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La méfiance envers les banques centrales s’amplifie

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Published : November 28th, 2012
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Pourquoi les Allemands veulent-ils rapatrier leur or ?

Il faut avouer que la monnaie physique a quelque chose de réconfortant.

Par Matthew Lynn
MarketWatch.com
Mercredi 31 octobre 2012

http://www.marketwatch.com/story/why-do-the-germans-want-their-gold-back...

LONDRES – Où l’Allemagne conserve-t-elle ses réserves d’or ?

Cela pourrait sembler être une question idiote. L’or Allemand se trouve probablement au fin fond d’un coffre-fort, quelque part sous la ville de Frankfort, entouré des meilleurs systèmes de sécurité que soit capable de créer le génie Teutonique.

Eh bien, croyez-le ou non, cette réponse n’est pas la bonne.

Une majeure partie de l’or Allemand, représentant la deuxième plus importante réserve d’or de la planète, est stockée à New York, à Londres et à Paris. Et une pétition vient d’être lancée pour appeler à un rapatriement de cet or vers l’Allemagne.

Cela nous indique trois choses à propos du système monétaire global, et aucune d’entre elle n’est rassurante.


Les réserves d’or de l’Allemagne comptent parmi les plus importantes de la planète. Le pays possèderait 3396 tonnes de métal jaune. C’est certes bien moins que les 8133 tonnes des Etats-Unis, mais l’Allemagne est un plus petit pays et sa devise n’a jamais servi de référence internationale. Ses réserves sont également bien plus importantes que les 2451 tonnes des Italiens et les 2435 tonnes des Français.

Une majeure partie de cet or a été accumulée sous le système de Bretton Woods qui a été en vigueur entre la fin de la seconde guerre mondiale et 1971. Les déficits et surplus de balance commerciale étaient équilibrés par les banques centrales grâce à leur or, et puisque la balance commerciale de l’Allemagne était toujours en surplus, le pays a fini par posséder beaucoup de métal.

L’intégralité de son métal ne se trouvait cependant pas forcément à l’intérieur de ses frontières. Une grande partie de son or était en effet stockée à l’étranger, en particulier aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en France. On estime à 66% la part de ses réserves stockées à New York, à 21% la part de ses réserves placée à Londres, et à 8% la part de son or stocké à Paris. L’ancienne Allemagne de l’Ouest était à la frontière de la Guerre Froide, et si les Russes avaient décidé d’envahir, leurs chars auraient immédiatement été lancés vers les coffres-forts Allemands. Il n’y avait donc aucune raison de prendre un tel risque.

La Guerre froide n’étant aujourd’hui rien de plus qu’un souvenir lointain, de nombreux Allemands voudraient que l’or de leur pays leur soit rendu. La récente campagne de rapatriement de l’or Allemand attire de plus en plus d’adhérents. Certains hommes politiques et corps médiatiques ont eux-aussi pris le train en marche.

Au début du mois, la Cour Fédérale des Auditeurs demandait à ce que la Bundesbank organise l’audit de ses réserves d’or placées à l’étranger, et rapatrie 150 tonnes d’or depuis New York au cours de ces trois prochaines années afin d’en contrôler la qualité. Comme toute personne qui a déjà acheté des bijoux en or le saura certainement, il existe de nombreuses manières de contrefaire du métal – un lingot qui brille n’est pas forcément composé que d’or.

Bien qu’il faille avoir une imagination débordante pour penser que les employés de la Réserve fédérale ou de la Banque d’Angleterre aient pu s’infiltrer dans les coffres et remplacer les lingots Allemands avec des lingots achetés sur le souk du Caire, la controverse autour des réserves de l’Allemagne prend aujourd’hui une ampleur telle qu’un audit est plus que nécessaire.

Il n’est pas dans l’habitude de la Bundesbank que de se plier à la pression populaire – elle ne fait pas partie de ce genre d’institution. La semaine dernière, elle a cependant déclaré qu’elle auditerait son or stocké à l’étranger afin de rassurer les citoyens de son pays.

Les avions cargos n’ont pas encore été chargés, mais d’ici ces cinq prochaines années, il sera probablement nécessaire de construire de nouveaux coffres-forts à Frankfort pour y stocker l’or rapatrié de New York et de Londres.

Que nous apprend la campagne de rapatriement de l’or Allemand à propos de l’économie ? Trois choses.

1) La génération actuelle comprend bien mieux que ses parents quels sont ses intérêts nationaux. Durant 50 ans, les Allemands ont cherché à se présenter comme étant des citoyens du monde. Ils ont prouvé de leur mal-être d’après-guerre en s’engageant dans toute organisation internationale qui leur ouvrait ses portes. Aujourd’hui, ils sont heureux d’être des citoyens Allemands et s’allient en fonction de leurs propres intérêts.

2) La confiance portée aux institutions financières ne cesse de diminuer. Les banques centrales ont développé un système de débits et de crédits parce qu’il est bien plus simple de déplacer de l’or sur des registres que par camion. Il faut dire qu’il n’existe pas beaucoup de cibles plus tentantes pour les voleurs que des camions remplis de lingots d’or.

Il a donc longtemps été préférable de conserver l’or de l’Allemagne à l’étranger. Mais aujourd’hui, les citoyens ne croient plus en cet ancien système. Ils ne se contentent plus d’actifs inscrits sur des bilans papier, ils veulent quelque chose de concret qu’ils puissent voir et toucher. C’est vrai pour les réserves d’or, mais également pour de nombreux autres actifs.

3) Plus important encore, plus les mois passent, et plus le sentiment Allemand envers la devise unique devient dédaigneux. Après tout, à quoi sert l’or stocké au fond des coffres des banques centrales ? A mettre en place une nouvelle devise, bien sûr. Et à rien d’autre !

Il n’existe rien d’autre qui puisse être fait avec cet or. Dans les circonstances les plus extrêmes, si l’euro venait à s’effondrer et que de nouvelles devises nationales devaient être mises en place en l’espace d’une nuit, la seule chose qu’observeraient les marchés pour évaluer les nouvelles devises serait les réserves d’or qui les soutiennent. Et cet or aurait une valeur bien plus importante s’il était stocké au sein des frontières de son pays plutôt qu’à l’étranger.

La campagne de rapatriement de l’or Allemand n’est autre qu’une campagne de rapatriement de la seule monnaie en laquelle ont confiance les gens. L’établissement politique ne semble pas encore avoir compris cela, mais l’opinion publique pense que l’euro n’est qu’une arnaque et attend avec impatience de pouvoir se débarrasser de sa responsabilité que sont les plans de sauvetage de ses voisins.

Et cette situation ne concerne pas uniquement l’Allemagne. Une méfiance envers les banques centrales se développe dans de nombreux pays. Nombreux seront les acteurs qui feront entendre leur voix sur le long chemin vers un retour à un système de devises soutenues par l’or – et la campagne Allemande n’en est que le commencement.


Matthew Lynn est un journaliste financier basé à Londres. Il est l’auteur de ‘Bust : Greece, the Euro and the Sovereign Debt Crisis’, et écrit également des romans à suspense sous le nom de Matt Lynn.

 

 

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