La grande idée fausse au cœur de la théorie monétaire moderne

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Published : April 08th, 2015
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Comme toutes les autres idées fausses, la théorie monétaire moderne repose sur des faits réels, mais semble aussi être attachée à des suppositions qui sont liées bien plus à une croyance qu’à une expérience historique ou encore pratique. Elle relève donc autant d’un culte que d’une théorie économique.

 

Ce que j’écris ici est lourd de sens. La théorie monétaire moderne peut devenir un culte, parce qu’elle est une question de croyants et de non-croyants, de ceux qui acceptent d’avaler le filtre, et de ceux qui ne le peuvent pas. Et ceux qui ne le peuvent pas doivent être ignorés, parce que leurs arguments ne peuvent être défendus de manière rationnelle. Bien que ce puisse être utile en matière de religion, qui porte au-delà des limites de la raison, il n’en va pas de même pour une question aussi pratique que le fonctionnement d’un système monétaire.

 

« Le gouvernement souverain ne peut devenir insolvable en sa propre devise ; il pourra toujours rembourser ce qu’il doit grâce à sa propre devise, parce qu’il en est l’émetteur, et pas simplement l’utilisateur (contrairement aux ménages et aux entreprises privées).

 

« Cette capacité d’émission monétaire est ce qui permet aux gouvernements de ne pas faire face aux mêmes contraintes que les utilisateurs monétaires du secteur privé, ce qui met en lumière l’idée fausse qu’est l’analogie des ménages, tant aimée des discours économiques populaires. »

 

Les finances d’un souverain ne ressemblent en rien à celles d’un ménage. Et ceux d’une banque non plus.

 

D’une certaine manière, elles peuvent être l’opposée des finances d’un ménage. Par exemple, lorsqu’un ménage décide de réduire ses dépenses suite à un choc économique, le gouvernement peut augmenter ses propres dépenses pour rétablir une situation d’équilibre. Certains pensent que le rôle du gouvernement est de maintenir l’économie hors de ce qu’on appelle la trappe de la liquidité qui, ainsi que je le comprends, est une série de réductions qui exacerbent toujours plus le problème de la baisse de la demande.

 

C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons un gouvernement. Pour faire ce que les individus ne peuvent achever eux-mêmes, peu importe combien ils se pensent puissants, et pour protéger les droits de ceux qui sont plus puissants encore, à l’échelle domestique comme internationale.

 

Mais voici où se trouve l’objet de la discorde, le passage entre guillemets étant le leur, celui en italique le mien : « un gouvernement souverain ne peut pas devenir insolvable en sa propre devise ; il pourra toujours rembourser ce qu’il doit grâce à sa propre devise, puisqu’il en est l’émetteur, et pas simplement l’utilisateur ».

 

Comprenez-vous ce que cela implique ?

 

Ce qu’il manque ici, c’est l’idée que les utilisateurs d’une monnaie, que nous appellerons le « marché », sont capables de et ont déjà au travers de l’Histoire remis en question la valeur d’une devise, au point qu’elle finisse parfois par ne plus rien valoir, en conséquence de certaines actions prises par l’Etat souverain qui en est l’émetteur.

 

Voilà qui nous amène à quelque chose qu’ j’ai réalisé il y a quelques temps déjà. La limite pratique à la capacité d’un souverain d’émettre de la monnaie est la volonté du marché de l’accepter à une certaine valeur. C’est une règle qui s’applique à n’importe quel gouvernement souverain, notamment aux plus faibles.

 

Si la Russie prenait par exemple la décision de commencer à imprimer davantage de roubles et se fixait un objectif de valeur, elle pourrait mettre son projet en œuvre à l’échelle interne. De nombreux Etats souverains en ont fait de même au travers de l’Histoire. Je me souviens avoir visité Moscou peu de temps après l’éclatement de l’Union soviétique et avoir été épaté par l’écart entre les valeurs officielles et les actions des gens ordinaires à la recherche d’alternatives comme le dollar, l’or, les diamants ou même encore le papier toilette occidental, bien plus utile en tant que papier que le rouble.

 

En théorie, la Russie ne pouvait pas devenir insolvable en termes de roubles, parce qu’il lui était possible d’en imprimer davantage pour rembourser sa dette, acheter ce dont elle avait besoin et verser les salaires de ses fonctionnaires. Le seul problème, c’est que la Russie avait à maintenir un certain contrôle pour que ce principe puisse être applicable.

 

C’est ce qui rend la théorie monétaire moderne étatique et dangereuse. Elle est un principe qui ne peut fonctionner que lorsque l’Etat exerce un contrôle total sur l’évaluation de sa devise.

 

Dans le cas du dollar en tant que devise de réserve globale, si cette théorie était appliquée, et l’une de mes plus grandes craintes est qu’elle le soit un jour, il faudrait que le cartel du dollar étende davantage son contrôle sur le monde de la production et de la consommation.

 

Je suis désolé d’avoir à tomber en désaccord avec des personnes que j’aime beaucoup lire, mais comme vous pouvez le voir, il existe ici un point de discorde majeur. Et compte tenu du nombre de nations souveraines qui ont fait défaut, affectant ainsi leur peuple et les vies de beaucoup d’autres, ce n’est pas un détail sans importance.

 

Je suppose que la théorie monétaire moderne voit juste sur certains points, puisque c’est souvent ainsi que les choses fonctionnent, mais il y a exception dans l’idée que le pouvoir de l’Etat de fixer la valeur de sa devise puisse être sans limite - ce qui est impliqué par la théorie qu’un souverain ne puisse faire défaut en sa propre devise. D’un point de vue théorique, il ne le peut pas parce qu’il lui est toujours possible d’imprimer plus qu’assez pour rembourser sa dette et dépenser davantage. Mais dans la pratique, il peut aussi créer de la monnaie au point de briser la confiance des marchés et de les pousser à remettre en question sa valeur. Et c’est exactement là ce que nous appelons un défaut.

 

Que se passe-t-il lorsqu’un peuple refuse d’accepter une devise à sa valeur officielle ? Qu’arrive-t-il à ceux qui ne pensent pas que l’Etat ne puisse pas faire le mal ? Parce que si l’Etat ne peut jamais avoir tort en matière de création et de dépenses monétaires, il devient un problème et la source de grands malheurs potentiels.

 

A en croire les exemples historiques, les gouvernements ont toujours recours à la force, aux taux de change officiels et à d’autres actions draconiennes à l’encontre de leurs nations voisines qui refusent de se soumettre à l’évaluation de leur devise par diktat officiel.

 

C’est une idée dangereuse qui peut être laissée de côté par la simple réalisation du fait qu’il existe des limites pratiques au pouvoir de l’Etat. Et si les défenseurs d’une croyance ne peuvent tomber d’accord avec ce point, tous les autres aspects d’une théorie basée sur un principe aprioriste aussi absurde que celui-ci se trouvent aussi remis en question.

 

Il en a été de même avec la théorie de l’efficacité des marchés, qui s’imaginait que ceux qui agissent au sein d’un groupe sont naturellement bons et rationnels, ce qui est une idée on ne peut plus erronée aux yeux de ceux qui sont familiers avec la réalité du marché ou ont déjà pris le volant sur l’autoroute. Au sein d’un groupe, les gens ne sont pas naturellement bons et rationnels. Parmi eux, une minorité persistante est toujours aussi peu déterminée à faire le bien qu’elle est sociopathe ou déterminée à être criminelle.  

 

Les Etats ne sont pas non plus naturellement bons et rationnels. Mais c’est ce qui est sous-entendu par la création d’un système qui permet au développement d’un pouvoir au-delà de toute remise en question, en particulier pour ce qui concerne les moyens d’échange et la valeur.

 

 

 

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Certes, alors pourquoi l'Etat a-t-il transféré son pouvoir de création monétaire aux banques privées,
étrangères de surcroit ?
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"Les finances d’un souverain ne ressemblent en rien à celles d’un ménage." Certes, alors pourquoi l'Etat a-t-il transféré son pouvoir de création monétaire aux banques privées, étrangères de surcroit ? Read more
KOALA - 4/8/2015 at 2:18 PM GMT
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