié PDVSA Secures
$2.8 Billion Bond Swap to Avert Default :
La société pétrolière nationale
PDVSA a annoncé lundi que ses créditeurs avaient accepté d’échanger les 2,8
milliards d’obligations dus en 2017 contre 3,4 milliards d’obligations dus en
2020.
A la fin du mois de septembre,
le géant pétrolier a proposé à ses créditeurs d’échanger leurs 5,325 milliards
de dollars d’obligations dus en 2017 contre des titres payables à 1,22 fois
le capital en 2020.
Avec la date limite de l’accord
approchant rapidement, et moins de la moitié des obligataires prêts à
accepter son offre, PDVSA a prolongé la date butoir trois fois et menacé de
faire défaut si une majorité n’acceptait pas son offre.
Lundi, le jour de l’échéance,
52,57% des créditeurs de la société ont accepté son offre, ce qui a facilité
l’échange de 45,3% de ses obligations dues en avril et novembre 2017, soit un
total de 2,8 milliards de dollars.
Le Ministre pétrolier du
Venezuela et le président de PDVSA, Eulogio Del Pino, ont qualifié l’accord
de « victoire sur les éléments internes et externes ayant parié sur les
résultats négatifs de la société et du pays ».
Bien que les réserves de devises
étrangères du Venezuela aient atteint un record historique à la baisse de
11,8 milliards de dollars, la hausse du prix du pétrole pourrait apporter au
gouvernement 2,5 milliards de revenus supplémentaires cette année, comme
l’explique le Financial Times.
Réserves de dollars du
Venezuela de 2006 à aujourd’hui
Source : Trading Economics
Prix du brut de 2006 à
aujourd’hui
Les réserves de dollars du Venezuela
sont passées de 31 milliards de dollars à environ 21 milliards de dollars
entre le début de l’année 2010 et la mi-2014, malgré la hausse du prix du
pétrole depuis 73 jusqu’à plus de 100 dollars le baril.
A mesure que montent les pressions
sociales, le Président Nicolas Maduro se trouve forcé d’utiliser davantage de
réserves pour acheter de la nourriture et autres produits de première
nécessité pour éviter les troubles civils.
Je ne vois pas comment 2,5
milliards de dollars annuels de revenus pétroliers pourront empêcher un
défaut.
Un prix du baril de 50 ou 70
dollars ne pourrait pas mettre fin à l’hémorragie.
Pour terminer, je me demande ce
qu’empochent les politiciens corrompus lorsqu’ils échangent des bolivars
contre des dollars au taux officiel.