C’est avec un stoïcisme
extraordinaire que les médias ont accueilli l’annonce faite il y a une
semaine de la vente test de 5 millions de barils de pétrole provenant des
Réserves stratégiques de pétrole des Etats-Unis, mais ce n’a pas été le cas
du marché – le pétrole brut WTI s’est effondré.
Des analyses approfondies ne
sont pas nécessaires pour démontrer qu’il ne s’agit que d’une tentative de
contracter quelques muscles pour utiliser l’essor de l’énergie américaine
comme rempart contre l’influence énergétique de la Russie en Ukraine et dans
le reste de l’Europe de l’est.
Cette idée ridicule s’est
répandue la semaine dernière, notamment grâce aux républicains de Washington
qui ont suggéré que les Etats-Unis puissent commencer à exporter du gaz
naturel vers l’Europe – une idée absurde dont j’ai déjà parlé plusieurs fois
cette semaine, que ce soit dans mes articles ou à la radio. Cette fantaisie a
désormais gagné le support de la Maison blanche.
Pour remettre les choses dans
leur contexte, le plus récent communiqué de presse relatif aux Réserves
stratégiques des Etats-Unis date de 2011, et a été publié en réponse à un
support coordonné des troupes rebelles en Lybie dans l’objectif de compenser
la perte quotidienne d’un million de barils de pétrole causée par la guerre.
Avant cela, les Réserves stratégiques avaient été utilisées suite à l’ouragan
Katrina ainsi qu’en 1991, pendant Desert Storm. La
tendance est claire : les Réserves stratégiques de pétrole des
Etats-Unis ont été élaborées pour être utilisées dans l’intérêt national
quand des tensions apparaissent sur les marchés – c’est pourquoi la vente
imminente est appelée une vente test.
Il ne s’agit de rien de plus
que du président Obama tentant de passer pour un homme de fer et de donner
plus de crédit à l’idée que l’essor énergétique des Etats-Unis puisse être
utilisé pour contrebalancer l’influence de la Russie dans ses états
satellites et en Union européenne.
Les réserves de gaz naturel se
trouvent là où la Russie a refermé un poing de fer – en Finlande, en
Lettonie, en Pologne, en Hongrie, en Roumanie et en Turquie. Une majorité du
gaz naturel provient de Russie, et est acheminé grâce aux pipelines qui
traversent l’Ukraine. Voilà qui offre à la Russie une mainmise qu’aucun
pouvoir politique ne peut renverser. La Russie a déjà prouvé de sa capacité
et de sa volonté à faire déchanter ses opposants politiques en fermant le
robinet de gaz en 2006 et 2009, une tactique peut-être plus persuasive que le
déploiement de troupes.
Les exportations de gaz
naturel liquide des Etats-Unis, qui visent à diminuer l’influence de la
Russie en Europe de l’est, sont un projet ridicule, et requièrent la
fabrication d’infrastructures commerciales qu’aucune société énergétique ne
serait prête à construire. Mais même une idée aussi absurde peut être
éclipsée par l’impact minuscule que pourrait avoir les ventes des Etats-Unis.
Les 5 millions de barils de pétrole brut représentent moins d’un quart de ce
que les Etats-Unis utilisent chaque jour, bien que les menaces de ventes
futures puissent avoir des effets déstabilisateurs sur les marchés
pétroliers.
Mais ces effets vont à
l’encontre des sociétés énergétiques américaines, et non des Russes. Le
pétrole brut WTI a peut-être subi un impact, celui de Brent n’a pas bougé et
se vend toujours à 108 dollars le baril – la seule influence que l’annonce de
la vente des Réserves stratégiques de pétrole américaines sera en mesure de
faire disparaître est celle des actionnaires d’E+P américaines comme EOG Resources (EOG), Pioneer Natural Resources
(PXD), Continental Resources (CLR), Anadarko Petroleum (APC), Noble Energy
(NBL) et bien d’autres.
Preuve que si vous parlez trop de mauvaises
politiques énergétiques, elles finissent par paraître excellentes. Ma liste
de mauvais choix politiques ne cesse de s’allonger, mais cette plus récente
annonce est l’une des seules à avoir
déjà eu des répercussions. Si je peux conseiller une chose au département de
l’énergie, c’est d’abandonner l’idée d’une vente test – nous savons déjà que
les robinets fonctionnent. Par
Dan Dicker, Inside Investor,
via Oil & Energy Insider
Le premier avertissement a été
émis avant que commence la prise d’assaut du système dollar. Aucun conseiller
de Poutine ne pourra être écarté, si ce n’est par le Ministre russe de
l’économie et ancien directeur de la banque centrale Alexey Ulyukaev. Je vous conseille de lire ceci : Kremlin: If The US Tries To Hurt
Russia's Economy, Russia Will Target The Dollar