L’une des déclarations les plus
ennuyeuses faite par ceux qui ne se concentrent que sur la manipulation du
marché de l’or veut que les preuves de manipulation suffisent à elles-seules
à prouver d’une suppression des prix de long terme. Cette idée est ennuyeuse
non seulement parce qu’elle est erronée, mais parce que beaucoup de gens s’en
laissent convaincre bien qu’elle soit évidemment inexacte.
Les négociants les plus
expérimentés savent que les banques et autres opérateurs tentent
régulièrement d’influencer les prix dans un sens ou dans l’autre sur une
majorité des marchés financiers, afin de favoriser leurs propres résultats.
Il en a toujours été ainsi, et il en sera toujours ainsi. Comme je l’ai déjà
mentionné (ici, ici ou encore ici), à chaque fois que nous entendons parler de banques
accusées de manipuler les prix dans les journaux, il ne s’agit pas vraiment d’une
nouvelle digne de ce nom.
Il arrive que ces manipulations
ne soient pas éthiques, ou pas légales (ce qui est illégal diffère parfois de
ce qui n’est pas éthique), mais une majorité des manipulations auxquelles s’adonnent
les opérateurs des marchés financiers ne sont ni illégales ni non éthiques.
Il arrive bien souvent qu’elles soient des pratiques légitimes.
Du point de vue de ceux qui ne
parlent jamais que de la manipulation de l’or, la grande affaire de ces deux
dernières années a été la preuve que des banques majeures ont enregistré des
profits en manipulant le fixing de Londres. Deutsche Bank a même versé une
amende pour avoir manipulé les prix de l’or et de l’argent au travers du
fixing de l’or de Londres, ce qui a apporté beaucoup d’eau au moulin de la
conspiration.
Si les banques ont effectivement
eu recours au fixing de Londres pour manipuler le prix de l’or, alors cette
manipulation était probablement illégale, et certainement pas éthique. Elle a
évidemment représenté un abus de confiance. En revanche, comme je l’ai dit ici, la manipulation qui a potentiellement eu lieu lors
du fixing de Londres n’aurait pu que très peu affecter les prix, et ce sur de
très brèves périodes. En plus de cela, les effets en auraient été à la fois
haussiers et baissiers.
La « nouvelle » selon
laquelle les banques auraient eu recours au fixing de Londres pour accumuler
des profits illégitimes n’est donc d’aucune importance pour l’argument selon
lequel le marché de l’or serait manipulé depuis de nombreuses années. Et
pourtant, elle a été présentée comme si elle était un véritable canon fumant.
Si le marché de l’or avait
vraiment été le sujet de suppression de prix des années durant, alors ses
performances n’auraient absolument rien à voir avec les marchés financiers
qui y sont liés. Et ce n’est pas le cas. Par exemple, le graphique suivant
présente une relation très proche, au cours de ces trois dernières années,
entre le prix de l’or en dollars et le ratio obligations/dollar (prix des
bons du Trésor divisé par l’indice du dollar) :
Tout ceci étant dit, il est
possible de faire des profits sur les marchés financiers en faisant autre
chose qu’en achetant et possédant de l’or. Ainsi, si vous pensez vraiment qu’un
puissant groupe a les moyens et la volonté de supprimer le prix de l’or,
alors la solution qui s’offre à vous est évidente : n’achetez pas d’or.