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Mario
Draghi de la Banque Centrale Européenne est intervenu jeudi pour défendre l'euro,
après que les rendements obligataires de l'État espagnol aient nettement
dépassé les 7% . Et quand la ville de Valence a demandé
au gouvernement central un renflouement, indiquant que d'autres villes et
régions ont les problèmes semblables, il est apparu clairement
que l'Espagne est dans une situation extrêmement difficile. Nous avions
auparavant le concept du « Too big to fail », « trop
gros pour qu’on laisse faire faillite ». Nous avons désormais le « too
big to save », trop gros pour etre sauvé.
Nous
parlons normalement de l'Espagne et également de l'Italie en termes de
dette de gouvernement et de déficits budgétaires, oubliant qu’il
ne s’agit là que d’une partie du problème. À
ces derniers doivent être ajoutés les dettes et déficits
régionaux, locaux et ceux des administrations locales, ainsi que ceux
des industries nationalisées et subventionnées, auxquels se
surajoutent les garanties financières et autres cautions de tous
autres pour d’autres entités. Oubliez, pour le moment, les
futurs coûts de santé et d'assistance sociale, qui rapetissent
statistiquement tout : ils ne sont pas le problème immédiat.
Ceci nous laisse toujours avec des besoins de financement, sans même considérer ceux
des banques commerciales, représentant entre deux et quatre fois le
montant de la dette publique. Les
gens pensent que l'Espagne peut être sauvée, mais quand vous
prenez en considération tout, y compris la perspective d'une
récession causée par la politique des erreurs
macro-économiques, c’est tout simplement impossible.
Le refus
de faire face à la réalité financière est
essentiellement politique. Mariano Rajoy, qui dirige le gouvernement
espagnol, a été
élu avec une majorité absolue en novembre dernier, et n'a pas
taillé dans les dépenses. Au lieu de réduire la charge
du secteur public sur l'économie, il a choisi de pénaliser le
secteur privé productif par des impôts supplémentaires. S’il
y avait bien quelqu’un qui avait une occasion de faire face
jusqu'à la réalité avec un mandat électoral
c'était Rajoy, mais il n'a pas fait soit parce qu'il l'a
considéré politiquement impossible soit parce qu'il est
simplement trop faible.
Peut-être
est-ce la réalité politique de nos jours, puisque ceci est l’écho
de ce qui se passe dans tous les autres pays touchés par la crise.
L'électorat français a refusé toute logique en un
président socialiste avec le mandat d’augmenter
simultanément les dépenses publiques et les impôts. Le
résultat est que l'Europe fera face à l'effondrement
économique plus rapidement que cela aurait pu se passer, en tentant de
faire porter la charge de
financer les pays insolvables par l’Allemagne.
L'Allemagne
devient politiquement isolée, et ce n’est pas la
chancelière Merkel qui sera capable d’affirmer que tout finira
bien. Au contraire, l'Allemagne fait face à des factures
insurmontables et paralysantes, qui commencent à être reconnues
comme telles par les agences de rating. Dans un récent podcast, Philippe Bagus a estimé que le
coût total pour l’Allemagne pourrait être de quatre
années de recettes fiscales, ce qui implique de mettre en place une taxe
de 100% sur le revenu. Il est
impossible de faire passer de telles mesures devant un électorat.
Bagus
ne voit donc aucune alternative à l’impression de papier
monnaie, et c’est effectivement ce que Draghi indique qu’il est désormais
prêt à faire. Mais à la différence d'autres
monnaies fiduciaires, l'euro n'a aucun gouvernement pour le soutenir. En conséquence la
relance à grande échelle de la planche à billets par Draghi
pourrait être catastrophique pour l’Euro, et il faut
désormais envisager que l’euro puisse se déprécier
de plus en plus rapidement.
Un
échec de l’euro serait un évènement rare et
spectaculaire. Nous n'avons en
effet pas vu un effondrement
important d’une monnaie fiduciaire majeure depuis des décennies,
quoiqu’il y en ait encore en Allemagne qui se rappellent de la misère
qu’un tel désastre engendre. Il faut désormais envisager
que l’euro puisse se déprécier de plus en plus
rapidement.
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