La réponse à la question
ci-dessus est « oui et non ». Si la question sous-entend que la Fed
ait recours à une combinaison de politiques monétaires et de pressions dans
un effort de forcer les prix des actions à la hausse, alors la réponse est
oui. En revanche, si elle sous-entend que la Fed achète des contrats à terme
ou des ETF afin de soutenir le marché boursier, alors la réponse est très
certainement non.
Il n’est un secret pour personne
que la Fed d’aujourd’hui prenne en considération les performances du marché
boursier lorsqu’elle décide des politiques monétaires à adopter. A dire vrai,
au cours de ces huit dernières années, la Fed a ouvertement cherché à faire
grimper la valeur des actions, dans l’idée qu’une hausse des prix des actions
encourage les consommateurs à dépenser et donc renforce l’économie. Il est
également évident que les déclarations publiques des représentants de la Fed
soient souvent influencées par les récentes performances du marché boursier.
Par exemple, au lendemain d’un effondrement du marché boursier, il y a fort à
parier qu’au moins un gouverneur de la Fed suggère publiquement d’adopter des
politiques monétaires plus souples. En revanche, l’idée selon laquelle la Fed
ferait grimper les prix des actions au travers de l’achat de contrats à terme
et d’ETF n’est que fantaisie.
Un contre-argument évident est
que certaines banques centrales, comme la Banque du Japon, sont connues pour
avoir acheté des ETF dans le cadre de leurs efforts de soutenir l’activité
économique. Pourquoi donc ne devrions-nous pas croire que la Fed a suivi la
même voie ?
Ma réponse est la suivante :
comment savons-nous que la Banque du Japon et d’autres ont effectué des
achats liés au marché boursier ? Nous le savons parce que ces achats n’ont
pas eu lieu en secret. Ils ont été ouvertement déclarés.
Le faire ouvertement est la
seule solution qu’ont les banques centrales pour intervenir sur le marché
boursier, notamment si leurs interventions sont suffisamment importantes pour
avoir des effets significatifs sur le marché dans son ensemble. Une banque
centrale qui tenterait secrètement de soutenir le marché haussier au travers
d’achats directs ressemblerait à un éléphant qui tenterait de traverser votre
salon sans être aperçu. Les preuves de leurs interventions seraient
évidentes. Elles laisseraient derrière elles des traces documentaires, et
beaucoup de gens devraient être impliqués, ce qui multiplierait le nombre de
dénonciateurs potentiels.
Un autre contre-argument veut
que la Fed achète des instruments liés aux actions au travers d’intermédiaires,
comme des banques privées.
Si la Fed faisait des
acquisitions sur le marché boursier, il ne fait aucun doute qu’elle
choisirait de passer par un intermédiaire, mais cela ne lui permettrait pas
de garder ses achats secrets. Par exemple, les achats d’obligations de la Fed
ont été effectués par le biais d’intermédiaires, et les preuves de ces achats
sont évidentes sur ses bilans. Une majorité des participants au marché savent
parfaitement ce qu’a fait la Fed.
L’idée que la Fed achète et
vende secrètement des actions sur le marché boursier dans un effort de
maintenir la tendance haussière est donc ridicule. En revanche, l’idée que la
Fed intervienne continuellement et directement sur le marché boursier n’est
pas si tirée par les cheveux. Il est en effet très probable qu’elle le fasse
dans un futur proche. Mais le jour où elle adoptera une telle position, il n’y
aura nul besoin d’émettre des hypothèses, parce que ces actions seront
annoncées publiquement et en avance, de la même manière que l’ont été ses
programmes d’achat d’obligations.