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La fièvre de l’abandon de l’euro se propage au sein de l’établissement Français

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Published : November 08th, 2013
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Par Ambrose Evans-Pritchard
The Telegraph, Londres
Lundi 21 octobre 2013

L’idée une dissolution de l’Union Monétaire Européenne commence à se frayer un chemin au sommet de l’établissement de politique étrangère en France et au cœur même du groupe des partisans de l’Europe.

Un livre extraordinaire publié par François Heisbourg intitulé "La Fin du Rêve Européen" demande à ce que le cancer de l’Europe soit soigné pour que puisse être sauvée l’Union Européenne avant qu’il ne soit trop tard.

‘Le rêve a laissé place au cauchemar. Nous devons accepter la réalité. L’Union Européenne est menacée par l’euro. Les tentatives actuelles de sauver la monnaie unique mettent en danger l’Union’.

‘Il n’y a rien de pire que d’avoir à confronter les matins blêmes d’une crise interminable, mais nous ne pourrons pas l’éviter en niant la réalité, et Dieu sait que nous sommes dans le déni depuis maintenant un certain temps. Il est le mode opératoire de ceux qui sont en charge des institutions’.


Viendra un jour où les dirigeants Européens devront relancer l’euro, mais ce jour ne viendra pas avant qu’ils aient établi les fondations fédéralistes nécessaires , et uniquement parmi ceux qui seront prêts à accepter toutes les implications d’une devise fédérale.

L’appel à un abandon de l’euro pour le bien de l’Europe est un développement intéressant. Nous en avons déjà entendu parler de la bouche du parti Allemand anti-euro, mais ses motifs sont différents. Le livre d’Heisbourg met en question la doctrine Merkel (largement rhétorique, contredit par les actions de l’Allemagne) qui voudrait qu’un abandon de l’Union Monétaire Européenne réveille les vieux démons du XXe siècle.

Oui, une désintégration de l’euro pourrait avoir des conséquences calamiteuses si les évènements, après des années de crise, devenaient hors de contrôle – ce qui se passe actuellement – mais de quel type d’argument s’agit-il ici ? Une telle chose ne pourra se produire que si on la laisse se produire. Il est temps que quelqu’un, parmi les élites Européennes, expose ce Quatsch sentimental pour ce qu’il est.

Le professeur Heisbourg est certainement un insider, quelqu’un de bien différent de Marine Le Pen, qui est aujourd’hui en tête des sondages grâce à sa promesse de mettre fin à l’Union Monétaire et de restaurer le franc.

Produit du Quai d’Osray, il est un fédéraliste Européen ardent et un grand champion de l’Union Monétaire. Il est aujourd’hui le directeur de l’Institut International des Etudes Statistiques.

Selon lui, les dirigeants Européens ont perdu leur sens des priorités et semblent penser que le système Européen doit être convulsé pour le bien de l’euro, à la manière de ceux qui pensaient autrefois que le soleil tournait autour de la Terre. ‘Il est impossible de créer une fédération pour sauver une devise. La monnaie doit être au service de la structure politique, et non le contraire’.

Bien qu’il aimerait beaucoup voir l’Europe devenir un super-état fédéral – ce qui pour lui est nécessaire à l’établissement d’une union monétaire viable – son rêve n’est pour l’instant que ‘pure fantaisie’.

Les tentatives de créer une Europe unie ont échoué. Les nations se détachent les unes des autres. Un référendum proposant une telle concentration de pouvoir ne serait aujourd’hui plus accepté nulle part. ‘L’intégration a atteint les limites de la légitimité’, écrit-il. Les intrusions de l’Union Européenne autrefois tolérées et jugées ‘désagréables’ sont aujourd’hui devenues ‘insupportables’.

En lisant entre les lignes, il semble avoir été choqué du rôle de l’Allemagne dans la crise Syrienne et de son refus de transporter des avions (une opération de routine parmi les membres de l’OTAN) pour aider la France à empêcher un autre ‘massacre Srebrenica’ à Benghazi, même après qu’une intervention ait été autorisée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies et la Ligue Arabe.

Le très splendide Joschka Fischer a surnommé la décision de l’Allemagne de s’aligner avec la Chine et la Russie une ‘erreur scandaleuse’, et a précisé que l’Allemagne pourrait se réveiller un matin plongée dans une ‘position précaire’ s’il elle continuait de jouer ce jeu.

Il est possible de trop lire entre les lignes pour ce qui concerne la crise en Lybie, mais il est clair que les échanges Franco-Allemands ne se sont pas beaucoup améliorés depuis le début de la crise Syrienne. Comme l’écrit mon collègue Con Coughlin : la position de défaut de l’Allemagne est désormais pro-Moscou.

Nous pourrions en conclure – bien que le professeur Heisbourg n’aille pas si loin – que l’Allemagne n’est plus l’alliée de la France pour ce qui concerne la défense et la politique étrangère (ou encore le commerce), et que les conséquences de cet éloignement pourront être destructrices. L’Union Européenne semble n’être plus qu’une coquille vide.

Inutile de préciser que le professeur Heisbourg n’accepte pas l’idée que le club des cinq de l’Union Monétaire ait sorti la tête de l’eau et que ses politiques commencent à ‘offrir des résultats’.

Et le quinté en dit long : Rehn, Dijsselbloem, Asmussen, Regling, et Hoyer – un Finnois, un Hollandais et trois Allemands. Ne pouvaient-ils pas trouver au moins un latin ?

Heisbourg parle de ‘cancer en rémission’. La tentative de contrer la dette par l’austérité fiscale – plutôt que de laisser le fardeau disparaître avec le temps, à l’Américaine – et ce sans stimulus monétaire, a été un choix fatal. Les ratios de la dette continuent de grimper jusqu’au point de ‘rupture non-linéaire.’

En Europe du sud, la dépression et le chômage ne permettent pas à la stabilité. Les citoyens ont fait preuve de la patience d’anges en résistant aux réflexes des années 1930, il n’y a pas encore eu de coup d’Etat ou encore de retour aux années de plomb en Italie.

Mais rien de tout cela ne peut être pris pour acquis. Les Etats créditeurs et déficitaires ont une vision très différente de la crise, qu’Heisbourg compare aux attitudes post-seconde guerre mondiale. Des trahisons sont suspectées. Les pires motifs sont imputés, et les légendes circulent. Il les lie à l’émergence de la théorie Dolchtoss en Allemagne.

L’état actuel des choses finira par nous mener à des crises en série qui découleront sur l’effondrement nerveux et la désintégration totale de l’euro, ce qui implique une parallèle directe avec l’effondrement de l’Union Soviétique, qui a autrefois pris tout le monde par surprise.

Les dirigeants Européens font face aux mêmes choix que des généraux en plein combat. Doivent-ils rester et combattre jusqu’à l’annihilation la plus complète, ou doivent-ils se retirer et préserver ce qu’il reste de leur armée pour un autre jour, autrement dit perdre une bataille mais pas forcément la guerre ? Il cite explicitement le retrait de la France sous Joffre en 1914 dans la Marne, un exploit de récupération morale que le commandant pensait impossible.

Son idée est un abandon total de l’euro et un retour à des devises nationales. ‘Soit l’euro existe dans son intégralité, soit il n’existe pas du tout’. Il rejette l’idée d’une fracture Nord-Sud proposée par l’ancien chef Allemand du BDI, Hans-Olaf Henkel, qui supporte un Thaler Germanique et un euro résiduel pour le bloc latin (plus la France) qui permettrait aux Etats les plus faibles de l’Union de dévaluer et respecter leur dette.

Cette rupture devrait être préparée dans le plus grand secret par une poignée d’officiels à Berlin et à Paris. Elle devrait être établie en l’espace d’un weekend, sur le modèle de l’abolition du cruzeiro au Brésil en 1944, une tâche effectuée avec une efficacité militaire.

Il faudrait que soit établie une alliance Franco-Allemande en vue d’éviter la ‘catastrophe que serait de voir l’Allemagne mise sur le banc des responsables’. Sur cette base, le projet de l’Union Européenne pourra tenir debout. Les autres n’auront qu’à accepter le fait accompli.

Des contrôles de capital seront imposés. Les banques centrales nationales devront mettre en place des politiques de QE pour amortir le choc. Les devises flotteront pendant un temps avant d’être à nouveau liées et redonner naissance au phénomène actuel.

Je préfère personnellement une autre proposition faite par un groupe de français de l’Observatoire de l’Europe, qui implique la fixation de nouveaux taux de change jusqu’à ce que les choses se tassent grâce à une formule qui prendrait en compte les accumulations d’inflation différentielles et les déséquilibres de balance commerciale enregistrés depuis la création de l’Union Monétaire.

Sous le projet souverainiste, les dévaluations/réévaluations seraient fixées grâce à une nouvelle unité de compte qui reflèterait la moyenne de l’ancien euro (déliée du nouveau D-mark). La dette publique de chaque Etat serait convertie en une seule nuit en devise locale (comme ce fut le cas en Argentine), quels que soient les créditeurs. Mais la dette privée externe serait fixée contre la nouvelle unité de compte, un compromis qui permettrait de partager les pertes entre les états les plus forts et les états les plus faibles.

L’idée du professeur Heisbourg d’une nouvelle Union Monétaire et d’une union fédérale de dix ans me semble pour le moins romantique, un signe qu’il n’a peut-être pas encore rejoint les rangs des eurosceptiques tels que moi.

Pourquoi les nations historiques seraient-elles plus enclines à s’abolir dans dix ans plutôt qu’aujourd’hui ? Comme il le décrit si bien, les soixante années passées à les lier ont fondamentalement échoué, et des hommes comme Mitterrand et Kohl qui ont façonné la seconde guerre mondiale ont depuis longtemps quitté la scène.

Il réalise que le refus des Français et des Hollandais de l’établissement d’une Constitution Européenne a marqué un point de non-retour, le moment auquel les citoyens ont décrété qu’ils n’acceptaient pas la structure de super-état nécessaire au bon fonctionnement de l’Union Monétaire. Je suis tout à fait d’accord avec lui sur ce point. Le referendum de 2005 a changé la donne. Mais si c’est bel et bien le cas, il est également évident que les sentiments anti-fédéralistes vont plus loin encore que le refus de l’euro, puisqu’en 2005, le projet semblait fonctionner parfaitement. Il a fallu attendre la crise Grecque en 2010 pour que les gens commencent à comprendre qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas avec l’euro. Et malgré ça, on ne peut clairement parler que d’une lente épiphanie.

Je ne pense pas qu’Heisbourg puisse se différencier des eurosceptiques en s’accrochant à sa pureté idéologique. La machine finira par tirer une canonnade d’épithètes, comme le savent ceux qui en ont déjà fait l’expérience. Dans tous les cas, ses arguments ne sont pas différents des nôtres. Bon nombre d’eurosceptiques étaient autrefois pro-Européens, pour utiliser cette expression irritante. J’en étais un moi-même. C’est pourquoi j’ai appris les principaux langages de l’Europe (assez mal, je vous l’accorde, mais pas par manque d’enthousiasme) à la fin des années 1970, et la raison pour laquelle j’ai étudié en France, en Allemagne et en Italie. Et puis je suis parti vivre au Texas.

Bernard Connolly est l’homme qui était en charge des politiques monétaires à la Commission Européenne à l’époque de Delors, lorsque le projet Européen était mis sur pieds. Il a résisté aux pressions qui voulaient que les arguments soient modifiés pour en promouvoir l’agenda. Il pouvait voir que l’aventure de l’Europe se transformerait en une spirale de la dette, un apartheid économique. C’est pourquoi il fait partie des premiers eurosceptiques.

Sa conversion (que l’Union Monétaire appelle certainement une trahison) en dit long. Elle nous en dit beaucoup sur ce qu’il se passe actuellement au sein des cercles politiques Français et expose les fissures sous la façade du projet pour l’hégémonie. Une fois que le Quai d’Orsay commencera à briser le tabou, nous auront clairement atteint un tournant politique.

Pariez sur une reprise économique si vous le voulez, mais souvenez-vous d’une chose. L’écart Nord-Sud qui est à l’origine des problèmes de l’Union Monétaire ne pourra pas être refermé par un retour à une croissance tolérable, parce qu’il verra aussi venir le jour où l’Allemagne demandera une hausse des taux d’intérêts. Les crises se transforment mais ne disparaissent pas. L’Union Monétaire continuera de mal fonctionner, avec ou sans croissance.

L’idée qu’un nouveau cycle de croissance économique puisse laisser cette saga infernale appartenir au passé est une illusion. Le professeur Heisbourg a raison. Les délais ne servent plus à rien. Il vaudrait mieux que les choses se fassent rapidement.

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....Même si un beau matin on se réveille sans euro, cela n'empêchera pas de vivre, il faudra une fois de plus s'adapter. Ce qui me chagrine le plus, c'est que les idéologues qui nous gouvernent seront incapables de saisir cette opportunité pour redresser le pays. Nous avons un ramassi d'incompétents notoires, les plus mauvais de la classe Europe avec un chef sans charisme et dont l'envergure est celle d'un sous-préfet débutant.
Même dans le cas de figure du retour au franc ils continueront à enfoncer le pays. Et audelà de tout ça la France continue à grands pas d'aller au devant de conflits sociaux majeurs. Avec ou sans l'Europe.
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"Les dirigeants Européens font face aux mêmes choix que des généraux en plein combat"

Oui je vous l'accorde, vraiment très romantique pour définir les dirigeants européens corrompus de Goldman Sachs.

"Il réalise que le refus des Français et des Hollandais de l'établissement d'une Constitution Européenne a marqué un point de non-retour, le moment auquel les citoyens ont décrété qu'ils n'acceptaient pas la structure de super-état nécessaire au bon fonctionnement de l'Union Monétaire"

Surtout cela a bien marqué les esprits de la population de c'est deux pays parce que les gouvernements ont montrés leur vrai visage de dictateurs pour passer outre la volonté du peuple

Mais quelle politique commune avec l’Allemagne qui est en train de faire un héros Snowden en lui accordant l'asile politique, tandis que la France de FH l'aurais renvoyé en prison aux USA. De quelle Europe on parle encore, celle du plus grand désastre économique européen de toute sont histoire ?
Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, a même déclaré récemment que la polarisation croissante entre le nord et le sud de l'Europe a fait reculer le continent d'un siècle.
http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20131108tribb4cca25cb/premiere-guerre-mondiale-et-crise-financiere-des-paralleles-troublants.html


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c'est bien la première fois que je met une seule étoile à un bilet de Chris Powell, mais reprendre un article du gars qui mitraille des conneries et n'a jamais prédit une seule chose correctement, alias AEP, ça le vaut.
Même les "journalistes" français font mieux leur travail que AEP, c'est dire le chalenge ...
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....Même si un beau matin on se réveille sans euro, cela n'empêchera pas de vivre, il faudra une fois de plus s'adapter. Ce qui me chagrine le plus, c'est que les idéologues qui nous gouvernent seront incapables de saisir cette opportunité pour redresser  Read more
merisier - 11/9/2013 at 9:25 AM GMT
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