Le taux de croissance annuel de
l’indice des prix à la consommation américain est passé à 0% en septembre
2015, depuis 0,2% au mois d’août et 1,7% au mois de septembre de l’année
dernière.
Le taux de croissance annuel de
l’indice des prix à la consommation de l’union monétaire européenne est passé
à -0,1% en septembre contre 0,1% le mois précédent, et 0,3% en septembre de l’année
dernière.
Le taux de croissance de l’IPC
britannique est passé dans le rouge en septembre, avec -0,1%, contre 0% en
août et 1,2% en septembre de l’année dernière.
Le taux de croissance de l’IPC
chinois a plongé en septembre pour atteindre 1,6%, contre 2% en août.
L’inquiétude s’installe
En conséquence, de nombreux
experts nous ont fait part de leurs inquiétudes quant au déclin du taux de
croissance des IPC, et sont d’avis que plutôt que de resserrer leurs politiques
monétaires, les banques centrales devraient se montrer plus laxistes afin d’éviter
l’émergence d’une déflation, un phénomène perçu comme une menace majeure pour
le bien-être économique des individus.
Aux yeux de nombreux experts, la
déflation est une mauvaise nouvelle parce qu’elle génère un déclin des prix.
En conséquence, les consommateurs ont des chances de repousser leurs achats à
plus tard, parce qu’ils s’attendent à voir les prix des biens baisser au fil
du temps.
Ce qui fait ralentir le flux des
dépenses, et affaiblit l’économie. Ainsi, ces experts pensent que les
politiques qui empêchent une déflation de s’installer empêcheront aussi un
ralentissement économique.
Empêcher une déflation pour
empêcher un ralentissement économique ?
Si la déflation entraîne un
ralentissement économique, alors les politiques qui empêchent une déflation
devraient être bénéfiques à l’économie.
Mais empêcher une déflation
implique l’adoption de politiques qui soutiennent une hausse générale des
prix des biens, c’est-à-dire une inflation des prix. Cette théorie veut donc
que l’inflation soit un agent de la croissance économique.
Selon un grand nombre d’experts,
une inflation limitée peut être une bonne chose. Les économistes grand public
pensent qu’une inflation de 2% ne fait pas de mal à la croissance économique,
mais qu’une inflation de 10% pourrait lui être néfaste.
Il y a en revanche de bonnes
raisons de croire qu’avec un taux d’inflation de 10%, les consommateurs ont de
grandes chances de s’attendre à ce qu’il continue de grimper.
Selon la pensée populaire, en
réponse à un taux d’inflation élevé, les consommateurs s’empressent de
dépenser, ce qui stimule la croissance économique. Dans ce cas, pourquoi un
taux d’inflation de 10% ou plus est-il perçu comme une mauvaise chose ?
Il y a clairement un problème
avec cette théorie.
Inflation des prix et inflation
de la masse monétaire
L’inflation ne concerne pas une
hausse générale des prix en tant que tel, mais une croissance de la masse monétaire.
La règle de base veut qu’une croissance de la masse monétaire fasse grimper
les prix. Ce n’est en revanche pas toujours le cas.
Le prix d’un bien est la
quantité d’argent demandée par unité de bien. Si la quantité de monnaie est
constante et que la quantité de biens disponibles augmente, les prix
baissent.
Les prix baissent également
lorsque le taux de croissance de l’offre en biens excède le taux de
croissance de la masse monétaire.
Par exemple, si la masse
monétaire augmente de 5% et si la quantité de biens augmente de 10%, alors
les prix baissent de 5%.
Un déclin des prix ne peut pas
dissimuler le fait que nous ayons ici une inflation de 5% en raison de la
croissance de la masse monétaire.
Le problème est la formation de
capital, pas la hausse des prix
La raison pour laquelle l’inflation
est une mauvaise nouvelle n’est pas qu’elle fasse grimper les prix en tant
que tel, mais les dommages qu’elle inflige au processus de formation de
capital. Voici pourquoi :
Le rôle primaire de la monnaie
est de servir de moyen d’échange. La monnaie nous permet d’échanger quelque
chose que nous avons contre quelque chose que nous voulons posséder.
Avant qu’un échange puisse avoir
lieu, un individu doit disposer de quelque chose d’utile à échanger contre de
la monnaie. Une fois qu’il obtient de la monnaie, il peut échanger cette
dernière contre le bien qu’il désire.
Prenons maintenant la création
de monnaie à partir de rien, qui fait gonfler la masse monétaire.
La monnaie nouvellement créée n’est
pas différente de la monnaie contrefaite. Le contrefacteur échange sa monnaie
contre des biens sans produire quoi que ce soit d’utile.
Il échange rien du tout contre
quelque chose. Il prend aux biens produits sans apporter une quelconque
contribution.
L’effet économique de la monnaie
qui a été créée à partir de rien est exactement le même que celui de la
monnaie contrefaite – l’appauvrissement des créateurs de capital.
La monnaie créée à partir de
rien force le capital réel vers les propriétaires de nouvelle monnaie. Ce qui
affaiblit la capacité des créateurs de capital à générer du capital, et qui
entraîne un affaiblissement de la croissance économique.
Notez qu’en conséquence de la
croissance de la masse monétaire, ce que nous avons ici est une quantité
accrue de monnaie par unité de biens, et donc une hausse des prix.
Ce qui est important n’est pas la
hausse des prix, mais la croissance de la masse monétaire qui génère un échange
de rien du tout contre quelque chose, ou « un effet de contrefaçon ».
L’échange de rien du tout contre
quelque chose, comme nous avons pu le voir, affaiblit le processus de
création de capital. Ainsi, tout ce qui promeut une croissance de la masse
monétaire ne fait qu’aggraver la situation.
Pourquoi une baisse des prix
est une bonne chose
Parce que l’inflation des prix n’en
est qu’un symptôme, empêcher la baisse du taux de croissance de l’IPC au
travers de politiques monétaires laxistes (en générant de l’inflation) est
une mauvaise nouvelle pour la création de capital, et donc pour l’économie.
Afin de pouvoir préserver leur
bien-être économique, les individus doivent acheter des biens et services
dans le présent. De ce point de vue, une baisse des prix ne peut pas être une
mauvaise chose pour l’économie.
En plus de cela, un déclin de la
croissance des prix naît de l’effondrement des bulles en réponse à une
croissance moins importante de la masse monétaire, ce qui devrait être perçu
comme une bonne nouvelle. Moins il y a de bulles, mieux se portent les
créateurs de capital, et donc l’ensemble du capital réel.
De la même manière, si un déclin
du taux de croissance de l’IPC se présente suite à l’expansion du capital
réel, c’est évidemment une bonne nouvelle parce que les gens peuvent
bénéficier de cette expansion du capital.
Nous pouvons en conclure que,
contrairement aux idées reçues, un déclin du taux de croissance des prix est
toujours une bonne nouvelle pour ceux qui génèrent du capital, et donc pour l’économie.