La gestion des ressources naturelles : l’eau potable

IMG Auteur
 
Published : November 27th, 2012
718 words - Reading time : 1 - 2 minutes
( 20 votes, 4.6/5 )
Print article
  Article Comments Comment this article Rating All Articles  
0
Send
0
comment
Our Newsletter...
FOLLOW : Corruption France
Category : Fundamental

 

 

 

 

En se focalisant sur la question des ressources halieutiques, le billet précédent avait laissé de côté la question de l’eau potable. L’année dernière pour la journée mondiale de l’eau, le 23 mars, Arte avait proposé une Théma sur les dangers de la marchandisation de l’eau, en diffusant le documentaire de Leslie Franke et Herdolor Lorenz : Marchand d’eau. Puisque les idées présentées dans ce documentaire sont symptomatiques des critiques habituelles de la privatisation de l’eau potable, elles guideront cette discussion.


En prenant pour cible l’entreprise Veolia, le documentaire souligne que la privatisation de l’eau a des conséquences dangereuses pour les consommateurs, car il s’agit dans ce cas d’un bien de première nécessité. En dépit de sa popularité, cet argument reste toute de même naïf, car s’il tenait la route, la production de nourriture ou de logements devrait être aussi entièrement publique ; or la plupart des défenseurs de l’eau publique ne seraient pas prêts à défendre un tel régime omnipotent. Alors pourquoi faire une exception pour l’eau ?


Quant aux conséquences négatives mentionnées plus haut, le documentaire souligne que la privatisation de l’eau potable augmente son prix et altère sa qualité. Il est important de noter d’entrée de jeu que cette observation ne concerne pas ceux qui n’ont pas du tout accès à l’eau potable. Dans son ouvrage « Water For Sale » Fredrik Segerfeldt fournit plusieurs exemples (Lagos, Karachi, Jakarta, Lima, etc.) où, avant la mise en place par des entreprises privées des infrastructures nécessaires pour fournir l’eau potable au robinet, les habitants achetaient des bouteilles d’eau à des prix nettement plus élevés (de vingt à soixante fois plus cher).


Par ailleurs, la gestion privée de l’eau a considérablement amélioré l’accès à l’eau potable des régions qui en manquaient. De ce point de vue, la Guinée est un bon exemple. Avant la privatisation en 1989, seulement 20% des habitations avaient accès à l’eau potable, tandis qu’en 2001, 70% y avaient accès. Après la nationalisation des services d’eau en 2003, les prix ont baissé mais l’eau potable est redevenue très rare. 


Donc l’augmentation des prix au moment de la privatisation est un problème qui concerne surtout les pays développés. Mais s’agit-il réellement d’une mauvaise conséquence ?


D’abord, il est fondamental d’admettre que lorsqu’il n’y a pas suffisamment d’eau potable disponible dans la nature pour tout le monde et pour tous les usages, il faut de toute manière avoir un critère de rationalisation. À part le prix, d’autres formes de rationalisation existent : la file d’attente, la couleur de la peau, l’amitié etc. Puisqu’il faut choisir un critère, le prix apparaît comme le moins conflictuel, comme le moins contestable d’un point de vue moral.


Ensuite, il faut observer que la gratuité ou encore les prix bas pratiqués dans le cadre d’une gestion publique de la ressource sont illusoires car la différence de prix est payée indirectement à travers les taxes ou à travers les dettes contractées par l’entité publique en question (mairie, commune etc.). En effet, une gestion publique ne fait que cacher la vérité, pourtant évidente, que l’eau n’est pas gratuite et que des efforts de production et de manutention sont nécessaires.  Ainsi, même à Cherrapunjee (Inde), – surnommé l’endroit le plus humide de la planète – malgré l’importante quantité des précipitations, l’accès à l’eau potable n’est pas garanti.


Enfin, nombre de privatisations visées par les critiques de l’eau potable privée sont entachées par la corruption des fonctionnaires ; ou encore, comme dans le cas de la plupart des privatisations Veolia en France, il s’agit en fait de partenariats public-privé. Dans ce dernier cas de figure, la compagnie privée n’est pas entièrement propriétaire de son entreprise car elle ne fait qu’exploiter le réseau pour une période déterminée ; dans les partenariats public-privé, la compagnie privée est en général un simple locataire. Pourquoi investirait-elle donc dans l’entretien du réseau ? Par ailleurs, les techniques les plus modernes et les moins chères du traitement et de recyclage de l’eau (« séparation par membranes », désalinisation, purification, etc.) ont été mises en place par des entreprises comme Veolia et Suez.


Dans la mesure où l’eau potable n’est pas considérée comme une marchandise, elle devient un autre exemple de tragédie des biens communs, au même titre que les éléphants, l’air ou encore les ressources halieutiques. La conséquence directe en est la dégradation.


 

 

Data and Statistics for these countries : France | All
Gold and Silver Prices for these countries : France | All
<< Previous article
Rate : Average note :4.6 (20 votes)
>> Next article
Marian Eabrasu est professeur d’économie et d’éthique à l’ESC-Troyes. Il a été chercheur à l’International Centre for Economic Research (Turin, Italie) et à l’institut Ludwig von Mises (Auburn, Etats Unis). Il est l'auteur de nombreux articles publiés dans des revues à comité de lecture comme La Revue Française de Science Politique, Quarterly Journal of Austrian Economics, Business and Society, etc. Son dernier article publié en 2012 dans Raisons Politiques s'intitule "Les états de la définition wébérienne de l'Etat"
Comments closed
Latest comment posted for this article
Be the first to comment
Add your comment
Top articles
World PM Newsflow
ALL
GOLD
SILVER
PGM & DIAMONDS
OIL & GAS
OTHER METALS
Take advantage of rising gold stocks
  • Subscribe to our weekly mining market briefing.
  • Receive our research reports on junior mining companies
    with the strongest potential
  • Free service, your email is safe
  • Limited offer, register now !
Go to website.