Malgré toutes les déclarations
concernant la menace pour la liberté et le gouvernement constitutionnel que
représentent les candidats présidentiels des deux partis majeurs, nous n’entendons
que très peu parler de l’origine de cette menace qu’est l’habitude de longue
date de la classe politique de chercher à élargir le pouvoir présidentiel.
Nous n’entendons aussi que très peu parler de la manière dont la présidence
impériale est moins la création du Congrès que celle de Présidents assoiffés
de pouvoir.
Parce que la guerre est la santé
de l’Etat, il n’est pas surprenant que le pouvoir présidentiel se soit élargi
en parallèle à l’expansion de l’Etat-guerrier. Peut-être le meilleur exemple,
et le plus terrifiant, de la manière dont la sécurité nationale a été
utilisée pour offrir au Président des pouvoirs dictatoriaux est-il le Defense
Production Act.
Cette loi, qui est régulièrement
révisée par une majorité congressionnelle bipartisane, confère au Président d’importants
pouvoirs sur l’économie. Elle l’autorise explicitement à dire aux
manufacturiers ce qu’ils doivent produire, et à imposer des contrôles sur les
salaires et les prix, à gérer les relations du travail, contrôler l’allocation
de ressources naturelles et même allouer du crédit. Tout ce que doit faire un
Président pour jouir de ces pouvoir est déclarer l’état d’urgence.
Le Defense Production Act est
loin d’être le seul exemple de la complicité du Congrès dans la croissance du
pouvoir présidentiel. Par exemple, le Congrès insiste rarement à ce que le Président
fasse une déclaration de guerre officielle avant d’entamer une action militaire.
Lorsque j’ai tenté de forcer le Congrès à voter en faveur d’une déclaration
de guerre contre l’Irak, un membre important du Congrès, qui était considéré
être un expert de la Constitution, m’a expliqué que la nécessité d’une
déclaration de guerre par le Congrès était un anachronisme.
Selon de nombreux conservateurs,
le rôle du Président en tant que commandant en chef lui donne l’autorité d’entreprendre
toute action qu’il juge être nécessaire pour la sécurité nationale. Ce qui
transforme un pouvoir limité destiné à protéger le pouvoir des civils sur le
secteur militaire en une autorisation pour le secteur militaire de contrôler
les civils.
Les Présidents du passé ont
difficilement limité leur abus des politiques étrangères. En effet, de
nombreux conservateurs qui s’opposent aux abus de l’autorité du Président à l’échelle
domestique soutiennent son autorité illimitée pour ce qui relève de la
sécurité nationale. Ces conservateurs ne réalisent pas que des droits illimités
en matière de politique étrangère nous mèneront inévitablement à l’usurpation
du pouvoir du Congrès en matière de politiques domestiques par le Président.
Les Présidents des temps
modernes ont régulièrement recours à des ordres exécutifs pour créer de
nouvelles lois ou réécrire les statuts existants.
Dans son discours sur l’état de
l’Union de 2014, le Président Obama s’est même vanté de son intention de s’armer
de son stylo et de son téléphone pour imposer des ordres exécutifs et des
régulations au Congrès. Certains membres du Congrès critiquent l’usurpation
de l’autorité du Congrès par le Président, mais très peu s’en inquiètent
lorsque l’occupant de la Maison blanche appartient à leur propre parti. Voilà
qui suggère qu’une majorité d’entre eux soient plus intéressés par l’esprit
de parti que par la protection de leur autorité constitutionnelle.
Tant que les gens s’attendront à
voir le Président leur apporter une sécurité économique et personnelle, le
Président représentera une menace pour la liberté. Ainsi, plutôt que de s’inquiéter
de quel démagogue est le moins dangereux, nous devons nous concentrer sur la
défense des idées de la liberté. Ce n’est qu’après qu’une majorité de la
population le demandera que nous pourrons nous en retourner à un gouvernement
constitutionnel. La croissance du mouvement de défense de la liberté me donne
espoir. Un jour, notre paix, notre prospérité et notre liberté cesseront d’être
menacées par les résultats des élections présidentielles.