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La dignité selon l'UMP

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Published : December 01st, 2011
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Category : Editorials

 

 

 

 

Nous y sommes. Présentés la semaine dernière par le gouvernement, les contrats de sept heures hebdomadaires pour les allocataires du Revenu de Solidarité Active (RSA) seront mis à l’essai dès le mois prochain dans onze départements. Un nouveau dispositif qui fait voir la face sombre de l'État-providence et trahit au passage une conception étonnante de la « dignité » – celle de l'UMP.



Le travail n'est pas une valeur


N'en déplaise à ses artisans, cette mesure ne rendra pas leur dignité aux bénéficiaires du RSA. En effet, les sept heures de travail hebdomadaires imposées aux allocataires sans emploi ne leur rapportent approximativement que 130 euros par mois, contre les 410 euros garantis par le RSA-socle (dans le cas d'une personne célibataire sans enfant). Il est évident qu'on ne peut rendre sa dignité à quelqu'un en ne lui permettant de « mériter » que le quart de ses revenus. Ce n'est donc pas le RSA qui complète les revenus du travail, mais les revenus du travail qui complètent le RSA.


De plus, il ne suffit pas de travailler pour être digne. Quand bien même ces contrats uniques d'insertion (CUI) suffiraient pour vivre décemment, ils mettent en relief la dépendance des bénéficiaires vis-à-vis de la collectivité, les CUI étant pris en charge à 95% par l'État et les régions.


Ce qui est insultant, ce n'est donc pas cette idée – à première vue raisonnable, mais finalement contestable – que le travail rend digne. Ce qui est insultant, c'est que le gouvernement prétende ménager l'amour-propre des laissés-pour-compte par des moyens qui, précisément, confirment l'impossibilité où se trouvent certaines personnes d'assurer elles-mêmes la satisfaction de leurs propres besoins.


Dès lors, si c'est de dignité que l'on parle, il faut bien comprendre que la ligne de partage ne passe pas entre ceux, d'une part, qui reçoivent de l'argent sans rien faire et ceux, d'autre part, qui gagnent cet argent par leur travail. La ligne de partage passe plutôt entre les revenus ayant pour origine un échange libre et ceux nés d'un échange contraint, autrement dit d'une obligation. Qu'y-a-t-il de commun entre la serveuse que l'on paie pour servir les clients et l'allocataire du RSA auquel on trouve quelque chose à faire pour mériter son allocation et, accessoirement, contenter ces contribuables qui ont l'illusion que leur argent est bien utilisé pourvu que les « assistés » suent un peu ?



Marché et estime de soi


Ce que l'ensemble de la classe politique française refuse d'admettre, c'est que le marché seul, soit la libre confrontation de l'offre et de la demande, peut donner aux gens cette dignité dont l'État se croit le gardien. Car malgré tous les efforts faits dans ce sens, l'allocataire reste, de fait, une espèce de mendiant... à cette différence près qu'il ne communique plus directement avec ses bienfaiteurs et que ces derniers donnent non parce qu'ils le veulent, mais parce qu'ils y sont contraints par la loi. Personne pour dénoncer la destruction du lien social et la « désincrustation de la solidarité » (Pierre Rosanvallon) ?


D'aucuns rétorqueront que dans un contexte de chômage de masse, le contrat de travail est l'expression non d'un échange mais d'une contrainte. Reste que dans de telles conditions, le salaire est la contrepartie d'un travail, et non l'inverse. De plus, mieux vaut une pseudo-contrainte engendrée spontanément par le marché que deux contraintes réelles (l'une imposée aux contribuables via l'impôt, l'autre aux chômeurs par le biais des « contreparties ») créées par l'État – au demeurant responsable du chômage de masse évoqué plus haut.


Par ailleurs, le travail demandé à notre serveuse – pour reprendre cet exemple – répond aux besoins réels d'une entreprise prête à payer pour les satisfaire, tandis que les CUI de sept heures créés par le gouvernement ne répondent que partiellement, voire pas du tout, aux besoins réels de l'économie (d'où le financement public) et s'inscrivent avant tout, de l'aveu même de leurs défenseurs, dans une démarche « pédagogique » vis-à-vis des plus défavorisés. À quand l'obligation de compter les feuilles des arbres pour « mériter ses allocations », « apprécier la valeur de l'argent » et « comprendre ce que travailler veut dire » ?


Vous l'aurez compris, malgré le ton guerrier de ses déclarations et la situation désastreuse des finances publiques, Nicolas Sarkozy n'envisage pas d'en finir avec l'État-providence, tout simplement parce que, dans son esprit, « remettre la France au travail » et « rendre aux gens leur dignité » n'a jamais impliqué de rupture avec la tradition interventionniste de l'État. Et il ne saurait en être question aussi longtemps que l'UMP ne comprendra pas que ce n'est pas le travail en soi qui rend digne, mais l'échange et le sentiment de ne devoir qu'à soi-même et au consentement d'autrui ce que l'on possède.

 

 

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