Frank Holmes se joint à
Lawrie Williams, Koos Jansen et bien d’autres pour remettre en question les
chiffres officiels de la demande en or chinoise. Pour lui, la demande réelle
est potentiellement bien plus élevée que les chiffres officiels.
par
Frank Holmes
L’inflation vient de nouveau de
sursauter, pour gagner jusqu’à 2,5% par an au mois de janvier, son niveau le
plus élevé depuis mars 2012. Alimentés par la hausse du prix du carburant,
des loyers et des services de santé, les prix des biens de consommation ont
avancé pour un sixième mois consécutif. En janvier, le taux d’inflation est également
resté supérieur à l’objectif de 2% établi par la Réserve fédérale pour un
deuxième mois consécutif.
Les tarifs aériens sont aussi en
hausse, et puisque nous abordons le sujet, sachez que l’investisseur Warren
Buffett a ajouté à ses actions sur les compagnies aériennes domestiques,
comme nous avons pu l’apprendre la semaine dernière. La société de
portefeuille de Buffett, Berkshire Hathaway, est désormais le deuxième plus
gros propriétaire d’actions American Airlines, avec 8,79% de la compagnie.
Elle a également accru ses parts Delta Airlines de plus de 800%, possède
désormais 43,2 millions d’actions Southwest Airlines, et a ajouté environ 28
millions d’actions à ses investissements sur United Continental.
Une nouvelle hausse des taux d’intérêt
au mois de mars semble aujourd’hui tout sauf évidente. De nombreux économistes
– y compris ceux de chez Goldman Sachs dont j’ai eu le plaisir d’entendre la
présentation cette semaine – s’attendent pourtant à au moins trois hausses de
ce type avant la fin de l’année.
L’or a réagi en conséquence, et
terminé la journée au-dessus de 1.240 dollars pour la première fois depuis le
lendemain des élections de novembre. Voici ci-dessous un graphique du prix de
l’or accompagné des rendements ajustés à l’inflation des bons du Trésor à dix
ans, qui sont désormais en territoire négatif :
La question que j’aimerais poser
est la suivante : pourquoi un investisseur choisirait-il délibérément de
perdre de l’argent ? C’est pourtant précisément ce que certains font aujourd’hui,
le taux d’inflation étant ce qu’il est.
2-ans
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3-ans
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10-ans
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Rendements
des bons du Trésor
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1.22%
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1.95%
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2.45%
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Indice
des prix à la consommation
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2.50%
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2.50%
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2.50%
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Rendements
réels
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-1.28%
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-0.55%
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-0.05%
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Données relevées
le 16 février
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Source:
Réserve fédérale, U.S. Global Investors
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Ces données ont compté parmi les
sujets abordés par l’ancien gouverneur de la Fed, Alan Greenspan, qui a
discuté avec le Conseil mondial de l’or de l’édition d’hiver de Gold
Investor.
« Les hausses
significatives du taux d’inflation finiront ultimement par faire grimper le prix de l'or, nous dit-il. L’investissement sur l’or est aujourd’hui
une forme d’assurance. Il ne sert pas à réaliser des profits à court terme,
mais à se protéger sur le long terme. »
Il a également réitéré son
opinion selon laquelle, comme vous le verrez ci-dessous, l’or est bien plus
qu’un simple métal, et bel et bien une devise :
« Je perçois l’or comme
la devise globale majeure. Il est la seule devise, aux côtés de l’argent, qui
ne nécessite pas la signature d’une contrepartie. Le prix par once de l’or,
en revanche, a toujours été plus élevé que celui de l’argent. Personne ne
refuserait de l’or comme moyen de paiement contre une obligation. Les
instruments du crédit et les devises fiduciaires dépendent de la solvabilité
financière d’une contrepartie. L’or, avec l’argent, et l’une des seules
devises dotées d’une valeur intrinsèque. Il en a toujours été ainsi. Personne
ne remet jamais sa valeur en question. Il a toujours été une marchandise
précieuse, ayant été utilisé pour la première fois en tant que monnaie en
Asie Mineure en 600 avant JC. »
Bien que les indices boursiers
majeurs continuent d’atteindre de nouveaux records face aux espoirs de
réformes fiscales et de plans de relance, il est important de nuancer l’exubérance
avec une touche de prudence. Le marché haussier actuel, qui entre aujourd’hui
dans sa huitième année, fait face à des incertitudes géopolitiques et
macroéconomiques significatives, et le cycle économique actuel pourrait
bientôt toucher à sa fin. Tout cela rend l’or d’autant plus intéressant en
tant qu’investissement. Ces dix dernières années, le métal jaune a présenté
une corrélation inverse avec les actifs à risque tels que les actions et les
obligations à rendements élevés.
Le temps est peut-être venu pour
vous de vous assurer à ce que votre portefeuille soit alloué à l’or à hauteur
du pourcentage recommandé de 10% - soit 5% sur les pièces d'or et
bijoux, et 5% sur des actions aurifères et des fonds mutuels de qualité.
La Chine et l’Inde
seront les maîtres de l’économie globale d’ici à 2050
Le bien-fondé d’un
investissement à long terme sur l’or est rendu plus convainquant encore par
les rapports haussiers publiés la semaine dernière par PricewaterhouseCoopers
(PwC) et Morgan Stanley. La Chine et l’Inde devraient enregistrer d’énormes
gains économiques ces quelques prochaines décennies, ce qui devrait faire
grimper davantage la demande en or, qui est fortement corrélée à la croissance
des revenus discrétionnaires.
La Chine a consommé à elle-seule
approximativement 2.000 tonnes d’or sur l’année 2016, soit environ 60% de l’or
produit sur la période, selon le spécialiste de l’industrie minière, Lawrie
Williams, qui base ses estimations sur les calculs effectués par Koos Jansen,
de chez BullionStar. Ce chiffre de 2.000 tonnes est bien supérieur à celui
rapporté par les analystes et les médias, mais j’ai toujours suspecté la
consommation annuelle de la Chine d’être supérieure aux chiffres « officiels ».
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