La Fed et les autres
banques centrales ne se concentrent désormais plus sur la croissance, mais
sur l’inflation.
Et voici pourquoi :
elles ne sont pas parvenues à relancer la croissance, la déflation de la
dette est leur ennemie jurée, et le mieux qu’elles puissent faire est de
favoriser l’inflation pour faciliter le remboursement de la dette.
Mais en maintenant les
taux d’intérêt proches de zéro, la Fed a libéré sa pire ennemie : la
déflation… et plus particulièrement la déflation des dépenses des
consommateurs et de la psychologie des consommateurs… qui sont essentielles à
l’économie des Etats-Unis.
Voilà qui semble
complètement contre-productif, mais penchons-nous sur quelques points :
Si vous êtes retraité ou
approchez de l’âge de la retraite, votre souci premier est d’avoir
suffisamment d’argent pour profiter de votre retraite et, si possible, de
laisser quelque chose à vos enfants et petits-enfants.
Puisque vous ne
travaillez plus, votre argent provient des intérêts issus du capital que vous
avez mis de côté jusqu’alors.
Si vous aviez épargné un
million de dollars, et que les taux d’intérêt étaient de 4%, vos revenus d’intérêts
s’élèveraient à 40.000 dollars par an, ce qui est plutôt bien si vous avez terminé
de rembourser votre maison et avez acquis les autres biens matériels associés
au Rêve américain.
En revanche, si vous
avez épargné un million de dollars et que les taux d’intérêt sont, comme
aujourd’hui, de 0,25%, vos revenus d’intérêts ne sont que de 2.500 dollars
par an.
Ce qui est extrêmement
déflationniste, parce que vous ne tirez quasiment rien de votre épargne, ce
qui signifie que pour survivre, il vous faut dépenser ce que vous avez
épargné.
Votre capital total s’en
trouve réduit, ainsi que votre potentiel d’enregistrer davantage de revenus d’intérêts
dans le futur (le capital dont vous disposez pour générer des intérêts dans
le futur se trouve réduit).
Dans une telle
situation, vous aurez plus tendance à devenir plus frugal et attentif à vos
dépenses que de devenir plus dépensier, parce que vous tirez bien moins de
revenus de votre capital que ce que vous aviez espéré.
En conséquence, vos
dépenses diminuent et vous entrez dans une sorte d’ « hibernation
de capital ». Vous n’aurez que très peu de chances d’investir votre
argent sur des investissements à risque, parce que vous êtes plus inquiet par
la perte de capital que vous n’êtes intéressé par les gains potentiels de
capital.
Vous vous concentrez sur
les revenus d’intérêts plus que sur les gains de capital. Combien existe-t-il
de spéculateurs sur séance de plus de soixante ans ? Combien d’individus
rêvent de travailler toute leur vie juste pour pouvoir commencer à prendre
des paris sur le marché boursier dès la retraite ?
La réponse est zéro. La
Fed, en diminuant les taux d’intérêt et s’engageant dans des programmes de
QE, a réduit les rendements potentiels du capital de la génération des
baby-boomers. Les dépenses des consommateurs s’en sont trouvées réduites (les
baby-boomers représentent la plus grande part du capital aux Etats-Unis) et
tout ce qui aurait pu ressembler à une reprise économique a été entaché.
En conséquence, les
investisseurs ont accru leur effet de levier pour améliorer leurs rendements.
Aujourd’hui, le système financier est plus endetté encore qu’il ne l’était en
2007.
Et nous savons ce qui
est arrivé ensuite.
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