La semaine dernière ne
nous a rien apporté de nouveau.
Il s’agissait il faut le
dire d’une semaine de vacances. La majorité des traders de Wall Street ont
quitté leur salle de marché bien avant mercredi. Les volumes ont été très
légers, ce qui a permis aux traders qui se trouvaient encore au gouvernail d’en
faire à leur guise sur le marché.
Tenter de donner du sens
à la semaine passée est donc un exercice injustifié. Mieux vaut nous concentrer
sur la vue d’ensemble.
La Fed a mis fin à ses
programmes de QE. En conséquence, l’attention des investisseurs s’est tournée
vers la hausse éventuelle des taux d’intérêt. Surviendra-t-elle mi-2015 ?
Avant ? Après ?
En réalité, tout cela n’est
que théâtre politique. Nous n’avons pas eu de Fed combattante depuis plus de
vingt ans (voire trente). Aussi loin que Greenspan, Bernanke et Yellen soient
concernés, la réponse à bon nombre des problèmes du système financier a été
de maintenir les taux d’intérêt trop bas, d’imprimer de la nouvelle monnaie
et d’acheter des actifs à Wall Street.
Pourquoi cela a-t-il une
quelconque importance ? Parce que comme nous avons pu le voir ces vingt
dernières années, dès que des problèmes se présentent, la Fed fait s’effondrer
les taux d’intérêt et rallume la planche à billets. Compte tenu de la
fragilité de l’économie globale et des marchés financiers, les chances que
nous avons de voir la Fed rehausser les intérêts sont quasiment nulles.
Ben Bernanke a
en effet annoncé à un groupe de membres de hedge funds que les taux de
devraient pas être normalisés de son vivant (il a aujourd’hui 61 ans, donc
nous devrions selon lui encore avoir à attendre vingt ou trente ans).
Une fois de plus, tout
cela n’est que théâtre politique. Pour les marchés, ce ne sont pas les taux d’intérêt
qui ont le plus d’importance. C’est le dollar. Pendant plus de quarante ans,
le monde a emprunté des dollars pour financer les développements immobiliers,
des projets d’infrastructures, les fusions et acquisitions, les projets de
recherche et développement, et plus encore. A l’heure actuelle, à l’échelle
globale, les corporations et les investisseurs se sont endettés à hauteur de
plus de 9 trillions de dollars pour financer d’autres investissements.
Pour mettre cette somme
en perspective, sachez qu’elle représente le total combiné des économies
japonaise et allemande (qui sont la troisième et la quatrième plus
importantes économies du monde).
Pourquoi nous en soucier ?
Parce que lorsque nous
empruntons des dollars pour investir ailleurs, nous ouvrons une position à
découvert sur le dollar. Et dès le dollar recommence à grimper, nous risquons
gros.
Jetez un œil à ce
graphique :
Il s’agit de la plus
importante tendance graphique de l’histoire financière. Un gigantesque biseau
descendant qui s’étend sur plus de quarante ans. Quand la tendance se
retournera, nous ferons potentiellement face à un marché haussier du dollar
de plus de cinq ans qui pourrait porter la devise à 120 sinon 130.
Et nous venons tout
juste d’enregistrer un point de rupture.
Le monde croule sous la
dette, dont une grande partie est empruntée en dollars. Quand le grand
désendettement commencera, le dollar flambera à mesure que les investisseurs
se trouveront forcés de rembourser leur dette (réduisant ainsi la quantité de
dollars dans le système financier) ou de faire défaut.
Voilà qui génèrerait
tout autour du globe un effondrement massif des prix des actifs. Tout ce qui
aura été financé par des dollars peu chers verra son prix s’écrouler. Des
sociétés tout entières feront faillite… ainsi que des nations souveraines.
Et ce processus vient
seulement de commencer. C’est pourquoi les devises des marchés émergents d’effondrent.
Le real brésilien a perdu plus de 20% de sa valeur contre le dollar au cours
de ces six derniers mois. Le dollar australien a quant à lui perdu 16%. Et la
liste est longue.
Le plus important n’est
pas les taux d’intérêt… mais le fait que l’ère d’un dollar peu cher pour
financer tout et n’importe quoi a pris fin. Et les évènements à venir n’épargneront
pas ce qui repose sur des dollars peu chers (y compris les actions et les
obligations).
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