La crise
financière continue de faire rage en Occident et dans le reste du
monde, et ce n’est pas prêt de s’arrêter si l’on
en croit certaines prévisions récentes.
Cet enfer
économique ne touche toutefois plus tous les pays : le Qatar en est
une des exceptions notables. Et pas des moindres puisqu’elle jouit
d’une croissance à deux chiffres,
là où la France se
réjouit d’un rebond de 0,2%... Il est donc crucial
d’entretenir de bonnes relations commerciales avec ce pays et, en ce
sens, la France y parvient relativement bien puisque les fonds qatariotes ont investi dans de nombreux secteurs de son
économie (immobilier et sport, notamment).
Concernant le
sport, c’est, pour l’instant, un succès. Le fonds
d’investissement Qatar Sport Investments
(QSI) s’est ainsi offert
deux clubs parisiens dans les domaines du football et du handball : le
PSG et le Paris Handball. Ces deux équipes sont désormais dans
une autre dimension. Avant l’arrivée des Qatariotes,
le PSG était dans une situation économico-sportive pour le
moins compliquée.
Aujourd’hui, ce club est en quart de finale de la Champion’s
League et devrait remporter le championnat de
France, s’appuyant, pour cela, sur une équipe de stars. Idem
pour le Paris Handball, renommé depuis Paris Saint-Germain Handball
par QSI et qui pourrait également remporter le championnat de France
de handball, seulement quelques mois après son rachat.
Pour autant
– et même si, une fois de plus, il serait contre-productif pour
les deux pays de cesser ces échanges fructueux – il ne faut pas
fermer les yeux sur le sort des libertés publiques et les agissements
politiques pour le moins ambigus de ce pays sur la scène
internationale.
L’actualité
en la matière est peu réjouissante : tout d’abord,
un poète qatariote, Mohammed al-Ajami, a été arrêté pour avoir
écrit un poème jugé subversif. Le 29 novembre 2012, il a
été condamné par un tribunal de première instance
local. Il a fait appel et sa peine a été réduite
à quinze
années d’emprisonnement. Son avocat a annoncé qu’il
pourvoirait en cassation et a dénoncé un procès
politisé.
Mais, plus
étonnant encore, ce qui peut choquer le plus est le fait que ce
juriste a été obligé de nier le fait que ce poème
– qui inciterait la population à renverser le cheikh du pays,
Hamad ben Khalifa Al-Thani – ait
été prononcé publiquement. En admettant qu’il
l’ait réellement été, ce poète
mérite-t-il pour autant quinze ans de prison ?
Par ailleurs,
selon Amnesty International, la véritable raison pour laquelle il a
fait l’objet de cette lourde peine serait un autre poème
qu’il a également écrit, Poème du jardin, dans lequel il fit l’apologie du
« printemps arabe ».
Si tel est le
cas, cela illustrerait l’hypocrisie du régime qatariote qui, par le biais de sa chaîne de
télévision, Al-Jazira, s’est
toujours autoproclamé héraut des soulèvements populaires
ayant ébranlé le monde arabe.
Malheureusement,
l’affaire al-Ajami n’est pas
isolée et le Qatar se rend trop souvent coupable d’atteintes aux
droits de l’homme, notamment à l’encontre de leurs plus farouches
défenseurs.
Enfin –
et si cela était avéré, son image serait
définitivement entachée – il se pourrait que le Qatar finance
les groupes islamiques au nord du Mali, ayant ainsi accentué les
troubles politiques subis par ce pays, ce qui a conduit à
l’intervention de la France.
Ce serait la
raison pour laquelle les Qatariotes n’ont pas
vraiment réagi aux propos acerbes de Laurent Fabius à leur
égard, concernant la condamnation du poète.
|