Entre les "valeurs républicaines" et la "valeur ajoutée"
(sans oublier la "valeur travail") si chères aux hommes de l'état
du marché politique d'aujourd'hui qui s'y rattachent sans arrêt, les Français
se meurent économiquement et perdent leurs "valeurs".
Le mot "valeur" fait partie de ces mots de l'économie politique,
déformés ou dénaturés de plus en plus, dont l'empilement n'a de cesse malgré
le fait que la "théorie de la valeur" en est le départ.
1. La "valeur
travail" n'existe pas.
La démarche pernicieuse a commencé, d'abord, avec la fausse notion de
"valeur travail" au milieu du XIXème siècle qui télescopait alors,
à la fois, l'organisation ... de la "bourse des valeurs" et le
nouveau concept d'utilité ou d'ophélimité.
Elle s'est poursuivie par la suite jusqu'à aujourd'hui comme le prouvent
nombre de discours d'hommes de l'état, en passant par les ouvrages de Gérard
Debreu à la fin de la décennie 1950 qui n'hésitait pas à écrire que:
"Le premier exemple d'un service économique sera le travail humain. Sa
description est celle de la tâche accomplie [...]" (Debreu,
1960)
La notion de "valeur travail" est en ce sens une absurdité
d'économistes relayés par des politiques.
Et qu'une analyse économique sans concept d'"acte humain", qui
identifie le travail à un résultat d'action comme le faisait Debreu en
évoquant la "tâche accomplie", n'y change rien.
2. La valeur de la chose.
Pour le comprendre, il faut considérer qu'existent des choses
("res" en latin) sensibles aux facultés des personnes juridiques
physiques, vous et moi, à quoi celles-ci donnent séparément, chacune, une
valeur ou non.
N'oublions jamais que :
"La valeur n'est rien d'inhérent aux biens [...]
[n'est] pas une propriété de ceux-ci, ni une chose indépendante existant en
elle-même.
C'est un jugement que les individus font de l'importance des biens [...]
la valeur n'existe pas en dehors de la conscience des individus" (Menger, 1871, pp.120-21)
Toute chose, en nombre ou quantité, est une "valeur".
Et son propriétaire ou son locataire lui donne une "valeur d'usage"
si l'on suit J. Locke cité par J.M. Keynes (1936):
"Locke explique que la monnaie a deux valeurs :
elle possède une valeur d'usage mesurée par le taux de l'intérêt « et en cela
elle a la même nature que la terre, le revenu de l'une étant appelé Rente et
celui de l'autre Intérêt ». (Keynes, 1936, p.356)
3. La valeur de la
marchandise, valeur d'échange.
Les choses sont échangeables ou ne le sont pas.
Elles ne sont pas échangeables pour des raisons juridiques (interdiction,
etc.), techniques (à commencer par "on ne sait pas"...) ou
économiques (coût d'opportunité trop élevé, etc.).
Echangeables, elles sont dénommées "marchandises".
Mais elles cachent que, dans l'avenir, elles peuvent ne plus l'être: il y
attente avec incertitude qu'elles ne le soient plus.
Et il est commun désormais de dire que la marchandise est un
"risque".
Il n'empêche que, de ce fait, une marchandise est une "valeur...
d'échange":
"Locke explique que la monnaie a deux valeurs : [...]
Elle possède ensuite une valeur d'échange « et en cela elle a la nature d'une
marchandise », car sa valeur d'échange « est uniquement fonction du rapport
entre l'abondance ou la rareté de la monnaie et celles des produits ; et «
elle ne dépend nullement du niveau de l'Intérêt ». " ( ibid.)
. La valeur de l'acte
d'échange synallagmatique.
Et échanger une quantité de marchandise contre une autre est un exemple
d'acte d'échange à quoi donnent une "valeur" les personnes
juridiques physiques qui procèdent à l'échange synallagmatique ou au marché,
concept du savant, en question.
Les valeurs en question font intervenir le profit attendu avec incertitude et
le coût d'opportunité de l'acte d'échange.
4. La valeur de la
valeur de la chose: le bien ou le mal.
Si la chose, en quantité ou en nombre, reçoit une valeur d'usage, lui
est aussi donnée, selon le "savant économiste", depuis le XIXè
siècle, une "utilité marginale" (ou une "ophélimité
élémentaire" comme aurait dit Vilfredo Pareto), valeur de la valeur...
Elle devient une chose de type "bien" - en abrégé un
"bien" - si l'utilité marginale ou l'ophélimité élémentaire est
positive.
Sinon, elle devient de type "mal" - un "mal" -.
Rappelons en effet ce qu'a écrit Pareto :
"Les choses qui ont une ophélimité élémentaire appréciable pour le plus
grand nombre d'hommes sont appelées […] des biens économiques". (Pareto,
1896, §31, p.12)
5. La valeur de l'objet
ou du service.
Les choses que tout un chacun peut discerner dans la réalité sont
décomposables par ses soins en deux grandes catégories:
- l'objet matériel ou corporel, et
- le service, chose immatérielle ou incorporelle.
Comme l'écrivait Mises:
"Un bien économique ne doit pas nécessairement être incorporé dans
quelque chose de tangible.
Les biens
économiques non matériels sont dénommés services".
"An economic good does not necessarily have to be embodied in a
tangible thing.
Non material economic
goods are called services" (Mises, 1949, p.94)
Mais, selon les uns, l'objet est essentiel, selon d'autres, c'est le service
qui l'est, selon des troisièmes, il existe une relation entre objet et
service à ne pas mettre de côté dans l'analyse et sur quoi il faut se situer.
Selon Frédéric Bastiat,
au XIXè siècle, qui privilégiait la notion de service, il fallait aussi faire
intervenir les circonstances qui contribuent à augmenter ou à diminuer le
principe de la valeur.
5.a. L'utilité marginale
ou l'ophélimité élémentaire.
Bref, seuls, vous ou moi, rendons ou procurons des (quantités de) choses, et
non pas les choses elles-mêmes.
Le cas échéant, on identifie le bien (ou le mal) à telle ou telle quantité de
chose, ce qui amène aussi à voir dans la "valeur" une quantité de
chose...
Mais attention aux propos ambigus, voire dénaturant, de Pareto du type:
"Toute chose qui, soit directement, soit indirectement, par les services
qu'elle rend ou les autres choses qu'elle procure, a une ophélimité
élémentaire appréciable par un individu, est dite bien économique pour cet
individu" (Pareto,
1896, §31 )
5.b. Les services.
Il existe des services, i.e. des choses immatérielles ou incorporelles, qui
sont des actes d'échange menés par les gens, par vous et moi, sur quoi on ne
met pas l'accent.
Et, ex post,
les services sont des résultats qui cachent les actes antérieurs effectués.
En tous les cas, ils sont de type jugé "bien" ou "mal",
comme peuvent l'être les quantités ou nombre d'objets.
5.c. Le mythe des biens et
services.
Il est
classique aujourd'hui d'entendre parler des "biens et services" en
général et d'en voir proposer une mesure - par l'utilisation de la
"comptabilité nationale" - qui n'est autre que le "produit
intérieur brut".
Mais la distinction est fallacieuse.
Il n'existe pas des biens et services.
Il y a soit des biens, soit des objets et des services (cf. ce texte
de juin 2014 ).
Le service n'est pas un objet comme certains le supposent, explicitement ou
non.
La fausse approche des biens et services rejoint celle de la valeur.
La jonction se produit quand le mot "valeur" désigne sans distinction
bien ou service.
Et l'une s'appuie à l'autre.
Dans ce cas, le mot "valeur" désigne autant des biens que des
services qu'il n'est pas possible de séparer les uns des autres, malgré le
souci de l'économie politique d'y parvenir.
Ainsi, par exemple, le "produit intérieur brut"
(P.I.B.), "somme des valeurs ajoutées" du pays comme le veut en
principe la comptabilité nationale, varie arbitrairement en raison des prix
ou des quantités considérés par les comptables nationaux et donne lieu à des
combats à n'en plus finir entre pseudo-économistes qui ont pour point de
départ ce faux fait du P.I.B., véritable forfait.
Et un des domaines de l'économie politique a approfondi l'absurdité en
introduisant, en particulier, la fausse notion de "valeur travail".
5.d. Il n'y a pas de
service "non marchand".
L'imposture est totale quand le mot "service" est prolongé par un
qualificatif qui le déforme ou le dénature et devient, par exemple,
"service non marchand".
Le service, acte d'échange de l'être humain, personne juridique physique, est
nécessairement échangeable dès lors qu'il est mené, c'est fondamentalement
une marchandise.
A l'opposé, le "service non marchand" est un oxymore sauf à
transformer, sans le préciser, le mot "service" et à y voir, le
plus souvent, un département dont on ne précise pas l'organisation d'où il
procède ou bien à y faire intervenir la réglementation (en vérité,
l'interdiction.
6. La "valeur
travail" est une imposture.
La "valeur" fait enfin référence aux prix en monnaie et quantités
des marchandises, résultats des échanges synallagmatiques - des actions
économiques d'untel et untel - ou de l'offre et de la demande - du
"marché", concept cher au savant officiel -.
Mais la démarche est fallacieuse là encore.
Le prix en monnaie d'une marchandise n'est jamais qu'un taux d'échange convenu ou consenti, donc résultat:
« 269. Une marchandise en laquelle s'expriment les prix des autres
marchandises, est un numéraire ou une monnaie.” (Pareto, op.cit.)
Le prix en monnaie d'une marchandise n'est aussi qu'une quantité de monnaie
unitaire, résultat (sous entendu, par marchandise autre).
Et l'unité des quantités de monnaie unitaires est prise pour "unité de
compte".
Les prix en monnaie ou les quantités (ou nombres) des marchandises sont donc
des "valeurs" de même nature malgré des noms différents.
Ce sont des "valeurs" ex
post signifiant des quantités intimement liées par les personnes
juridiques physiques, mais sans valeur pour l'avenir.
Il en est ainsi du service "travail" en propriété de chacun.
La "valeur travail" ne signifie donc rien, sinon contribuer à
cacher la "valeur" que chacun donne au travail qu'il mène, qui
n'est connu que de lui-même, ex
ante, et que ses prosélytes prétendent faussement connaître et
crient à tue-tête dans le "marché du travail" - qu'ils dénomment
aussi pour l'occasion "marché de l'emploi"! -.