La Grèce va-t-elle faire
éclater la bulle sur les obligations ?
Pendant plus de trente ans,
les nations souveraines, notamment en Occident, ont acheté des électeurs en
leur promettant des versements sociaux sous la forme des aides sociales, du
régime d’assurance maladie, de la sécurité sociale, etc.
Mais lorsqu’il a fallu en
payer le financement, les gouvernements ont rapidement découvert que les recettes
fiscales ne pourraient pas suffire (voir l’image ci-dessous)… alors ils ont
émis de la dette souveraine pour couvrir la différence.
C’est ainsi que la bulle
globale sur les obligations a été créée.
Dès 2009, une majorité des
nations occidentales étaient en banqueroute si l’on considère les passifs non
capitalisés de leurs politiques sociales. Mais les banques centrales ont fait
tout en leur pouvoir pour dissimuler cette réalité en émettant autant
d’obligations que possible tout en maintenant les taux d’intérêt à zéro.
Tout au long de l’Histoire,
les banques centrales ont tenté de se débarrasser de leur dette par
l’inflation. Et elles le feront de nouveau jusqu’à ce que :
1) Le niveau de dette devienne
impossible à gérer, ou…
2) …qu’il devienne
politiquement déplaisant d’imprimer de l’argent.
La Grèce vient d’atteindre ce
deuxième point.
Comme le montre le graphique
ci-dessus, la Grèce a toujours été le pire criminel pour ce qui est de la
part des programmes de dépenses sociales sur les recettes fiscales. Il n’est
donc pas surprenant que la Grèce ait été la première nation à connaître une
crise de la dette en 2009-10.
Depuis cette époque, la Grèce
a fait l’expérience de nombreux plans de refinancement et d’interventions de
la part de la BCE et du FMI. La raison en est que plutôt que de se déclarer
en défaut ou de mettre en place une restructuration formelle de sa dette, les
élites politiques grecques ont pu rassembler suffisamment de capital et de
votes pour forcer cette conséquence.
Mais plus aujourd’hui.
Les élections de la semaine
dernière ont amené au pouvoir un nouveau Premier ministre, Alexis Tsipras, qui est décidément anti-austérité et s’oppose
aux plans de sauvetage. Tsipras a une coalition au
gouvernement (suffisamment de capital politique) pour mettre fin aux plans de
sauvetage grecs et forcer une restructuration formelle de la dette de son
pays.
Nous sommes entrés dans un
monde où il n’est plus politiquement possible de se débarrasser de sa dette
par l’inflation. Le processus de restructuration de la dette et de
désendettement a commencé.
La bulle sur les obligations
représente plus de 100 trillions de dollars. Les produits dérivés basés sur
cette bulle excèdent 555 trillions de dollars. Lorsque la restructuration
commencera, la vraie crise, dont 2008 n’était que l’avant-goût, pourra enfin
commencer.
La Grèce sera la première sur
la liste, puis viendront les PIIGS. Le Japon suivra, puis le Royaume-Uni, et
enfin les Etats-Unis.
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