Les
élus en charge des budgets ne peuvent pas se vanter d’avoir des velléités
entrepreneuriales (voir ici)
tant qu’ils dépensent l’argent d’autrui, comme le montre le nouveau programme
d’emprunt et de dépenses de la Mairie de Paris. Analysons en détail l’une des
propositions phare de ce projet, qui consiste à acheter des appartements
privés à Paris en vue de les transformer en logement sociaux.
En
s’appuyant sur une proposition faite par l’Atelier
parisien d’urbanisme (APUR), la Mairie de Paris a choisi 257
adresses où elle a, tout simplement, décidé d’exercer son droit de préemption
pour acheter tout appartement susceptible d’être mis en vente.
Cela
signifie concrètement que la Mairie se donne le droit d’acheter n’importe
lequel des appartements dans les immeubles en question, dès lors qu’il le
sera proposé à la vente. Toute la question est évidemment de savoir à quel
prix la Mairie est prête à acheter les appartements dans les immeubles en
question. Trois possibilités s’ouvrent : au même prix, plus cher, ou moins
cher que le prix auquel il aurait été de toute manière vendu.
Même
si cela est très peu probable, cette opération immobilière pourrait être
effectuée au même prix que celui du marché, auquel cas cela ne changera rien
pour le vendeur et pénalisera uniquement l’acheteur malheureux qui se verra
concurrencé par la Mairie de Paris. Il est également possible que cette
opération soit effectuée à un prix plus élevé que celui que le vendeur aurait
pu espérer sur le marché immobilier. Dans ce cas, le vendeur pourrait
s’estimer privilégié (au sens étymologique du terme : privat lex)
car il bénéficierait à titre personnel d’une loi, au détriment des
contribuables et des concurrents.
Le
cas le plus probable, dans cette situation, est cependant que la Mairie de Paris
ait l’intention d’acheter des appartements à des prix inférieurs aux prix de
marché. Dans ce cas, le vendeur ayant la malchance de se retrouver sur cette
liste arbitrairement établie pourrait s’estimer lésé. Il en est ainsi car il
est probablement plus difficile de trouver un acheteur pour un appartement
dans un immeuble préempté par la Mairie de Paris que dans un immeuble qui ne
l’est pas. La simple publication de cette liste a certainement diminué
sensiblement les prix des appartements dans les immeubles en question, car
elle représente un risque de plus. Si un acheteur hésitait entre deux
appartements similaires, dont un se trouve désormais dans l’un de ces
immeubles préemptés par la Mairie, il a maintenant une raison importante pour
ne plus hésiter en faveur de celui qui ne l’est pas.
Dans
tous les cas, puisque la Mairie de Paris est censée acheter et non pas
municipaliser les appartements visés, elle devrait en théorie offrir une
compensation pécuniaire, même inférieure à celle attendue par le vendeur. Or,
le prix du
mètre carré des immeubles mentionnés dans la liste (calculé sur la base des
dernières transactions) est en moyenne de 10 000 euros et varie entre 6 000
et 13 000 euros.
Par
conséquent, l’opération de la Marie peut difficilement se révéler
intéressante sur le plan financier. Reste donc à savoir quel est l’intérêt,
pour la Mairie, d’intervenir sur un marché immobilier déjà très tendu pour
acheter des appartements à des prix élevés.
À suivre
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