Une monnaie
stable est une monnaie dont la valeur
ne change pas. En termes pratiques, une monnaie stable, ou aussi stable
que possible, a toujours pu être obtenue au travers de l’arrimage de la
valeur d’une devise à l'or
et l'argent puis, à la fin du XIXe siècle, à l’or. C’est ainsi qu’ont
fonctionné les devises pendant plus de 5.000 ans, à compter de 3200 avant JC
et jusqu’en 1971. Il n’a jamais existé de monnaie stable sans étalon or.
Et il y a toujours eu des défenseurs des devises
fiduciaires. Le philosophe Platon, dans ses Lois (360 avant JC), a
suggéré la mise en place d’une devise fiduciaire contrôlée par le
gouvernement, et composée de fer.
La propriété d’or et d’argent aurait ainsi pu être rendue illégale, et les
taux de change avec les pièces d’or et d’argent des autres Etats grecs
déterminés par décret.
« Instabilité des monnaies » et « chaos
monétaire » ont toujours été des termes tabous. Depuis plus de cent ans,
les promoteurs de la monnaie fiduciaire nous vendent leurs idées en les
présentant comme des sources de stabilité. C’est encore le cas aujourd’hui.
Mais ne vous laissez pas tromper.
L’une des premières versions a été le dollar
compensé d'Irving Fischer (1913), dont les précurseurs remontent au moins
jusqu’à William
Stanley Jevons (années 1870).
Fischer voulait rendre le dollar plus « stable »
en modifiant de temps à autres sa valeur contre l’or en fonction des prix des
matières premières. En pratique, ces modifications n’auraient pu se faire qu’à
la baisse, au travers de dévaluations. Personne n’aurait jamais voulu
réévaluer la devise à la hausse, peu importe les prix des matières premières.
Cet argument était l’idée centrale derrière la dévaluation de 1933, date à
laquelle la valeur du dollar est passée de 20,67 à 35 dollars par once d’or.
Lorsque les prix des matières premières ont flambé dans les années 1940 et
50, personne n’a suggéré de faire repasser la valeur du dollar de 35 à 20,67
dollars l’once. Parce que les prix des matières premières ont tendance à être
sensibles à l’économie, tout n’était question que de dévaluer en période de
récession, ou en période de faiblesse des prix des matières premières même en
l’absence de récession. Les producteurs de matières premières représentaient
à l’époque un énorme soutien politique.
Le terme « stabilité domestique » est devenu très
populaire parmi les Keynésiens à compter des années 1930. Il signifiait en
fait manipulation de la devise et des taux d’intérêt en tant que gestion
macroéconomique. « Nous ne sacrifierons pas la stabilité domestique pour
l’étalon or » signifiait en fait « Nous ferons disparaître l’étalon
or et mettrons en place des devises flottantes afin de pouvoir continuer
notre manipulation monétaire ». Les arguments tels que celui-ci ont mené
à la dissolution de l’étalon or en 1971.
Il y avait aussi la stabilité monétaire des monétaristes,
adeptes de Milton Friedman, qui a écrit un livre intitulé A
Program for Monetary Stability en 1960. La stabilité de Friedman prend la
forme d’un taux de croissance monétaire stable, qu’il s’agisse de la base monétaire
ou encore du crédit, comme M2. Tenter de stabiliser l’un de ces facteurs
implique une devise flottante, ce qui est la raison pour laquelle Friedman a
toujours défendu cette forme de devise.
En d’autres termes, stabilité monétaire signifie pour
Friedman devises fiduciaires flottantes. En 1965, il a écrit ceci
:
De la manière
dont je vois les choses, il n’existe que trois critères de contrôle de la
masse monétaire.
Le premier
est un critère automatique qui nous est fourni par un étalon lié aux matières
premières, un étalon or au sein duquel nous ne pouvons pas gérer le système,
et dans lequel la quantité de monnaie au sein du système est déterminée
entièrement par les affaires externes. Je suis d’avis qu’un tel système n’est
ni désirable ni faisable pour les Etats-Unis d’aujourd’hui. Nous ne tentons
pas aujourd’hui de répondre à cette discipline, nous ne souhaitons pas
subordonner la stabilité domestique aux nécessités de l’équilibre externe des
paiements.
Laissez-moi
clarifier ce dernier point. Personne ne souhaiterait jamais sacrifier la
stabilité domestique en le nom de la balance des paiements. Et pourtant, c’est
ce que font nos politiques actuelles.
Ce qu’il voulait
dire par là, c’était simplement qu’il était indésirable de préserver l’étalon
or. A ses yeux, bien entendu.
Il mentionne
aussi la stabilité des prix, qui signifie donc une devise flottante avec un
vague objectif en termes d’indice des prix à la consommation.
Nous avons aussi
aujourd’hui la très populaire stabilité macroéconomique, un terme qu’utilisent
beaucoup les monétaristes de troisième génération, les fans des objectifs de
PIB nominaux. Une croissance stable du PIB nominal peut sembler intéressante,
mais elle ne pourrait être obtenue qu’au travers de modifications
de la valeur de la devise. Certains ont même récemment tenté d’adapter
cette notion aux idées de l'étalon or et d'un système bancaire libre.
Qu’est-ce que
toutes ces idées ont en commun ? Elles sont toutes des excuses pour des
dévaluations périodiques et des régimes fiduciaires flottants. Aucune d’elle
ne tente même de faire ce que fait un étalon or – assurer la stabilité de la
valeur d’une devise. Au final, tout n’est question que d’astuces rhétoriques
ou, pour reprendre un terme un peu plus honnête, de propagande.
Toutes n’ont que
pour objectif de vous faire croire que la folie monétaire actuelle est
normale et nécessaire. L’étalon or – le système monétaire qui était la norme
pendant plus de 500 dans le monde occidental avant 1971, la fondation de la
révolution industrielle et du règne des empires européens sur le monde jusqu’en
1914 – est soi-disant une absurde superstition.
Et si nous
entendons encore ces arguments de stabilité aujourd’hui, c’est parce que tout
le monde sait qu’il n’y a qu’une monnaie stable qui puisse
fonctionner. Ne vous laissez pas distraire. La monnaie stable, c’est l’or.
|