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La
monnaie a été une innovation économique majeure dont la perpétuité est
difficile à mettre en doute aujourd'hui, même sous la façon dénaturée, en partie
à cause des réglementations, où nous la connaissons.
Ses premières formes (en marchandises animées ou inanimées), où les hommes de
l'Etat n'existaient pas, ont vraisemblablement contribué à cacher longtemps
le fond perpétuel.
Le fond est de permettre à qui que ce soit, à la personne juridique physique,
d'offrir des choses, des marchandises qu'elle possède en propriété (à
commencer par son travail), de les céder pour acquérir en échange, pour
demander en échange des marchandises qu'elle préfère.
Et tout cela n'a que faire de la "rationalité" si chère à beaucoup
de savants économistes, seulement de la préférence de chacune des personnes
juridiques physiques pour des marchandises qui va de pair avec l'équilibre
économique.
1. La
diminution du coût de l'échange.
Si l'échange entre offre et demande de marchandises de la personne juridique
physique peut être direct, la monnaie n'a pas de raison d'être, elle n'a pas
à intervenir.
Si, au contraire, l'échange ne peut pas être mené à bien, c'est qu'il y a un
"coût" que les personnes juridiques physiques devraient nommer
ainsi et donnent à ce qu'elles voudraient faire.
Le "coût", notion de théorie économique (cf. Marget, 1935 ou Buchanan, 1969),
recouvre malheureusement, à la place, des mots de rhétorique "au mauvais
sens du mot" comme incapacités juridiques, techniques ou économiques de
chaque personne juridique physique (sigle P.J.P.) pour échanger une
marchandise contre une autre.
Ces mots détournent l'attention et conduisent au désert ou au chaos théorique.
Bref, économiquement, ce qu'on dénomme "monnaie" aujourd'hui (sigle
"C.Q.D.M.A.") contribue à diminuer le coût de l'échange propre à
chaque P.J.P., que celle-ci évalue à sa façon.
2.
L'échange comparatif.
Comparé à l'échange direct impossible et par conséquent jugé trop
coûteux, le principe de l'échange indirect, avec monnaie, moins coûteux,
conduit à divers résultats:
- à des échanges aboutis de marchandises,
- à des prix en monnaie des marchandises,
- à des quantités de monnaie unitaires convenues,
- à une quantité de monnaie totale,
- à des gains des échangistes,
- à des calculs économiques et
- à une possibilité de comptabilité pour enregistrer les échanges
effectués (à partir de l'unité de la quantité de monnaie prise pour
unité de compte).
Pour autant, des échanges avec monnaie n'aboutissent pas, eux aussi, car ils
restent "trop coûteux", mais ils sont moins nombreux que dans le
cas du principe de l'échange direct.
L'équilibre économique qui en résulte n'est donc pas aussi large qu'il
pourrait être.
On ne peut que le regretter.
On peut d'autant plus le regretter que des savants économistes prennent ce
cas particulier comme cas général et comme cheval de bataille politique.
Ils ne s'interrogent pas sur le coût de l'échange trop élevé malgré la
monnaie qui interdit l'échange, ils l'ignorent, mais sur d'autres
considérations et en font leur fonds de commerce.
Le cas échéant, ils persistent, ils y voient une contrainte de l'acte
d'échange de vous ou moi et, plus généralement, une contrainte de
l'économie/catallaxie qu'ils vont se charger de "desserrer"...
Ils oublient, ou font comme si, la cause de l'acte d'échange, n'était pas
vous, n'était pas moi, n'étaient pas nos préférences pour les marchandises et
les coûts qu'on donne à l'échange, mais était C.Q.D.M.A.
Economiquement, C.Q.D.M.A. contribue seulement à diminuer les coûts des actes
d'échange que nous voulons mener entre offre et demande de marchandises.
Depuis que la monnaie existe, change de mains,
- depuis que les quantités de marchandises s'échangent contre des quantités
de monnaie,
- depuis qu'il y a des prix en monnaie des marchandises conclus, des
quantités de monnaie unitaires convenues,
- depuis que des savants économistes ont introduit la notion de "pouvoir
d'achat de la monnaie" en relation avec les échanges passés des
personnes juridiques physiques et l'ont rendu "prospectif" (cf. texte
d'octobre 2014),
- depuis qu'il y a des comptabilités qui enregistrent les marchandises
échangées et les quantités de monnaie y afférant,
- depuis que des savants économistes aiment l'"équation des
échanges" d'Irving Fisher (1911) et n'hésitent pas à la prendre pour une
causalité,
monnaie, quantité de monnaie unitaire ou en circulation (totale) et
pouvoir d'achat de la monnaie renvoient les uns aux autres.
Et tout cela n'explique rien malgré les artifices de présentation proposés,
surtout pas les réglementations de toute nature.
3. D'où
vient C.Q.D.M.A.?
Plaçons-nous dans le cas de la France.
3.a. Le
monopole de l'émission des billets.
La doxa officielle du moment vous dira que C.Q.D.M.A. résulte de
l'action de la "banque centrale".
Soit.
Mais la banque centrale est un artefact qui n'a pas d'antériorité sur la
monnaie.
Ce sont les hommes de l'Etat qui, dans un passé récent (à l'échelle de
l'histoire monétaire, cf. banque de France), constatant l'innovation mise au point
par les banquiers, ont cherché à conserver le privilège qu'ils s'étaient
donnés des siècles plus tôt, en se donnant le monopole des pièces de monnaie
(en cuivre, en argent, en or, etc.).
Ils ont alors donné, à une banque - dite "centrale" - à la fois un
privilège analogue de monopole d'émission des billets (type de
"substituts de monnaie bancaires") et la surveillance des autres
banques dites "de second rang".
3.b.
Le monopole des pièces de monnaie.
Quant à ce monopole des pièces de monnaie dont, par exemple, en France, se
flatte le président de l'organisme dénommé "Monnaie de Paris" dans
ses rapports ou son site -- http://www.monnaiedeparis.fr/entreprise;pgid=...wNuC1Fw2Z1kiS2g --,
il est lui-même un artefact qui n'a pas d'antériorité sur la monnaie.
3.c.
Remarques.
Ce cas de la "Monnaie de Paris" mérite deux grandes remarques.
i) La
dénaturation.
Il est question de l'an 864 alors que la monnaie avait vu le jour bien avant,
des siècles auparavant.
Fondée en 864, la Monnaie de Paris est la plus vieille entreprise du monde,
peut-on lire sur le site.
Elle assure la mission de service public de frappe des euros courant pour la
France et d’autres devises étrangères.
Elle cultive depuis treize siècles une haute tradition dans les métiers
d’arts liés au métal et est à ce titre membre du Comité Colbert, qui regroupe
les entreprises françaises du luxe.
Fondée au IXème siècle par Charles II le Chauve, elle traverse toutes les
périodes de l’Histoire de France en frappant les monnaies et médailles et en
réalisant les décorations officielles des différents régimes du pays.
Charles II le Chauve, petit-fils de Charlemagne, pose les bases de la Monnaie
de Paris dans target="_blank" l'Édit de Pîtres (25 juin 864).
Il y prévoit notamment de centraliser la production des monnaies au Palais et
de mettre en place de moyens de lutte contre les faux monnayeurs : deux
articulations fondamentales, qui structurent aujourd’hui encore l’activité de
la Monnaie de Paris.
L’organisation des fabrications évolue au fil des besoins et des règnes.
Cependant, une structure stable prévaut sur une période allant du Bas Moyen
Âge jusqu’à l’ère industrielle.
De 1358 à 1879, la Monnaie de Paris est en effet une administration : dotée
d’un pouvoir de juridiction et de réglementation en matière monétaire, elle
place ses ateliers sous le contrôle direct de l’Etat.
Si la Révolution la rattache au Ministère des Finances en 1796 (lois des 22
et 23 vendémiaire an IV), les lois des 31 juillet et 20 novembre 1879 la
remettent entre les mains directes de l’État, sous le nom
d’"Administration des Monnaies et Médailles".
En 2007, la "Monnaie de Paris" devient un "Etablissement
Public à caractère Industriel et Commercial" (sigle
"E.P.I.C.").
Ce statut lui permet de mener une politique commerciale et de développement
de nature entrepreneuriale.
L’activité de frappe de la Monnaie de Paris reste cependant encadrée par
l’Etat : chaque frappe de monnaie à valeur faciale fait ainsi l’objet d’un
arrêté préalable du Ministre en charge des finances.
ii) La
spoliation oubliée.
Comment peut-on se flatter de ce monopole des pièces de monnaie, sans
employer l'expression, alors qu'il n'a fait que spolier les personnes
juridiques physiques et détruire leur patrimoine par l'intermédiaire de
l'Etat? (cf. ce target="_blank" texte
de novembre 2010)
Pourquoi ne pas préciser qu'aux dates citées, l'unité de la pièce
de monnaie de la France était de 500 g d'argent alors qu'en 1793, elle
n'est plus égale que de 5g du même métal? (cf. ce target="_blank" texte de juillet 2009)
Pourquoi ne pas ajouter qu'en termes d'or, l'unité de monnaie de la France
passe de 322 mg d'or en 1726 à 1,6 mg d'or en 1969?
Soit dit en passant, 322 milligrammes d'or et 5 grammes d'argent étaient
égaux au XIXème siècle.
Tous ces éléments sont à la fois terrifiants et malfaisants, en particulier,
à cause de l'inculture monétaire dont ils sont la preuve (cf. ce target="_blank" texte
de août 2013).
4. La
quantité de C.Q.D.M.A.
La quantité de C.Q.D.M.A. peut être comptabilisée, grâce aux échanges
effectués, par des instances qui lui donnent un chiffre de quantité.
Plusieurs quantités sont employées ici ou là target="_blank"(Mo, M1, M2, etc.).
Soit dit en passant, dans le cas de la France, il est extravagant d'entendre
les autorités officielles parler de "masse monétaire" ou
d'"argent" pour désigner la quantité de C.Q.D.M.A.
"Masse" n'est jamais qu'un mot des sciences physiques à distinguer
du mot "poids", sans relation avec l'économie politique et la
quantité de quelque marchandise que ce soit.
C.Q.D.M.A. ne fait plus intervenir l'"argent" comme cela a été le
cas jusqu'au début du XXè siècle, en France et ailleurs, et pourtant il est
ordinaire, en France, de parler d'"argent" et non pas de
"monnaie réglementée"...
5. La
rareté de C.Q.D.M.A.
Si tant est qu'on accepte de parler de "rareté" des marchandises
- ce qui est critiquable -, C.Q.D.M.A. dans l'état où il se trouve, qui
n'est pas une marchandise, n'est ni rare, ni abondant.
Ces qualificatifs de la rhétorique "au mauvais sens du mot" ne sont
pas appropriés pour cerner C.Q.D.M.A., surtout dans la situation réglementée
où il se trouve.
6.
L'absurdité du "quantitative easing".
A fortiori,
dans la foulée, vouloir faire varier la quantité de C.Q.D.M.A., par exemple
l'augmenter pour accroître production et revenu (le fameux "quantitative
easing", cf. ce target="_blank" texte
d'octobre 2012), tient de l'absurdité.
Malgré l'étau des réglementations dont il est victime, C.Q.D.M.A. n'a rien à
voir avec la production des marchandises et le revenu en monnaie, notions de
comptabilité nationale, ou avec l'emploi, notion théorique qui se cache
derrière ces notions comptables.
Economiquement, la production de marchandises résulte des patrimoines des
P.J.P. et non pas de l'Etat qui leur en prend une bonne partie, sans
échange, par la violence.
Le revenu en monnaie résulte de la production ainsi amputée de la partie
prise par l'Etat et restituée, à sa guise (en totalité ou en partie), par ce
dernier.
Malheureusement, de façons variées et sans raison économique néanmoins,
beaucoup d'économistes considèrent qu'une augmentation de la quantité de
C.Q.D.M.A. augmentera la production de marchandises et le revenu en
monnaie... et diminuera l'emploi (contrairement à ce qu'expliquait, par
exemple target="_blank" Murray Rothbard en 1962).
7. Un
dernier mot.
Seule chose certaine valable pour tous les pays ayant, chacun, une
banque centrale: l'augmentation de C.Q.D.M.A. ne peut que provoquer une
inflation, voire une hyperinflation, pour autant que celle-ci n'est pas déjà
dans les tuyaux (cf. target="_blank" effet Cantillon ).
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