Les
discours néo-conservateurs ont récemment cessé de
prêcher l’élection du gouverneur Texan Rick Perry en tant
que président des Etats-Unis pour le dénigrer sous prétexte
qu’il ait critiqué trop lourdement la Réserve
Fédérale. Il a par là en quelque sorte été
puni pour son discours dans lequel il déclarait l’impression
massive de billets de banques par la Fed comme étant un danger pour
l’économie et un acte de trahison.
Le
gouverneur Perry aurait-il pu utiliser le terme ‘trahison’ tel
que le définit la section 3 de l’article 3 de la
Constitution ?
Tout acte de trahison envers les
Etats-Unis consistera en une déclaration de guerre envers ces derniers
aussi bien qu’en un soutien de ses ennemis par la procuration de toute
aide ou confort.
Les
seuls Américains à jamais avoir été coupables
d’un tel type de trahison son indéniablement Abraham Lincoln et
son cabinet, le ‘Civil War Congress’, les commandants de l’armée
de l’union, ainsi que tous les militaires volontaires ayant pris part
à la répression des Etats du sud lors de leur tentative de
gagner l’indépendance. Cette guerre lancée contre les
Etats du sud représente l’exemple ultime d’un acte de
trahison comme le décrit la Constitution.
Lincoln
avait révisé cette définition de la trahison, ne la
réduisant plus qu’à la critique de son propre
gouvernement. C’est cette définition même qui fut
longtemps la favorite des analystes Américains, à commencer par
Daniel Webster qui avait tenté de la définir comme telle lors
d’un débat mené face au sénateur de Caroline du
Sud Robert Hayne. Lincoln avait simplement
adopté le subterfuge de Webster dans le but de lui permettre de mener
une guerre qui aurait autrement représenté un contournement de
la Constitution.
Où
la Fed se positionne-t-elle dans toute cette histoire ? Le gouverneur
Perry se trouvait-il en son plein droit de critiquer la Fed
d’irresponsabilité délibérée et de
trahison ? Selon la définition qu’en donne la Constitution,
la Fed n’est pas coupable de trahison. Mais qu’en serait-il si
elle se trouvait être le bras droit financier du gouvernement
constitutionnel des Etats-Unis depuis sa création en 1913 ? La
Fed est en effet venue en aide aux Etats-Unis lorsque ces derniers se
lançaient dans des guerres inconstitutionnelles et autres aventures
militaires. Pour citer un exemple, nous pourrions parler de la guerre contre
la Corée. Le Congrès ne déclare plus la guerre, comme le
requiers la Constitution, et ne se contente plus que de déguiser les
coûts des combats grâce à la création de dette et
de monnaie par la Fed. Sans la Fed, il y aurait eu énormément
moins de guerres inconstitutionnelles ces soixante dernières années,
et les guerres qui auraient malgré tout éclaté se seraient
trouvées être beaucoup plus courtes.
La
première guerre mondiale fut un cauchemar pour les libertés
civiles aux Etats-Unis, par le simple fait que le gouvernement ait pu
enfermer ses citoyens pour des crimes tels que la lecture de pamphlet sur les
places publiques. La Fed fut à l’origine du financement
d’environ un quart de cette guerre, et se trouve de ce fait être
responsable de ces atrocités. Le même exemple peut être
cité pour la seconde guerre mondiale ainsi que toutes les guerres qui
s’en sont suivi, jusqu’aux plus récentes. Le pouvoir de
l’Etat se voit de plus en plus utilisé afin de restreindre les
pouvoirs de ses citoyens (bien que cela ne soit fait au nom de la
préservation de ces mêmes libertés).
La
seconde guerre mondiale a également permis de conférer un
certain rôle socialiste au gouvernement à travers le lancement
du plan ‘War Socialism’,
qui constituait en la nationalisation de nombreuses industries et en
l’imposition de prix et de quotas de production fixes. Toute tentative
de contrôle de prix constitue en une violation de la Constitution des
Etats-Unis, qui interdit les lois abolissant les contrats légaux tels
que ceux existants entre un marchand et un acheteur, ou encore entre un
employeur et un employé. Cette loi, ainsi que la plupart des textes de
la Constitution, était simplement passée outre durant la
première guerre mondiale ainsi qu’au cours des décennies
qui s’en sont suivies, particulièrement sous
l’administration Roosevelt. La Fed représentait un instrument du
financement de telles interventions.
Dans
son livre, Takings, l’étudiant en droit
Richard Epstein explique que les deux programmes que sont le New Deal et la
Great Society sont l’un comme l’autre inconstitutionnels selon
l’actuelle Constitution, et ce malgré le fait que de nombreux
avocats aient travaillé à la réécriture de cette
dernière afin qu’elle ne représente plus pour le
gouvernement qu’un prédateur édenté. Tous les
programmes gouvernementaux ont été en partie financés
par la Fed.
L’acte
original de la Constitution énumérait quelques pouvoirs
conférés au gouvernement fédéral dans la section
8 de l’article 1. Tous les autres pouvoirs étaient
réservés aux citoyens et Etats vivant sous le dixième
amendement, ce que Thomas Jefferson considérait être la pierre
d’angle du document. En 1913, la création de la Fed
représenta l’un des derniers clous ayant permis de sceller le
cercueil de la Constitution de Jefferson. Tous les pouvoirs se virent
centralisés à Washington, et tous les Etats devinrent des
franchises du gouvernement centralisé qui put dès lors les
soumettre aisément à son vouloir par le biais
d’amendements ou de menaces.
Grâce
à la Fed, les présidents des Etats-Unis sont en mesure de se
comporter en véritables dictateurs, pouvant jusqu’à
ordonner le largage de bombes ci et là sans aucun risque de se voir
réprimander par le Congrès ou par qui que ce soit
d’autre. Grâce à la Fed, la majorité des
Américains n’ont aucun pouvoir quant à l’expansion
infinie de leur gouvernement. Ils ne sont pas réellement en la
possession de quelque liberté d’expression. Il en va de
même pour toutes les corporations recevant un soutien gouvernemental.
Le gouvernement a acquis un tel pouvoir qu’il est en mesure
d’utiliser ses pouvoirs de régulation afin de ruiner toute
entreprise ou individu qui ose s’opposer à lui. Ainsi, la Fed
n’est pas responsable de mener une guerre contre les Etats, qui
constituerait un acte de trahison selon la Constitution, mais joue un
rôle majeur quant à la destruction du système
fédéral de droit des Etats ayant été
établis par les fondateurs des Etats-Unis. Le gouverneur Perry
pourrait certainement se voir gagner en popularité face à Ron
Paul s’il se décidait à articuler sa campagne autour de
ce débat.
Thomas DiLorenzo
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