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Le 8 décembre,
la Mairie de Paris publiait sur son site (et envoyait en même temps aux
agences de presse) le plan d’investissement « Paris
demain » qu’envisage la maire Anne Hidalgo pendant son mandat
2014-2020. La plupart des articles publiés sur ce sujet se sont contentés de
relayer les dépêches préparées par le service de communication de la Mairie,
en soulignant l’ampleur de la somme engagée – 10 milliards (soit un milliard
et demi de plus qu’annoncé pendant la campagne) – en reprenant et détaillant
la liste des postes de dépenses, et tout au plus en mentionnant les critiques
du principal groupe d’opposition au Conseil de paris concernant notamment
l’augmentation de la fiscalité pour les résidents et les touristes dans la
capitale. Plus personne ne semble s’étonner des ambitions entrepreneuriales
d’une institution publique.
Certes, il est
désormais habituel que les élus ayant des responsabilités budgétaires ne se
content plus de gérer les dépenses et de les équilibrer avec les recettes,
mais s’arrogent des compétences entrepreneuriales en levant des fonds et en
proposant de les investir. Le seul détail qui échappe à la plupart des
électeurs, journalistes et analystes politiques, est que les élus ne peuvent
pas être confondus avec des entrepreneurs dans la mesure où ils n’assument
pas de risques. Il y a en effet un abus de langage lorsqu’on parle d’
« investissements de la Mairie de Paris » puisque, dans la mesure
il n’y a pas de risques ni d’échecs possibles, il s’agit tout simplement de
« dépenses » ou encore de la « consommation de
ressources ».
Contrairement
aux véritables entrepreneurs, les élus n’engagent pas leurs propres fonds
mais des recettes budgétaires présentes et surtout futures. Par exemple, en
échange des fonds (environs 3-4 milliards d’euros) que la Mairie de Paris se
propose de lever sur les marchés financiers, les responsables politiques
n’offrent pas en gage leurs propres patrimoines mais uniquement la promesse
que leurs concitoyens vont les rembourser dans le futur, souvent bien après
la fin de leurs mandats.
Alors qu’il ne
doit pas être très difficile de jouer les investisseurs avec les ressources
d’autrui, cela est certainement plus simple encore lorsque la responsabilité
de ces ressources n’est pas assortie à des pénalités de remboursement en cas
d’échec. Ainsi, il est important de noter que même dans le cas des Sociétés à
responsabilité limitée (SARL), la responsabilité s’étend a minima aux
ressources propres engagées par les entrepreneurs. Dans le cas des élus, la
responsabilité s’étend tout au plus à la durée de leur mandat et
éventuellement de leurs mandats futurs, s’ils sont réélus. Cette absence de
responsabilité (connu en économie sous le nom d’ « aléa moral »)
est donc encore plus important pour les élus qu’il ne l’est pour les
entrepreneurs, même lorsqu’il s’agit d’entreprises à responsabilité limitée.
Si l’on parle
des finances publiques et, en particulier, de celles villes, les effets de
l’aléa moral sont clairement visibles. Les déséquilibres budgétaires sont de
plus en plus importants et les dettes
ne cessent de s’accumuler, surtout lorsque dans beaucoup de cas
les emprunts ont été contractés à des taux variables.
Même si, par
rapport aux habitants de Levallois-Perret qui se retrouvent endettés à plus
de 9000 euro par habitant, les Parisiens ne doivent que 2000 euros au nom des
décisions prises par d’anciens responsables politiques de la ville, la
situation financière de la capitale est déjà grevée par une dette de presque 4
milliards d’euro. C’est précisément dans ces conditions que la nouvelle
Maire de Paris prévoit d’ores et déjà, pendant son mandat, de doubler la
dette de ses concitoyens, afin d’augmenter les dépenses (car, comme on l’a
vu, il serait incongru de parler d’investissements).
Afin de montrer
plus en détail comment il est facile d’anticiper que les objectifs déclarés
concernant les retours pécuniaires et sociaux sur ces dépenses ne seront pas
atteints, le prochain billet analysera plus attentivement le poste le plus
important des dépenses (3 milliards) projetées par la Mairie : le
logement.
À suivre
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