L’opinion conventionnelle veut que la création monétaire soit nécessairement
haussière pour l’or, et qu’un resserrement des conditions monétaires, amorcé
par l’abandon de ses politiques de création monétaires par la Fed, lui soit
baissier. Il est étrange que ce point de vue soit si populaire, puisque l’or
a clairement été plus lésé qu’autre chose par les programmes de quantitative
easing mis en place depuis octobre 2012. Si l’or venait également à être
négativement affecté par un resserrement de ses politiques par la Fed, alors
il faudrait en conclure que peu importe ce qu’elle décide de faire, ses
actions sont baissières pour l’or. Si la Fed injecte de l’argent dans
l’économie, l’or en souffre. Si la Fed cesse d’injecter de l’argent dans
l’économie, l’or en souffre. Si la Fed met fin à ses politiques de création
monétaire et laisse grimper les taux d’intérêt, l’or en souffre davantage.
Plutôt que de se reposer sur la sagesse conventionnelle, qui s’avère bien
souvent erronée lorsqu’appliquée au marché de l’or, tournons-nous vers des
données historiques pour comprendre comment l’or devrait réagir face à une
Réserve fédérale moins « conciliante ».
Commençons
d’abord par les chiffres les plus anciens.
Le
graphique ci-dessous présente le prix de l’or de janvier 1977 à décembre
1979, et le taux de change en dollars (offre monétaire réelle) sur la même
période. Ce graphique nous indique que les conditions monétaires se sont
resserrées au cours du ralliement sur l’or qui a duré de 1977 à 1979, et que
les gains les plus importants enregistrés par le prix de l’or sont apparus en
1979 – alors que les Etats-Unis traversaient une déflation monétaire. Jamais
au cours des soixante années qui se sont écoulées depuis les conditions
monétaires aux Etats-Unis n’ont été plus serrées qu’en 1979. C’est pourtant
cette année-là que le prix de l’or a enregistré son plus gros gain.
Cela
n’implique pas qu’un resserrement des conditions monétaires soit haussier
pour l’or, mais que sous certaines conditions, l’or soit capable
d’enregistrer des gains importants face à un resserrement des politiques de
la Fed.
Penchons-nous
maintenant sur un passé plus récent.
En
décembre 2013, la Fed annonçait pour la première fois une réduction de son
programme de QE. Le graphique ci-dessous montre qu’en seulement quelques
jours, le prix de l’or (hors-dollars) a enregistré un déclin majeur (le ratio
or :UDN est un indicateur de la performance de l’or par rapport à un panier
de devises majeures qui exclut le dollar) et un palier intermédiaire en
termes de dollars.
La
Fed a méthodiquement réduit son programme de QE en 2014 et annoncé la
complétion du programme le 29 octobre dernier. Le graphique suivant montre
également que quelques jours après sa déclaration, l’or a enregistré des
baisses de court terme en dollars comme dans les autres devises. Il est tout
à fait possible que ces baisses de court terme aient une signification plus
importante sur le long terme. Le palier enregistré par le ratio or :UDN
au début du mois de novembre marque potentiellement la fin de la première
correction survenue au cours d’un marché haussier, et la baisse du prix de
l’or enregistrée en termes de dollars en début de mois marque peut-être la fin
d’un marché baissier cyclique.
Ce
qu’il est important de bien comprendre est que la valeur perçue de l’or se
déplace dans la direction opposée du niveau de confiance en les banques
centrales et en l’économie. Lorsque les gens commencent à croire que la
création monétaire des banques centrales améliore la santé de l’économie,
cette création monétaire se trouve avoir une influence baissière de court
terme sur le marché de l’or. En revanche, la création monétaire distord
l’économie au point de finir par générer une faiblesse économique
substantielle.
Un
resserrement des conditions monétaires révèlerait les distorsions
(mal-investissements) causés par les politiques monétaires conciliantes du
passé, c’est pourquoi la demande en or finira par augmenter à mesure que la
Fed se montrera restrictive. Dans une telle situation, l’or ne grimpe pas
parce que la Fed resserre ses politiques monétaires, mais parce que les
conditions monétaires nouvelles lèvent le voile sur les dommages économiques
causés par la récente création monétaire.
Disons
simplement que l’or est négativement affecté par la croissance et
positivement affecté par la récession. Tout ce qui perpétue la croissance est
baissier pour l’or, et tout ce qui apporte la récession qui succède
inévitablement une croissance alimentée par l’inflation lui est haussier.
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