Mes chères
contrariées, mes chers contrariens !
Hier, je vous parlais du
problème économique majeur que nous avions avec le PIB dont
presque 60 % est composé par de la dépense publique.
Je vous ai également fait
part depuis plusieurs jours de la nécessité aussi bien de
définir un grand projet pour la France économique, social et
évidemment politique afin de redonner des perspectives.
En Hollandie,
ce type d’ambition se traduit par un «pacte d’avenir pour
la Bretagne».
Le gouvernement et la tentation de la fermeté
On voit depuis quelques heures que
le climat et la communication gouvernementale sont en train de changer
radicalement.
Le Premier sinistre Jean-Marc
Ayrault, grand mamamouchi en second, a donné de la voix. Non à
l’ultimatum des bonnets rouges, non à la suppression
définitive de l’écotaxe en Bretagne (il faut dire que le
reste des régions de notre beau pays auraient du mal à
comprendre pourquoi les bretons ne paieraient pas et eux oui, sans parler de
l’anticonstitutionnalité d’une
telle exemption) et il a dit oui à l’arrestation des coupables
de dégradations qu’il s’agisse des radars (qui
brûlent souvent ces derniers temps) ou des célèbres
portiques éco-machin-chouettes appartenant à la
société Écomouv’.
Bref, sous le feu des critiques,
les mamamouchis ont la tentation de reprendre en main la situation aussi bien
sur le terrain que sur le plan politique… et reprendre la main sur le
terrain, c’est envoyer la force publique arrêter des gens pour
les traduire devant la justice.
Je pense que cette tentation de la
fermeté dans laquelle semble vouloir tomber nos mamamouchis va se
retourner contre eux et pourrait bien au contraire mettre le feu aux poudres
puisqu’au bout du compte, les bretons n’auront rien ou presque.
L’État n’a aucun pacte d’avenir
à signer avec son propre peuple, et c’est bien là tout le
problème !
C’est quoi un pacte
d’avenir pour la Bretagne ? C’est en gros quelques subventions de
plus qui seront débloquées dans les 89 prochaines années
(si on a des sous), l’écoute attentive des partenaires «
représentatifs » (c’est-à-dire les organisations
officielles avec qui le dialogue est toujours permanent, voire le copinage également),
le tout saupoudré d’une petite exemption d’une « chargeounette » par-ci par-là ! Voilà
le breton n’est pas content ? Donnez-lui une cacahuète ou un os
à ronger (mais sans viande). Parallèlement, embastillez
quelques meneurs pour l’exemple. Attendez début janvier et
réinstallez les portiques de la société Écomouv’ aux frais du contribuable qui
paiera ainsi plusieurs fois. Lancez le mouvement des bonnets verts, faites
répéter le message par tous les médias les «
bonnets rouges sont des benêts rouges », et hop ! l’affaire
est dans le sac, fin de l’histoire, les mamamouchis sont
sauvés… et le peuple toujours un peu plus taxé !
Voilà le type de politique
à la petite semaine menée par tous les gouvernements successifs
depuis plusieurs années et quelle que soit leur couleur politique.
Cela pouvait fonctionner lorsque la
situation était normale. Cela ne répond plus évidemment
ni aux enjeux ni aux attentes.
Le gouvernement, s’il utilise
la fermeté, va déclencher une vague de violence qui va
très vite le dépasser.
Bien consciente de la situation,
l’Europe a décidé (qui l’eut crû)
de mettre la pédale douce sur les critiques concernant la politique
économique de notre pays.
La France passera entre les tirs du bazooka
européen
C’est le titre d’un
article des Échos du 6 novembre qui nous indique que la
Commission européenne rendra le 15 un avis qui sera soigneusement
calibré et soupesé concernant la politique économique
menée par la France et le non-respect de nos obligations.
L’objectif de la commission
serait « d’éviter une confrontation avec une France en
pleine tourmente sans perdre sa crédibilité et elle marchera
sur des œufs la semaine prochaine lorsqu’elle donnera son avis sur
le budget français ».
Voilà qui est porteur
d’espoir puisque 20 000 schtroumpfs grognons au bonnet rouge font peur
jusqu’à Bruxelles et tétanisent la Commission
européenne…
C’est une information
beaucoup plus importante que ce que l’on peut penser au premier abord.
Nous savons tous que l’une
des données des institutions européennes est globalement
d’être totalement autistes aux préoccupations des peuples
d’Europe et fondamentalement coupées de toutes les
réalités quotidiennes des gens. Lorsque la Commission
européenne se montre prudente, c’est qu’on lui a expliqué
qu’il fallait qu’elle soit très prudente.
Nous savions donc que le
gouvernement français pétochard comme jamais tremblait de
trouille à la première manifestation (ce fut le cas avec le
très drôle épisode de l’affaire de la petite Leonarda 15 ans). Ce fut le cas avec les très
dangereux criminels porteurs de tee-shirts de la famille pour tous et qui ont
souvent connu des gardes à vue juridiquement parfaitement
illégales (que l’on soit pour ou contre, peu importe, le
processus juridique n’était pas légal). Nous savons donc
désormais que le simple fait que l’Europe ait peur est
lié à la transmission par le gouvernement de sa propre peur au
niveau européen.
Cela prouve sans
ambiguïté (mais le gouvernement français ne s’en est
même pas rendu compte tant il est prisonnier de sa logique et de son
idéologie) que la France peut faire vaciller les institutions
européennes. L’Europe ne peut pas se passer de la France.
L’inverse étant nettement moins vrai, soit dit en passant.
Voici ce disent Les
Échos :
« Les canons sont pourtant
chargés avant le verdict qui sera rendu le 15 novembre à
Bruxelles sur les stratégies des 13 pays de la zone euro qui ne sont
pas sous perfusion.
Le budget 2014 est le premier qui
tombe sous le coup des nouvelles règles adoptées pendant la
crise de la dette de la zone euro : la Commission, l’Eurogroupe et le Conseil européen des chefs
d’État et de gouvernement peuvent renvoyer au pays membre une
copie trop éloignée des principes adoptés en commun.
Plusieurs facteurs devraient
toutefois permettre à Paris de bénéficier d’une
relative mansuétude des autorités européennes, qui ne
déclencheront pas ce scénario-catastrophe la semaine prochaine,
estiment des responsables européens de haut rang.
Il y a d’abord les efforts
– réels – mis en œuvre par la France
à grands coups de hausses d’impôts et de réductions
plus modérées des dépenses publiques pour limiter le
déficit.
L’UE vit en outre déjà en campagne pour les
élections européennes de mai, sous la menace d’une
poussée des mouvements europhobes et d’extrême droite qui
devrait inciter les autorités européennes à ne pas jouer
la carte du gendarme inflexible.
En France, le sentiment
anti-européen et la volonté d’envoyer un message à
un président qui bat des records d’impopularité sous la
Ve République sont tels que le Front national est donné comme vainqueur
du scrutin par les sondages, dans un climat délétère de
« ras-le-bol » fiscal. »
Peut-on parler d’efforts réels ?
En regardant notre pouvoir
d’achat personnel en forte baisse, oui nous faisons des efforts, mais
collectivement ces efforts ne sont pas assez forts, quoi que l’on en
dise, pour inverser la tendance vers l’abîme que notre
économie a prise depuis plusieurs années maintenant.
En réalité, plus
aucun effort ne peut inverser la situation mais simplement, au prix de
grandes souffrances, ralentir et retarder un peu le processus
d’effondrement vers lequel nous nous dirigeons.
Si les impôts de certains ont
très fortement augmenté, la dépense publique (quelle que
soit la légitimité qu’on lui trouve), elle, ne diminue
pas. Elle augmente. Certes moins vite mais elle continue à augmenter.
N’oublions pas les taux
d’intérêt
Je voulais, parce que cela faisait
longtemps que le sujet avait disparu des écrans radars, juste faire un
petit rappel sur les taux d’emprunt de la France qui restent
très faibles. Pour le moment, les intérêts de notre dette
sont encore soutenables parce que nous les finançons à moins de
2,5 %.
Gardez à l’esprit
qu’un simple passage de nos taux de 2,5 à 5 % doublerait le
coût de notre dette (ou presque et progressivement et pas tout de suite
mais vous comprenez la logique) et que très rapidement, celle-ci ne
serait plus tenable. Nous allons dépasser le ratio de 100 % de dette
sur PIB, PIB composé à 60 % de dépense publique,
financée par de la dette pas chère à 2,5 % et sans
disposer de notre propre planche à billets pour au moins à
court terme éviter le défaut de paiement et la faillite
sèche.
Aujourd’hui, ce sont les con-tribuables allemands et français qui paient
les plans successifs de sauvetage de l’euro en finançant les
mécanismes européens. Il n’y aura personne pour payer
pour la France.
Alors voilà, finalement une
France en colère peut faire plier Bruxelles. C’est à la
fois inquiétant et porteur d’un immense espoir car cela nous
montre bien à tous qu’un autre chemin est possible, qu’une
autre Europe, celle des peuples, est bien évidemment possible, et que
le carcan de ces institutions européennes non démocratiques
mérite mais surtout peut être brisé !
Restez à
l’écoute.
À demain… si vous le
voulez-bien !!
Charles
SANNAT
Lire l’article des Echos complet ici
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