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La fin de l’argent des autres

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Published : November 23rd, 2011
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Category : Editorials

 

 

 

 

Si les finances publiques des pays "développés" ne sont pas toutes dans l'État de décrépitude abyssale de la Grèce, il n'y a guère lieu de se réjouir. La déconfiture grecque n'est qu'une préfiguration de ce qui attend la plupart des économies occidentales si leurs dirigeants ne changent pas radicalement de comportement. Les crises récentes, loin d'être la cause du marasme actuel, n'ont été que le révélateur d'une situation qui perdure depuis des décennies: les gouvernements vivent au-dessus de leurs moyens. Aujourd'hui, leurs sources de financement se tarissent. Comprendront-ils la leçon ?


Chaque chef de famille le sait: si, au cours de l'année écoulée, les rentrées d'argent sont supérieures aux dépenses, tout va bien. Par contre, si elles leur sont inférieures, la catastrophe n'est pas loin. Il est possible de la postposer quelque peu en empruntant, mais l'empêcher requiert de faire en sorte que les dépenses redeviennent inférieures aux revenus. Pour cela, il n'y a que deux solutions: augmenter les revenus du ménage ou diminuer ses dépenses. La première solution est souvent difficile à mettre en œuvre rapidement. Si la seconde n’a rien de plaisant, elle devient donc souvent nécessaire, d’autant que l’alternative est la visite des huissiers à plus ou moins brève échéance.


Des dépenses publiques en perpétuelle croissance


Les gouvernements, hélas, ne raisonnent pas de manière identique. Pour commencer, l'État a une tendance naturelle à étendre son action: pour "laisser une trace de leur passage" et prouver qu'ils ne sont pas inactifs, les politiciens doivent impérativement "prendre des initiatives", ce qui signifie créer de nouveaux programmes gouvernementaux ou étendre des programmes existants. Le système contient donc en lui-même les germes d'une augmentation permanente des dépenses publiques. Faire marche arrière est en outre extrêmement difficile. Réduire les dépenses implique, en effet, forcément de diminuer ou de supprimer certaines prestations publiques. Une mesure en général fort impopulaire, comme le prouvent à l'envi les multiples manifestations dont la France est coutumière. Ou, sur un registre plus grave, les émeutes qui ont éclaté en Grèce.


Trop d'impôt...


Or, ces programmes publics coûtent de l'argent. Même si cela semble une évidence, rappelons-nous que les États ne disposent pas de revenus propres. Ils tirent leurs revenus de trois sources : l'impôt, l'emprunt et le pillage. Comme la dernière option est un peu passée de mode depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, restent donc l'impôt et l'emprunt. Entre les impôts proprement dits et les prélèvements de sécurité sociale, pudiquement nommés "parafiscalité", la pression fiscale a graduellement augmenté dans les pays développés, ainsi qu'en témoigne ce tableau de l’OCDE. De sorte qu'il ne reste plus guère de marge de manœuvre aujourd'hui. C'est certainement le cas pour la France, la Belgique et l'Italie: l'État y capte déjà plus de la moitié de la richesse créée chaque année dans le pays. Mais les autres pays de l'OCDE ne sont guère en meilleure position: la pression fiscale y dépasse déjà le tiers du produit intérieur brut.


L'emprunt, un expédient facile


Conjuguée à la difficulté d'augmenter les impôts, l'augmentation perpétuelle des prestations publiques a entraîné les États à recourir à un expédient: présenter des finances publiques en déficit et emprunter le solde sur les marchés "en attendant des temps meilleurs". La mesure a pu fonctionner au cours des "Trente Glorieuses", car la croissance économique forte a permis une augmentation mécanique des recettes fiscales: à pourcentage de taxation inchangé, des revenus plus élevés génèrent de nouvelles recettes fiscales. Le premier choc pétrolier a sonné le glas de ces décennies de croissance facile, mais la spirale de l'endettement était lancée. Pire: appliquant les recettes keynésiennes, la plupart des gouvernements occidentaux se sont lancés dans d'ambitieux programmes de dépenses publiques pour "relancer la croissance" - une recette que d'aucuns voudraient d'ailleurs appliquer. Dépenses que, faute de pouvoir augmenter les impôts, les États ont financées par l'emprunt. Entre 1980 et 1993, le niveau de la dette publique belge est, par exemple, passé de 53,5%  à 118,3% du PIB. Un PIB qui n'a pendant ce temps pas cessé de croître, même si cette croissance était faible. L'habitude de remettre des budgets en déficit s'est suffisamment répandue pour que les "critères de Maastricht", censés encadrer la politique budgétaire des pays de la zone euro, entérinent cette façon de procéder. On ne demandait pas aux États de ne pas présenter de déficit: simplement de le maintenir en-dessous de 3% du PIB. Ils n'ont même pas été capables de respecter cette règle, ainsi que le prouvent les statistiques d'Eurostat.


Chronique d'un désastre annoncé


Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que chaque déficit implique forcément de nouveaux emprunts. Longtemps, les États ont pu donner le change en "vendant" ces emprunts à leur propre population. Une solution éminemment pratique, surtout si on la combine à la pratique du "revolving credit": chaque fois qu'un emprunt arrive à échéance, il suffit d'émettre un nouvel emprunt pour financer le remboursement. Tant que la population a confiance, cela ne pose guère de difficultés. Conséquence: une véritable fuite en avant. La dette n'est plus jamais réellement remboursée. N’ayant plus que les intérêts à payer, les gouvernements sont débarrassés de tout incitant à la prudence budgétaire. Leurs déficits peuvent s’accumuler. On constate bien çà et là quelques « cures d’amaigrissement », mais il suffit d’une crise pour relancer l’habitude des déficits destinés à « soutenir la croissance ». Le recours sempiternel à l’emprunt n’a cependant qu’un temps : à force d’enfler, les dettes accumulées finissent par effrayer même les prêteurs les plus endurcis. Inquiets du risque de ne pas être remboursés, ils exigent des intérêts plus élevés. Jusqu’au moment où s’enclenche l’effet « boule de neige » : exsangues, les États en sont réduits à emprunter pour financer le paiement des intérêts sur leurs dettes existantes. À ce stade, l’argent des autres se fait rare.


L’heure de vérité a sonné pour la Grèce. D’autres pays suivront si rien ne change. À moins qu’ils ne tentent une dernière pirouette : faire « tourner la planche à billets ». Nous y reviendrons prochainement.

 

 

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Frédéric Wauters est journaliste économique indépendant et professeur de sciences commerciales et de communication à la Haute Ecole Galilée à Bruxelles. Entrepreneur (www.ex-abrupto.be), il est également essayiste et vient de publier, avec son confrère Ludovic Delory, d'un ouvrage intitulé "Retraites Plombées: comment l'Etat vole votre avenir" (plus de détails sur www.retraites-plombees.be).
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